61. (Arrêter de sur)vivre.

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MORGANEJuillet 2017, Mykonos

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MORGANE
Juillet 2017, Mykonos

Essayez de priver un crocodile de sa nourriture et il viendra la chasser tout seul, sans vous épargnez comme il aurait pu le faire auparavant. Je m'étais toujours dit que les humains, malgré toute leur civilité, n'étaient qu'à un pas des prédateurs les plus redoutables... Hier soir, j'avais obtenu confirmation de mes propres yeux.

Alors que nous étions de sortie avec Antoine, nous avions vu le bonheur de notre soirée exploser en mille morceaux. Après 12 jours plus que parfaits, Satan avait repris ses droits et nous avait envoyé la serveuse du restaurant menacer mon copain s'il n'acceptait pas une nuit d'hôtel avec elle.

J'avais écarquillé les yeux d'effroi, mais Antoine lui, était resté impassible. Il s'était ensuite levé pour me venir en aide. Une fois ma main dans la sienne, nous avions pris la fuite et il avait jeté l'addition du repas violemment sur le comptoir.

Sauf que ça ne s'était pas arrêté là : la panique avait prit le dessus et, dans une crise incontrôlée, mon lobe frontal avait cessé de fonctionner, laissant une dispute éclater au sein de notre couple.

Du peu que je me souvienne, mes larmes salées avaient submergé mes paroles amers. Ce que j'avais tu pendant des mois – mes peurs, mes traumatismes, le noueux dans mon estomac à l'idée qu'il croise d'autres prunelles ; plus attirantes, plus séduisantes, mieux que moi – était sorti de l'ombre, et je me souvenais du regard que m'avait lancé mon footballeur. Dès que je fermais les yeux, des flashs de ce blanc précédent son départ précipité de la chambre me revenaient en tête.

Seule dans le noir de la nuit, un flot de larmes avait inondé mes joues, puis il était rentré. Je me rappelais aussi de sa paume froide attrapant la mienne, à l'extrême opposé de ma température à moi. « J'ai prévenu ma soeur et mon équipe, mon amour. Tu peux dormir tranquillement. » étaient les seuls mots dont je me souvenais avant de sombrer dans le sommeil en m'en voulant de nous laisser nous endormir fâchés, pour la première fois depuis le début.

— Je vous ressers quelque chose ?

Je relevai les yeux, jusqu'à maintenant plongée vers le bar en bois traité, où je ressassais en boucle les événements de la veille. En voyant le barmaid qui avait concocté les deux cocktails que j'avais bus, mes lèvres se retroussèrent et je secouai la tête négativement.

— Non merci, rétorquai-je en anglais, comme lui plus tôt. Je vais rentrer.

Je retombai sur mes pieds aussitôt et une fois la fente de ma robe de plage remise en place, je quittai le bar de l'hôtel où nous séjournions avec mon Colchoneros.

J'esquissai un faible sourire lorsque je pris un instant pour détailler les environs. Je ne savais pas combien Antoine avait déboursé pour ce voyage – et je ne voulais pas savoir – mais c'était carrément fou, presque surréaliste.

Hotline BlingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant