23. ¡Aúpa Atléti!

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MORGANE
↬ Madrid


» 1e novembre 2016...

La dernière nuit que j'avais passée avait été des plus merdiques. Ni plus, ni moins. Et si j'essayais depuis mon réveil ce matin de me convaincre le contraire, je savais exactement ce qui se passait : le mois de novembre avait pointé le bout de son nez.

D'ici quelques jours, j'allais passer le cap de ma vingtième année de vie. Pour certains, ça sera jour de fête ; mais pour moi, ça serait un jour maudit. S'il n'avait pas perdu la vie, on aurait pu passer la journée ensemble pour rattraper celle de l'an passé. Si ces meurtriers n'avaient pas choisi ce vendredi-là pour ôter la vie de centaines d'innocents, il aurait eu vingt-deux ans dans douze jours.

J'avais fait de nombreux cauchemars tout au long de la nuit avec seulement un médicament pour dormir (à prendre au cas où seulement) pour m'assommer entre deux réveils en transe. Plus on se rapprochait de la date anniversaire - pour le coup, c'était le cas de le dire ! - et plus mes mauvais rêves étaient violents...puis si réaliste, aussi.

Je m'étais revue quelques jours après le drame, toute seule à la morgue pour remplir de l'administratif à la place de ma mère qui était bien trop faible pour subir cette épreuve. Mentalement, je ne l'étais pas plus qu'elle, mais elle continuait sa chimiothérapie pour garder espoir d'éradiquer son cancer alors son système immunitaire prenait un coup à chaque nouvelle injection dans son Port-à-Cath.

Je me rappelais encore chacune de mes larmes qui avaient coulé suite à son décès, de chacune de mes respiration qui brûlaient mes poumons, des couloirs des différentes gendarmeries et autres bâtiments en rapport avec la justice de Paris que j'avais traversés sans trop réellement comprendre ce que je foutais là. Tout ça parce que je n'avais pas encore réalisé ce qui s'était passé : qu'Alex était bel et bien mort...et que ces terroristes avaient réussi leur coup puisque je vivais dorénavant dans la terreur à chaque seconde passée dehors depuis presque un an.

J'avais tremblé ce jour-là, quand j'avais du rendre le certificat de décès trempé de mes larmes aux personnes chargées de noter que mon frère avait perdu la vie seulement quarante heures plus tôt. Après ça, j'étais retournée sur Lyon pour passer du temps avec ma mère et surtout incapable de rester toute seule dans le quinzième arrondissement alors que les alentours devaient encore sentir la peur, le sang et la mort.

Sans compter ses obsèques que j'avais ratées par manque de courage au dernier moment - et j'étais certaine que je le regretterais toute ma vie - ainsi que sa mort à laquelle je n'avais pas directement assisté, je revivais cette semaine-là en boucle : quand j'avais appris la nouvelle au stade, les gendarmes qui nous avait annoncé pour Alex qui nous avaient ramenées ma mère et moi jusqu'à mon appartement, la déclaration de décès le sur-lendemain et finalement, le jour où un des trois visages des meurtriers présents au Bataclan avait été dévoilé.

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