43. La douzième joueuse.

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ANTOINEFévrier 2017, Madrid

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ANTOINE
Février 2017, Madrid

L'attitude de Morgane avait changé. Entre le moment où je l'avais revue plus tôt que je ne l'avais imaginé et celui où elle s'était réveillée de notre sieste improvisée sur le canapé, son moral semblait être passé d'un extrême à l'autre.

Pour ne pas la brusquer, je n'avais rien dit. Mais au fin fond de mes pensées, tout se mélangeait.

L'eau chaude cognait mes épaules, mes muscles tendus et emmêlés ne voulaient pas se détendre tandis que l'image de ma copine tremblante sur mon torse refusait de quitter mon esprit.

Nous étions sensés dormir tranquillement, mais elle avait avait un cauchemar. Encore un.

Je serrai la mâchoire en pensant à toutes ces personnes qui avaient traumatisé mon rayon de soleil pour que dalle. Pour s'amuser, pour paraître cool, pour suivre le mouvement, ou parce qu'ils n'aimaient pas les énergies qu'elle dégageait. Je n'avais aucune idée de pourquoi des gens l'avaient harcelée : l'excuse de la peur de son père n'était qu'un prétexte à la con. Je restais néanmoins certain que le jour où je connaîtrais leurs prénoms, ils seraient gravés au fer rouge sur la liste des humains que je haïrais au plus haut point.

Une fois l'amas de mousse sur mes cheveux et mon corps rincé par la cascade d'eau déversée par ma douche, je tâtonnai le mur derrière moi pour trouver le mitigeur. Bingo, le jet s'arrêta et je sortis, m'enroulant rapidement d'une serviette.

Je me cognai à trois reprise avant d'arriver devant le miroir. Pour des raisons évidentes, je n'avais à aucun moment envisagé de partager ma douche avec Morgane, afin de lui laisser son intimité. Je m'étais résigné sans broncher à lui laisser la salle de bain adjacente à ma chambre : beaucoup plus spacieuse, avec une douche d'environ trois mètres carrés.

Une vingtaine de minutes plus tard, je redescendis dans le salon en attendant que ma petite-amie finisse à son tour.

Posé dans mon canapé, une manette de Play sur mes cuisses, je fixai mon téléphone tandis que FIFA chargea, lentement mais sûrement.

Après-demain, ce serait jour de match. Et comme à chaque fois que je commandais à manger au lieu de cuisiner, je marquais, j'avais décidé d'essayer de faire plaisir à Momo en faisant livrer à la maison - à croire que ma cuisine était si médiocre que le karma me punissait sur la pelouse. Avec un peu de chance, elle kifferait, et je marquerais contre Celta Vigo.

Ça, et le fait que nos vies professionnelles et étudiantes allaient nous faire rater notre première soirée de Saint-Valentin. Elle rentrerait le quatorze quasiment à l'aube et que j'en voulais à mort à nos quotidiens respectifs de ne pas pouvoir passer ce jour à ses côtés. Oui, pas de doute, j'allais improviser un truc avec les moyens du bord.

Je grimaçai devant mon écran en tentant de choisir la meilleure option pour elle. Je n'en avais aucune idée. On avait beau s'aimer suffisamment que pour entretenir en relation, il y avait un tas de chose que je ne connaissais pas chez elle : à commencer par le plat qu'elle pourrait commander les yeux fermés, par exemple.

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