58. Remonter pour mieux plonger, 𝘴𝘪𝘹𝘪𝘦̀𝘮𝘦 𝘧𝘭𝘢𝘴𝘩𝘣𝘢𝘤𝘬

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MORGANEMai 2015, Paris

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MORGANE
Mai 2015, Paris

Je n'avais jamais été aussi heureuse dans ma vie avant de m'installer à Paris. Bientôt un an était passé depuis ce jour, et pas un instant je ne l'avais regretté.

Tout allait comme sur des roulettes : ma première année se terminerait fin du mois et j'avais brillé au contrôle continu ; utilisé comme seul garant de réussite en classe préparatoire. Je voyais mon frère et ma mère au moins deux week-ends par mois, et surtout, je vivais désormais dans la même ville qu'Ava ! Cela faisait maintenant cinq ans que nous étions inséparables, malgré la distance.

Cinq ans aussi qu'elle était dans une relation plus que sérieuse avec son copain, récemment - quelques semaines avant moi - venu de son pays d'origine pour s'installer avec elle, mais seulement cinq mois qu'elle insistait corps et âme pour que je confie ma peau au dermographe de son cher et tendre.

Malgré mes jours sombres, où mes angoisses me terrassaient, je me sentais enfin bien en compagnie de moi-même. Je n'avais pas ressenti le besoin de consulter un professionnel, préférant laisser le passé derrière moi et savourer le présent, tout en gardant espoir pour l'avenir. Mais c'était encore trop tôt pour ce tatouage évoquant le point-virgule, symbole de ma survie après ma dernière tentative. Quelque chose en moi me disait que je devais attendre encore un peu. Comme un pressentiment.

Soudain ramenée à l'instant présent par l'odeur familière de cuisson, mes pensées s'évaporèrent.

— Tu vas bien, chérie ? s'inquiéta ma mère en remuant les pâtes dans la casserole d'eau bouillante. (J'acquiesçai.) T'es sûre ? Tu sembles ailleurs.

Je lui offris un sourire en coin. De toutes les présences sur terre, maman était toujours celle qui décelait à merveille mes états d'âme.

— Oui, ça va, répondis-je rapidement, ajoutant avant qu'elle ne pense que je mentais : l'année scolaire m'a épuisée. Je réfléchissais un peu à tout. Dis... demain après les cours, on pourrait se promener pour que je dépose quelques CV ?

Ma mère écarquilla les yeux puis s'empressa de demander :

— Un travail ? Tu manques d'argent, mon coeur ?

Elle délaissa la préparation du dîner pour chercher son portefeuille, et ouvrit le compartiment des billets une fois chose faite.

— Non, maman ! rétorquai-je, réalisant le malentendu. Je voudrais simplement gagner mon propre argent, apprendre à me débrouiller seule. Tu sais, entre l'appartement en plein coeur de Paris et toutes les mensualités, je te coûte tellement cher...

— Morgane, me coupa-t-elle doucement. Tant que je serais en vie, il sera hors de question que tu dépenses un centime pour quelque chose que je peux t'offrir. Quand j'ai vu mon test de grossesse positif il y a dix-neuf ans, j'ai pris la décision de te mettre au monde, de te garder. C'est mon rôle d'intervenir pour ton avenir.

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