20. Villa seize façades.

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MORGANE↬ Aéroport de Paris-Orly

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MORGANE
↬ Aéroport de Paris-Orly


» 3 jours plus tard, sept heures trente du matin...

J'étais le genre de fille à stresser pour rien devant l'inconnu. Tant que, bien qu'en temps normal, j'étais la pro des retards, j'étais arrivée deux heures à l'avance à l'aéroport. Ou peut-être que c'était une part d'impatience, aussi.

Mes insomnies ne cessant pas, je n'avais presque pas su dormir de la nuit. Bah oui, parce qu'arriver sur place à six heures trente voulait dire prendre un Uber à six pile, avoir eu besoin d'une heure pour clôturer mes dernières affaires et faire couler mon café donc, me réveiller à cinq heures quarante-cinq. J'avais des cernes gigantesques, je combattais mon cycle de sommeil qui me faisait bayer une fois par minute et mes paupières qui me semblaient peser une tonne chacune. Ce, pour ne pas risquer de rater le début de l'embarquement qui ne devrait plus tarder.

Comparé à une majorité des personnes, j'aimais beaucoup l'ambiance des aéroports. Quand j'étais petite — de mes premières semaines à mes sept ans —, je prenais énormément l'avion. Mon père était d'origine Corse et il adorait me faire voyager sur l'île où il avait grandi. Mais depuis qu'il avait été condamné à quinze années sans sursis de peine, je n'y étais plus retournée. Plus jamais. À bientôt vingt ans, après treize sans avoir remis un pied dans un aéroport, je m'apprêtai à monter à bord d'un pour la troisième fois en même pas deux mois. Tout ça parce que j'avais rencontré Antoine.

La destination était bien différente de la région natale de mon paternel, cependant, j'étais sûre et certaine que je n'avais plus été si heureuse depuis des années.

" Les passagers du vol 573 AirFrance à destination de Madrid-Barajas sont priés de se présenter porte C "

Mon cœur se mit à faire des bonds dans ma poitrine en entendant l'annonce qui correspondait enfin à mon vol. Puisque j'allais à Madrid pour une dizaine de jours, j'avais été obligée de mettre une valise en soute. D'autant plus que dans cette dernière, se trouvait plus de choses que j'avais prises au cas où que de trucs réellement utiles. Exemple le plus démonstratif : un maillot de bain, alors que je n'en avais plus porté un depuis des lustres.

En un temps record, je rangeai mon MacBook dans sa housse et débarrassai le plateau qui m'avait été servi il y a une bonne heure. Après une attente douloureuse pour mon dos sur les sièges prévu à l'heure effet, j'avais craqué et étais rentrée dans cette petite boulangerie qui m'avait eu l'air sympa. Je ne m'étais pas trompée. J'avais trouvé un coin isolé avec des prises, une banquette d'un confort quasi irréel et le wifi gratuit proposé fonctionnait du tonnerre.

J'avais commandé un croissant et un café, en tant bonne française (supplément parisienne) que j'étais. J'avais réussi à le manger entièrement. Oui, oui, dès le matin, en entier, sans culpabiliser.
Je ne pouvais pas m'empêcher de penser dans un coin de ma tête que c'était Antoine qui m'aidait, sans le savoir et à distance, à gérer mes crises mineures. Il ne les avait pas fait disparaître, ça serait sûrement impossible...mais quand j'étais avec lui, c'était presque comme si j'aimais me nourrir.

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