59. Vivre sans parents...ou pas.

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MORGANEJuin 2017, Rhône

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MORGANE
Juin 2017, Rhône

J'allais revoir mon père. Derrière le mur devant moi atteignant facilement les cinq mètres et cette porte pour l'accès piéton, se trouvait l'endroit où mon père était enfermé depuis que j'avais six ans. J'en avais vingt et demi, maintenant, lui tout juste quarante.

Réaliser le temps qui était passé depuis ce début d'année 2003 me refilait une vague de frissons, malgré le soleil d'été enfin de retour en France. Il avait quitté ma vie en super-héros quand je venais de rentrer en Cours Préparatoire, donc le revoir était pour moi quasiment équivalent à rencontrer un inconnu.

Je ne savais même pas ce que j'allais bien pouvoir lui dire après toutes ces années. Était-il au moins au courant du décès d'Alex ? Pour maman, oui... mais pour celui qui avait pour géniteur la raison même de son emprisonnement, c'était une toute autre situation.

Maman avait pendant de longues années – lors des phases où son cancer ne la terrassait pas – rendu visite à mon père, son ex-copain mais aussi son meilleur ami de toujours ; celui qui l'avait sauvée d'une emprise certaine. Par conséquent, il devait être au courant de certains trucs. Néanmoins, lui avait-elle confié pour le harcèlement à répétition ? Pour mon ex ? Ma dépression, ou tous mes autres troubles diagnostiqués un par un au fil du temps ?

Mes poumons se débarrassèrent de leur air usé dans un long et lourd souffle quand la porte se déverrouilla, nous autorisant moi et les autres visiteurs à pénétrer dans l'enceinte du bâtiment pénitentiaire.

Ma main enroulée autour de la sangle de mon sac par réflexe, je souris à la femme à l'administration en lui présentant ma carte d'identité ainsi que mon permis de visite. Le fameux papier que j'avais galéré à obtenir pendant des semaines, tout ça parce que la justice française n'avait pas de suite compris que j'étais clean juridiquement parlant, et que mes traumatismes d'enfance étaient seuls à l'origine de mon absence de visites.

La dame me redirigea ensuite vers l'avant-dernière frontière avant de le revoir. Mon papa... j'allais revoir enfin mon papa. L'homme qui avait été d'une seconde à l'autre mal vu, pour une menace s'étant transformée en flaque de sang, uniquement pour protéger celles qu'il aimait.

— Madame Smith ? Veuillez avancer s'il vous plait, nous n'avons pas beaucoup de temps pour procéder au contrôle de tout le monde.

Cette voix interrogatrice et impérative m'extirpa de ma réflexion. J'arrimai mon regard sur le visage de l'agent qui venait de m'interpeller. Je clignai deux fois des yeux successivement, puis mes traits faciaux lui indiquèrent que j'étais à nouveau avec lui, et que je l'écoutais.

— C'est votre première visite ?

J'acquiesçai, en zieutant les alentours, affolée par ce nouvel environnement et me sentant dangereusement en insécurité entre ses quatre murs en béton ciré.

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