☽ 𝑴𝑶𝑶𝑵 𝑮𝑰𝑹𝑳 ☾

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟑

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BISE ET BONNE LECTURE ♥️

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En me réveillant au petit matin, il me faut un certain temps pour démêler les bribes de rêves qui m'embrument l'esprit avec mes souvenirs d'hier soir. Mais un bref regard sur ma tenue me confirme que je n'ai pas rêvé: j'étais tellement fatiguée après mes recherches hier soir que je n'ai même pas eu le temps de me mettre en pyjama, je porte la même tenue qu'hier. Je me prends la tête dans les mains sans y voir plus clair qu'avant, la nuit ne m'a pas beaucoup portée conseil dirait-on...

Je tourne machinalement le regard vers les chiffres de mon réveil projetés au plafond, au milieu d'une multitude d'étoiles fluorescentes (oui, ne vous moquez pas, j'ai peur du noir).

8h25.

Ohoh...

25 min de retard. Et plus si je ne pars pas dans la seconde. Mon record.

Je me prépare aussi vite que possible et cours vers le lavoir, persuadée que je n'y trouverai personne. Quelques passants se retournent sur mon passage en souriant, mais je n'y prête pas attention, trop occupée à aller le plus vite possible au lieu de rendez-vous. Timothée n'est pas là. C'était prévisible évidemment, ce n'est pas lui qui est en tord dans l'histoire et je m'en serai voulu s'il avait été encore en retard par ma faute, mais je ne peux empêcher une vague de déception de m'envahir. Pourtant c'est quand j'avance le pas traînant sur le chemin que je le vois, quelque mètres plus loin, la mâchoire serrée et le regard perdu à l'horizon. A sa vue, un sentiment de reconnaissance mêlé de culpabilité m'envahit. Je le gratifie d'un sourire reconnaissant qu'il ignore royalement. Sans me jeter un regard, il s'éloigne au pas de course sur le chemin, et je me lance à sa suite. Il ne m'adresse pas un mot

On se prend en arrivant le savon le plus étincelant de toute l'histoire. Médaille d'or assuré. J'ai juste le temps de glisser à mon ami "ce soir, point habituel" avant que l'on nous sépare, à bonne distance l'un de l'autre.

Je sens d'ici que celle-là, il ne va pas me la pardonner facilement.

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Quand nous nous retrouvons en fin de journée à notre point de rendez-vous, je n'ai toujours pas eu l'occasion de parler à Timothée. Enfin, l'occasion s'est présentée mais il ne l'a pas saisi, intentionnellement. Il a passé la journée à m'éviter. Je le connais depuis le temps, quand il est comme ça, il faut le laisser ruminer un peu et généralement ça passe assez vite. Timothée n'est pas du genre rancunier. Enfin j'espère, parce que ses poings crispés et son regard fixe ne sont pas très prometteurs.

Je vois bien qu'il est énervé, et que c'est de ma faute. Je le regarde promener son regard partout sauf à l'endroit où je me trouve, faisant bien attention à ne surtout pas croiser le miens. Il est arrivé après moi et ne m'a pas adressé un mot, se contentant de s'écrouler dans un coin de la grotte à bonne distance de moi, les jambes étendues devant lui et les mains jouant nonchalamment avec sa montre. La cavité rocheuse où nous avons élu domicile est située à 4 ou 5 mètres au-dessus du sol dans une roche au beau milieu de la forêt, et accessible principalement via des racines qui sortent déci-delà de la mousse. Les habitants de la région l'appellent la grotte aux loups, avouez que la coïncidence est amusante. C'est devenu notre repère depuis que le père de Timothée nous l'a montré quand nous étions plus jeunes, et depuis nous nous retrouvons ici chaque fois que nous devons discuter. Je vois d'ici un pack de bière vide, vestige de notre dernière fin de soirée avec Constance, et je sais qu'un paquet de cartes est planqué quelque part dans mon dos.