𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐𝟑

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BISE ET BONNE LECTURE ♥️

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Je suis affalée sur le lit du motel, immobile, car il a la désagréable habitude de grincer à chaque mouvement, contemplant le plafond d'un jaune auquel je me suis habituée. Je me frictionne la main d'un air distrait, là où je me suis brûlé ce matin en aidant la boulangère du quartier. Les journées passent a une vitesse hallucinante, m'empêchant de trop réfléchir, mais il y a toujours ce genre de moment où l'on se sent vide de toute énergie et où l'on ne trouve rien d'autre à faire que de rester immobile sur un bon sang de lit pourri à fixer un plafond tout aussi pourri avec une couleur jaune affreuse en prime. Ahhhhh... Les nuits ont été courtes. Les journées, longues. Et ni l'une ni l'autre n'ont été concluantes. A croire que nos efforts sont inutiles. Les petits boulots pour payer le motel, ces après-midi à passer en revue les journaux locaux au cybercafé du coin, ces soirées à déambuler dans des lieux plus malfamés les uns que les autres, tout ceci pour grainer la moindre petite information susceptible de nous guider, tout ceci m'a épuisé. Je ne sais combien de temps encore nous errons ainsi dans Dijon, mais c'est la plus grande ville des environs et donc la plus susceptible de contenir des indices. Ce qui est sûr c'est que le Clan de l'Aurore a bien effacé ses traces, c'est comme s'il n'avait jamais existé. Et c'est peut être le cas.

Je pousse un soupir résigné et me plonge dans la lecture de la brochure qui repose sur la table de nuit depuis le début de la semaine: le cabaret. J'espérais ne jamais devoir y mettre les pieds mais nous avons passé nos soirées dans tous les bars et restaurants du quartier et il ne nous reste d'autre choix que ce... truc, pour trouver des infos. Au moins les horaires sont-ils idéaux : nous pourrons nous pointer vers 20h et partirons, je l'espère, le plus tôt possible. Si Timothée se tient tranquille...

L'isolation est telle que je parviens à entendre le tintement de la porte d'entrée du motel depuis notre chambre au cinquième étage. Quand on parle du loup (c'est le cas de le dire...). Je me redresse quelque peu contre le mur, histoire de faire comme si je n'avais pas glandé pendant la moitié de l'après-midi. Même si je sais que Timothée ne m'en voudra pas: je suis rentrée fourbue de mon boulot à la boulangerie ce matin, tout ça à cause d'un débile qui m'a demandé une chocolatine et non un pain aux chocolat. Disons qu'il n'a pas apprécié de se voir faire payer le double du prix initial. Et la boulangère non plus. Mais bon, à un moment, on est française ou on l'est pas! Flûte! Toujours est-il qu'en voyant ma tête de déterrée qui puait la déprime à un kilomètre à la ronde, nous avons décidé qu'il était préférable que je reste au motel plutôt que de faire du porte à porte. Mieux vaut ne pas traumatiser nos voisins plus que nécessaire.

J'écoute les marches grincer sous les pas de Timothée qui sifflote tranquillement dans les escaliers un chant scout que je connais bien et qui me ramène durant quelques secondes a mon dernier camp guide. Je peux presque sentir l'odeur du feu de bois, la chaleur du soleil et de la franche camaraderie, les rires qui s'envolent dans le ciel et la douceur bénie des soirées sous la tente, avant d'être durement ramenée sur terre à l'ouverture de la porte.

Timothée me sourit d'un air fatigué, les joues rougies par le froid de novembre. Je le regarde retirer son blouson en cuire et se passer la main dans ses cheveux ébouriffés par le vent en savourant ces gestes du quotidien qui me rassurent. Il vient s'adosser contre le pied du lit, et le silence qui suit me confirme qu'il n'y a toujours pas de nouveau. Enfin bon, on commence à s'y habituer. Il lève ses yeux clairs vers moi, un de ses sourcils levé:

- Programme de ce soir?

Je le fixe durant quelques secondes, tentant de prévoir sa réaction. Il est très doué pour sympathiser avec les gens, plus encore que moi. Je le revois hier, discuter joyeusement avec un groupe de vieux dans le bar du coin, une bière à la main, tachant de récolter des informations entre deux blagues déplacées. Il sait cerner ses interlocuteurs sans difficultés, ce qui lui permet d'entretenir une discussion qu'il saura rendre intéressante. Timothée est toujours ouvert aux personnes qui l'entourent, tentant toujours de comprendre comment ils fonctionnent, de connaître leur histoire, et ne s'arrête jamais aux apparences, sans toutefois être naïf. Bref, une bonne tête, un caractère un peu grande gueule et un sens de l'humour à toutes épreuves... autant vous dire qu'il aura du succès auprès d'un public que je n'affectionne pas plus que ça ce soir. Je finis par lui répondre simplement d'un air blasé, comme si ça ne me faisait ni chaud ni froid:

☽ 𝑴𝑶𝑶𝑵 𝑮𝑰𝑹𝑳 ☾Où les histoires vivent. Découvrez maintenant