☽ 𝑴𝑶𝑶𝑵 𝑮𝑰𝑹𝑳 ☾

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐𝟏

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BISE ET BONNE LECTURE ♥️

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La petite fille descend en souriant des épaules de Timothée, accueillit par le sourire bienveillant de sa mère. La soirée est terminée. Les groupes d'enfants s'éloignent par petits groupes en papotant avec leurs parents, partageant sur telle ou telle légende qui les ont marqués. J'entends un garçon chuchoter à sa maman: « tu penses que le comte Saint Germain va venir si je suis pas sage? » et regardant autour de lui comme s'il s'attendait à voir un homme sans âge en pourpoint et culotte courte sortir d'un buisson avec une tête de sadique. Il me fait un peu penser à Erwan, ce qui m'emplit d'un sentiment mélancolique doux/amère. J'essaye de l'imaginer, seul à Frôlois avec Antoine et maman, déambulant dans le maison a la recherche d'une personne pour lui lire ses histoires de chevaliers, jouant dans sa chambre en attendant le repas pour raconter ses récits de piraterie, ou entrant dans ma chambre pour me voler des caramels.

Je remarque du coin de l'œil que Timothée a les yeux fixés sur moi, et je me secoue un bon coup pour quitter la tête d'enterrement que je dois afficher. On a déjà assez de sujet d'inquiétude comme ça, pas besoin d'en rajouter une couche en m'appitoyant sur mon sort. Je souris pour le rassurer et commence à m'éloigner vers le conteur, qui parle en souriant, et ce toujours d'un air mystérieux. Je suis sûr qu'il a cette tête là même quand il dort. Je plains sa femme, ça doit être traumatisant de dormir dans le même lit qu'un mec qui a la tête de Gandalf quand il ronfle. Mais je sens la main de Timothée saisir la mienne qui m'arrête dans mon mouvement.

Je me tourne vers lui, prête à être assaillit par une vague de pitié comme j'en ai l'habitude quand je parle de ma vie d'orpheline avec Constance, cette même expression qui patine le visage des profs lors de leur sermon sur mon manque d'implication en classe, ou alors de la directrice de l'orphelinat quand tous mes camarades trouvaient une famille pour les accueillir mais qu'aucune ne voulaient de moi. Mais tout ce que je peux lire dans ses yeux, c'est une grande douceur, de celle qu'on ne peut voir que dans les yeux d'un frère d'aventure qui en a vu autant que toi.

- Tu le reverras tu sais.

Bien sûr. Bien sûr qu'il a deviné. On se connait depuis si longtemps qu'il lit en moi comme dans un livre ouvert, je ne peux rien lui cacher. Il tient ma main dans la sienne encore quelques minutes, puis la lâche d'un sourire gêné, brisant le truc qui s'était installé entre nous.

- On devrait se bouger avant que le vieux ne parte. Ça aurait été bête d'avoir supporter deux heures de contes de grands-mères pour rien.

Pas. Faux. Dure retour à la réalité.

Les quelques minutes qui ont suffit pour que se déroule ce petit instant de gêne ont laissé au conteur le temps de finir sa discussion avec les quelques parents. Parents à qui ça n'a visiblement pas suffit de supporter deux heures d'histoires à dormir debout et qui, à priori, n'ont rien d'autre à faire de leur vie que de demander des infos en plus. Oui, c'est notre cas aussi, d'accord. Mais ils n'ont pas les flics et un père sadique à leur poursuite EUX! On donnerait tout pour être à leur place et ils gaspillent leur temps à demander des précisions sur des événements vieux de trois siècles et qui, en plus, sont sans doute faux.

Nan mais sans blague.

Breeeeeffff. Bon sang je suis tendue moi!

Le conteur nous adresse un regard toujours aussi énigmatique en nous voyant arriver, arrêtant ainsi de ranger ses affaires dans son sac en cuire. Nous sommes à cinq bon mètres de lui mais je sens d'ici qu'il dégage une étrange odeur de vieux, comme si à force de se plonger dans de vieilles légendes il avait fini par en faire lui-même partie. Je suis persuadée que c'est fait exprès encore une fois. Je suis même prête à parier qu'il utilise un parfum du style « Mysterio: le parfum qui vous donne un air énigmatique à tout heure de la journée. Efficace 48h ».