☽ 𝑴𝑶𝑶𝑵 𝑮𝑰𝑹𝑳 ☾

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟑

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BISE ET BONNE LECTURE ♥️

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Je suis actuellement affalée comme une dinde en surpoids sur mon lit, emmitouflée dans une combinaison pyjama Pikachu et grignotant des caramels sans entrain. Je n'ai absolument rien à faire. Ça va faire une semaine que je n'ai pour seule compagnie les 4 murs de ma chambre et mon lit, ne sortant que pour libérer mes émotions par des footings effrénés dans la forêt. Ma rage passée, ne restait dans mon cœur qu'une lourde léthargie et une profonde lassitude, de celles qui vous donnent envie de courir très très loin. De changer d'air.

Un léger coup contre ma porte me détache de mon occupation très divertissante à savoir contempler mon plafond comme s'il s'agissait du Saint Graal. Je tourne mon regard vers ma mère qui vient de franchir le seuil de la porte sans attendre ma permission pour se permettre d'entrer. Une vague de rancœur que je ne parviens pas à retenir m'envahit à sa seule vue sur le pas de ma porte. Je respire un grand coup pour maîtriser mes émotions avant de prendre la parole d'une voix lasse:

- Tu sais maman ça ne sert a rien de toquer si tu entre sans attendre la permission hein.

Ignorant superbement ma remarque sarcastique, elle ajuste la dentelle de sa robe de soirée et triture ses boucles d'oreille tout en expliquant, quelque peu gênée:

- Euh... ton père et moi partons à un dîner entre amis... hum... Erwan est déjà couché, enfin tu le connais il doit sûrement jouer au playmobil. Bref, mange ce qui te fais plaisir et regarde ce que tu veux a la télé, mais ne te couche pas trop tard ma belle.

Je marmonne ce qui ressemble le plus possible à une réponse et détourne mon regard de la figure maternelle pour le reporter vers le plafond. Je vois du coin de l'œil qu'elle esquisse un geste vers moi comme pour se rattraper, avant de se raviser. Son bras retomber contre son flanc dans un cliquetis de bracelet. J'attends d'entendre la porte se refermer et les bruits de ses talons s'éloigner dans le couloir avant de laisser libre court à ma colère en frappant violemment mon poing sur le mur. Le résultat est aussi douloureux que mon cœur qui se serre en voyant l'écart qui se creuse entre ma famille et moi. Mais je n'y peux rien, il est encore trop tôt pour que je les laisse faire un pas vers moi. J'ai besoin de temps avec moi-même, avec ma solitude, et avec ce loup qui hurle en moi en attendant de se réveiller. J'ai besoin de temps pour réapprendre à être cette fille joyeuse et sans soucis qui croyait avoir trouvé une vie parfaite, cette fille que j'étais avant qu'une journée ne me fasse basculer en enfer.

Et voir mes parents sortir en soirée avec des amis alors que je n'ai comme seul compagnon ma peluche Minion et qu'ils sont les seuls responsables de ma solitude me donne envie de refaire le même geste stupide et douloureux. Mais avec cette histoire il faut croire que j'ai développé de la sympathie pour le mur car mon poing retombe lourdement sur l'édredon.

De toute façon je crois que je suis en train de virer complètement tarrée. Et dire que j'ai encore l'espoir que tout ça ne soit qu'un mauvais rêve!

Je reste encore quelques minutes prostrée sur le lit avant de me décider à bouger. J'ouvre la porte de ma chambre et sourit en voyant le rais de lumière qui file en dessous de celle de mon petit frère. Je devrais lui enseigner mes techniques un de ces quatre : laisser la lumière allumée alors que le couloir est éteint n'est pas l'idée du siècle. Quand j'ouvre la porte de sa chambre à la volée, Erwan sursaute comme s'il allait s'envoler et j'éclate de rire devant sa vaine tentative pour cacher ses playmobiles sous ses fesses... alors qu'il est censé être dans son lit et non au milieu de sa chambre.