☽ 𝑴𝑶𝑶𝑵 𝑮𝑰𝑹𝑳 ☾

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟑𝟑

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BISE ET BONNE LECTURE ♥️

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Il doit être environ 13h et nous sommes sur le pas de la porte, prêt à partir encore une fois. Nous avons passé la matinée à rassembler nos maigres affaires et à laver la maison de fond en comble pour rendre service à notre hôte. Il y avait longtemps qu'elle ne s'en était pas occupée! Cela m'a rappelé les services qu'aux guides nous rendions au propriétaire des lieux pour les remercier de nous avoir accueillis, et j'ai encore une fois été prise par une pointe de nostalgie. Celle-ci s'était vite dissipée quand je m'étais retrouvée seule avec Alban tandis que nous nous occupions d'épousseter la vieille argenterie du salon. J'avais alors saisit l'occasion pour lui poser la question qui me brûlait les lèvres:

- Pourquoi la vieille me regarde-t-elle aussi mal? J'ai fait quelque chose de mal?

- Parle d'elle avec plus de respect, sans elle tu dormais dehors je te rappelle.

Son regard dédaigneux et son ton agressif m'ont alors surpris, et je me suis replongée sur ma tâche, persuadée qu'il ne répondrait pas à ma question. Pourquoi le ferait-il? Après tout, il semble m'apprécier autant que la vieille dame m'apprécie. Finalement, il a fait claquer sa langue d'un air agacé avant de lâcher:

- Elle déteste le Clan du Crépuscule, et elle a de bonnes raisons pour cela.

J'ai froncé les sourcils sans comprendre: en quoi cela me concernait-il? Avant de me rappeler que moi même je faisais partie du Clan du Crépuscule, et de rougir de honte. J'avais du mal à me dire qu'il est considéré comme mon clan par les autres loups. La haine d'Alban à leur égard, toutes les choses négatives que j'ai entendues, leur avaient peu à peu donné dans mon esprit le rôle des méchants de l'histoire. Et moi j'avais envie d'être le héros de l'histoire, et non une antagoniste au destin incertain.

Choisissant d'ignorer ce sentiment de dégoût qui me prend chaque fois que je pense à ce Clan qui me classe automatiquement dans la case de pariât uniquement parce que j'en fais parti, j'avais alors reprit la parole:

- Comment peut-elle savoir que je suis un loup argenté?

- Tu poses trop de questions princesse.

Il avait alors quitté la pièce, me laissant en plan avec le reste de l'argenterie à moitié lavée sur les bras.

Et maintenant je me retrouve sur le pas de cette porte devant celle qui a "de bonnes raisons" de me détester, et je ne peux m'empêcher de ressentir de l'injustice tandis que je la regarde enlacer doucement Alban. Ils semblent se connaître plus qu'ils ne veulent bien l'avouer, et j'ai bien senti ce matin qu'il y avait quelque chose qu'il ne me disait pas. Qu'est ce que cache cette petite silhouette frêle et fatiguée? Est ce que c'est lié au portrait du soldat dans son salon? Ou à la photo du jeune homme que j'ai découvert en pliant des vêtements dans sa chambre? Je ne le saurai sans doute jamais. Toujours est-il que je trouve cela profondément injuste qu'elle puisse me détester sans me connaître pour le simple fait que je sois un loup argenté. Et ce alors qu'elle nous a accueilli pour la nuit, que nous sommes allés ensemble à la messe, que nous avons partagé un repas de Noël, que nous avons rangé sa maison. Ça me rappelle un petit peu les nobles qui détestaient les pauvres simplement parce qu'il ne possédait pas de particule ni de terres, ou les pauvres qui détestaient les nobles parce qu'ils en avaient. Personne ne devrait être jugé selon un critère aussi dérisoire que la famille, le clan ou le nombre de terrains, d'argents que quelqu'un possède. Nous ne sommes pas tous nés sous la même étoile, nous n'avons pas tous eu les mêmes chances ni les mêmes possibilités de vie, mais ce qui nous qualifie c'est ce que nous faisons de ce que nous avons reçu. Et c'est une leçon que cette femme ne semble pas avoir comprise.