☽ 𝑴𝑶𝑶𝑵 𝑮𝑰𝑹𝑳 ☾

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟔

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BISE ET BONNE LECTURE ♥️

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Les jours suivants, Timothée semble m'éviter comme la peste. C'est quasiment impossible car nous sommes dans la même classe et pourtant il réussit l'exploit de ne me parler qu'une seule fois pendant trois jours. Il ne m'attend plus le matin, ne se met plus avec moi à la cantine et au sport et on ne traîne plus ensemble aux inter-cours. J'ai vite compris qu'il ne servait a rien de faire le premier pas quand il a m'a ignoré comme un gamin quand j'ai voulu prendre de ses nouvelles au retour de la soirée. Et depuis aucun contact, c'est comme si j'avais soudainement disparue de sa vie. La seule fois où il m'a adressé la parole, c'était pour me demander une cartouche d'encre en plein DS de math. Evidemment, je lui ai tiré la langue sans lui en donné et il a du finir son devoir au stylo noir. Bien fait pour lui, tiens !

Le troisième jour, je parle avec Constance, perchée sur le rebord d'une fenêtre dans la cour, quand une bande de garçon bruyant passe devant nous. Parmi eux, au centre, rigolant bruyamment en donnant une vigoureuse claque dans le dos a un grand blond avec une tête de lover, se trouve Timothée. Il allait encore me passer devant comme si nous ne nous connaissions pas depuis des années, comme si nous n'étions pas dans la même classe, comme si nous ne courions pas ensemble, comme s'il n'était pas mon meilleur ami. Mon cœur se serre encore une fois mais je serre les dents, déterminée à ce qu'il ne remarque pas que son petit jeu m'atteint. J'allais le laisser passer encore une fois sans intervenir quand je surprends la manière dont Constance me regarde, avec cette pointe de pitié au fond du bleu de ses yeux.

Alors sans vraiment savoir ce que je fais, n'y tenant plus, je cours à sa suite et lui saisit le bras, le coupant en pleine discussion. Il s'arrête et tourne lentement vers moi ses yeux bleus que je cherche depuis des jours, des yeux que je croyais connaître mais que je ne reconnais pas. Brille au fond de ses prunelles une lueur que je n'avais jamais vu, quelque chose de sauvage, comme s'il devait se retenir pour ne pas me sauter dessus. Qu'est ce qu'il lui arrive bon sang! Son regard froid se baisse vers son poignet que je serre toujours et c'est à ce moment-là qu'un autre détail me saute aux yeux: sa peau est anormalement chaude sous mes doigts, brûlant doucement la paume de mes mains. Je lève les yeux vers le ciel orageux qui nous surplombe avec incompréhension. Comment peut-il avoir chaud alors que nous sommes accompagnés en permanence par la bise d'automne et par les pluies glaciales promettant un hiver particulièrement violent?

Je lève à nouveau les yeux vers Timothée qui me fixe en silence. Nous nous connaissons trop bien et je sais qu'il suit tout le chemin que parcourt mes pensées sans aucune difficultée. Mais je ne parviens pas à expliquer ce mélange de frustration, de colère et, ce qui m'étonne le plus, de peur, qui se mêle dans ses yeux. Je me secoue et m'échappe à l'emprise de son regard pour me rappeler ce pourquoi je l'ai arrêté. Ses amis nous fixent en ricanant et j'aurai fait exactement la même chose si j'avais vu mon pote se faire attraper par une fille pour qu'ils se fixent pendant 10 minutes comme si leurs yeux se parlaient sans pourtant échanger un mot. On doit être assez flippant a vrai dire. Je rappel a moi les souvenirs de ces derniers jours, tout ces moments ou Timothée m'a ignoré, et lui lance à la figure avec toute la hargne que j'ai accumulé:

- Tu vas me dire ce que tu as, oui !

- Lâche-moi les basques Gwenaëlle.

Son ton est lasse et son expression hautaine, je dois sérieusement me contrôler pour ne pas lui envoyer une gifle en plein dans sa petite gueule de beau gosse. Il fait signe à ses amis qu'il en a fini et commence à s'éloigner mais je préfère plutôt me ridiculiser à lui courir après que de le laisser encore partir. Je me lance à sa suite en criant dans son dos pour le faire réagir.