☽ 𝑴𝑶𝑶𝑵 𝑮𝑰𝑹𝑳 ☾

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟓

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BISE ET BONNE LECTURE ♥️

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Si Antoine est déstabilisé par l'arrivée de mon ami (que je songe sérieusement à appeler sauveur jusqu'à la fin de mes jours), il ne le montre pas. Je surprends tout de même le discret froncement de ses sourcils avant qu'il ne recompose son visage victorieux animé de son sourire mielleux qui me donne une furieuse envie de vomir. Force est de constater qu'il est tout de même moins grand à présent que Timothée est là: il faut croire que notre adversaire n'avait pas prévu ce contretemps.

Et quel contretemps! Un millier de questions se pressent sous mon crâne: comment a-t-il su? Pourquoi est-il là? Que va-t-il se passer à présent? Mais elles sont toutes dépassées par une prière silencieuse que j'envoie sans relâche vers le ciel étoilé qui nous surplombe. Merci Seigneur, merci!

La voix de feu-mon-père vient percer le silence qui régnait en maître depuis que la silhouette de mon ami s'est découpée dans l'ombre du portail, et interrompant ma litanie. Une voix qui me marque par sa rudesse et sa mechanceté, alors que j'ai encore l'image d'un père aimant et si bon vivant. Où donc est passé cette voix rieuse qui me lisait des histoires le soir et chantonnait en faisant la cuisine le dimanche?

- Tiens tiens, môsieur Musy... Toujours là au mauvais moment n'est ce pas? J'ai toujours pensé que tu avais une mauvaise influence sur ma fille.

Je fixe sans un mot Timothée qui s'approche nonchalamment de nous, son visage apparaissant et disparaissant au gré des ombres mouvantes des bosquets de la cour et de la course de la Lune. Il ne dit pas un mot, ce qui laisse à Antoine le monopole de la parole et l'occasion de lâcher sur lui son venin.

- Gwenaëlle est capable de parler et de se défendre toute seule. Nous discutons en adultes et cela ne te concerne en aucun cas, ceci est une affaire de famille. Alors mêle toi de ce qui te regarde et rentre chez toi. Et si j'apprends que tu en as parlé à tes parents...

- Popopop monsieur, ne vous enfoncez pas plus. Ne commencez pas à dire des choses que vous regretterez par la suite. Et puis une discussion entre adultes... s'il vous plait, laissez moi rire! Vous ne pourriez pas être plus éloigné de l'image que je me fais d'un adulte: vous ressemblez a un gamin qui fait un caprice. Si c'est ça être adulte, je préfère encore rester enfant!

Je le regarde avec des yeux ronds. Sa voix aux accents sarcastiques est calme et ferme, tout son être respire l'assurance. Les mains dans les poches, la posture décontracter, Timothée se contente à present de fixer l'homme menaçant qui se tient face à lui, sa femme en pleure à ses côtés, comme s'il ne venait pas de lui envoyer une punch-line a la gueule. Antoine quant à lui semble prêt à exploser à tout moment et il a l'air de bouillonner tellement de l'intérieur que ça ne m'étonnerait pas qu'il se mette à cracher des flammes par les oreilles. Je le vois se pincer l'arête du nez et prendre une profonde respiration pour recouvrer un peu de contenance, avant de reprendre avec ce que je soupçonne être le ton le plus calme qu'il peut prendre dans son état actuel:

- Je suis en train de parler avec ma fille, Timothée, tu serais gentil de bien vouloir partir!

- Bah oui votre fille... Vous avez sans doute oublié le passage ou elle vous a dit que vous n'étiez plus son père. Mais vous savez quoi? Continuez à vous voiler la face, ce n'est plus notre problème. En revanche, la prochaine fois que vous parlez comme ça à Gwenaëlle, je vous jure que je vous refait le portrait, un chef d'œuvre digne de Picasso. Je me suis bien fait comprendre, j'espère?