☽ 𝑴𝑶𝑶𝑵 𝑮𝑰𝑹𝑳 ☾

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐𝟖

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BISE ET BONNE LECTURE ♥️

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Mon regard vacillant tombe sur une scène qui m'aurait fait sourire si je pouvais encore le faire, mais c'est tout juste si j'arrive à esquisser une grimace. Timothée, se dressant de toute sa hauteur affronte du regard un Alban qui le dépasse de quelques centimètres, une flamme dans les yeux que je n'ai vu chez lui que quand il a fait face à mon père. Il a saisi son adversaire par le poignet et je pense que même un autre loup-garou ne pourrait l'y déloger, tandis qu'il le contemple avec un rictus de dégoût sur les lèvres qu'il ne tente même pas de dissimuler. Alban quant à lui a toujours une main glissée dans la poche de sa veste en cuire et soutient son regard en fronçant les sourcils, l'air de se demander ce qu'il fout ici avec des casses-pieds pareils. Il se pince l'arrête du nez et soupir:

- Écoute , arrête de t'occuper des choses que tu ne comprends pas. Tu devrais même pas la défendre techniquement. J'voulais juste que tu me suives, et c'est chose faite. Maintenant on peut repartir.

- Mais bien sûr! Tu la traînes on ne sait où, tu finis par la tabasser dans une ruelle et tu veux que je ne fasse rien!? Tu veux que je te file un coup de main peut-être? Que je t'applaudisse ?

Le ton de mon ami est tellement hargneux que j'ai du mal à le reconnaître. Je regarde les jointures de ses mains devenir de plus en plus blanches tandis qu'il sert le poignet du policier. Enfin, policier, plus j'y pense plus j'ai du mal à croire qu'il en soit vraiment un... Celui-ci semble aussi embêté que si une mouche s'était posée sur son bras et son visage parfait reste toujours impassible quand il reprend la parole après un silence:

- Je l'ai traîné ici, comme tu dis, car c'était le meilleur moyen pour que vous me suiviez sans faire d'histoire. J'aurais perdu trop de temps à vous expliquer, et franchement, là tout de suite, on a des choses plus importantes à faire. Les collègues vont bientôt rappliquer. J'allais l'aider à se relever, maintenant si tu veux t'en charger tout seul, c'est pas moi qui vais te retenir.

Il finit sa tirade en me balayant de la main avec un sourire narquois, mais entre temps j'ai eu le temps de me relever en m'appuyant contre le mur, les jambes jouant au claquette, une main plaquée sur ma poitrine à l'endroit où il m'a frappé. Ça fait un mal de chien. Timothée lâche sèchement le poignet d'Alban et se précipite vers moi, mais je le repousse avec un sourire pour le remercier et me tourne difficilement vers ce dernier.

- Tu veux quoi exactement? Je ne comprends pas qui tu es mais il est assez évident que tu n'es pas flic. Alors qu'est ce que tu fous la? Tu es au courant que quand tes collègues reviendront, ils penseront tout de suite que nous nous sommes enfuis avec ton aide?

- Vous êtes vraiment longs à la détente vous... C'est pas le moment pour tout ça. Si vous saviez fermer vos gueules, et si tu pouvais un minimum contrôler ton loup, nous serions déjà arrivés à notre but! Alors arrêtez de perdre du temps et bougez vous bordel!

- Attends... mais comment... comment tu es au courant de...

- Plus tard!

Et il détale de la ruelle sans plus d'explications, sa dernière phrase résonnant dans les silences qui suit. Je reste quelques minutes prostrée, adossée à mon mur, avant de me secouer. Timothée me retient du bras quand je commence à me diriger à pas mal assurés dans la direction prise par Alban:

- Tu vas où comme ça? Tu ne vas quand même pas suivre ce type! Je dois te rappeler qu'il vient de te frapper!?

- T'en fais pas pour ça, je m'en rappelle très bien toute seule. Je ne sais pas ce qu'il m'a fait mais j'ai l'impression de sortir de trois combats de boxe suivis d'un marathon de Paris à Marseilles. Mais Timothée, il est au courant pour mon loup, et peut être pour toi aussi. Et il vient de nous aider à nous enfuir. Alors je ne sais pas qui il est et je pense que c'est une très mauvaise idée de le suivre, mais on ne peut pas passer à côté de ça.