☽ 𝑴𝑶𝑶𝑵 𝑮𝑰𝑹𝑳 ☾

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐𝟗

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BISE ET BONNE LECTURE ♥️

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Nous talonnons Alban à travers la forêt, à une vitesse folle pour ne pas le perdre de vue. Celui-ci ne semble pas se soucier de nous, ne nous prévenant jamais des directions qu'il a l'intention de prendre, ne prenant pas non plus la peine de ralentir ni de se retourner de temps en temps pour vérifier que nous suivons bien. Vraiment rien ne fait croire que c'est LUI qui nous a invité à le suivre... Après peut-être voulait-il juste nous offrir une moto et maintenant il se demande pourquoi deux cons lui collent aux fesses depuis une heure... Et nous ne savons même pas où nous allons! Il fait à présent nuit noire, le vent souffle toujours même sous le couvert des arbres et je dois me serrer contre Timothée pour capter un peu de chaleur humaine, sans quoi je suis sûr que mes doigts tomberaient de mes mains.

Alors que je regarde difficilement par-dessus l'épaule de Timothée pour tenter de voir la route, l'ombre d'un bâtiment se dessine entre les arbres devant nous. Je ne peux m'empêcher de souffler de soulagement quand Alban ralentit et nous fait un signe de la main pour nous intimer de nous arrêter à hauteur de ce qui semble être un pavillon de chasse. Sans échanger un mot, nous garons les motos contre le mur de brique, les reliant par un cadenas. Me lever est un vrai calvaire: la moto a réveillé les bleus que je m'étais fait en sautant du toit du motel et j'ai l'impression que mes fesses ont pris la forme de la selle. Nul doute que ce sont de bons engins, mais il n'en reste pas moins que monter à deux sur une moto n'est pas l'idée du siècle.

Une nuit d'un noir d'encre a enveloppée la foret, nous empêchant de voir à trois mètres, et je décide de suivre le mur de la main pour ne pas risquer de me perdre je ne sais où. Il est clair que Alban ne gaspillera pas une minute de son précieux temps à se lancer à ma recherche. Je sens sous mes doigts le contour d'une porte et en actionne la poignée. Elle ne résiste pas et s'ouvre sans difficulté sur une unique pièce plongée dans la pénombre. Notre insupportable guide appuie sur un interrupteur et se dirige sans hésitation vers la cheminée qui trône sur le mur du fond, comme s'il connaissait déjà l'endroit, ce qui doit être le cas tout compte fait.

- Il faudrait aller chercher du bois si vous voulez pas cailler cette nuit.

Je fouille dans mon sac à la recherche de ma lampe de poche en me retenant de lui répliquer qu'il a des bras et des jambes pour se servir lui-même. Mais bon, il a fourni les motos, nous pouvons bien lui donner son fichu bois. Je parviens enfin à trouver la lampe dans le fatras de mon sac et reviens sur mes pas en prenant soin de claquer la porte plus fort que nécessaire en sortant, comme une gamine. Timothée me suis, armé d'une petite lampe de poche en porte clef que nous avions confectionnée en techno l'année dernière... Enfin, la sienne a fonctionné, la mienne n'a jamais daigné s'allumer. Je crois que même le prof n'a pas réussi à trouver comment je me suis débrouiller pour inventer la première lampe torche ayant l'incroyable capacité d'être impossible à allumer. Bref. Nous marchons en silence dans la forêt, tâchant d'être le plus efficace possible car la nuit est froide en ce mois de décembre. Timothée, les bras chargés de branches, me regarde pendant quelques instants avant de souffler:

- Tu vas bien?

Est-ce que je vais bien? Je prends quelques secondes pour considérer la question. Nous avons trouvé un mec qui semble en savoir long sur les loups garous et qui sait vraisemblablement ce qu'il fait. Et je compte bien lui arracher des réponses à mes questions. Pourtant l'avenir semble toujours aussi incertain: je ne sais pas ce que je ferais une fois dans le clan de l'Aurore, j'ignore même si Alban nous y conduit bien ou s'ils m'accepteront. Mais j'ai envie d'y croire, j'ai envie de garder espoir de retrouver un foyer, une famille quelque part. Je ne sais pas où il me mène, mais j'ai enfin l'impression d'avoir trouvé un chemin alors que j'étais perdue. Je sourie doucement tout en ajoutant une bûche supplémentaire sur le fardeau de mon ami, et me contente de répondre: