Prologue

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Parce que son sourire a volé mon cœur aux étoiles.



The Chainsmokers & Coldplay - Something Just Like This

En ce début d'après-midi grisonnant, la capitaine Montgomery arrive enfin devant le parking de l'hôtel de police. Elle s'avance face au bâtiment ancien qui se dresse devant elle, s'arrêtant un instant pour contempler son nouveau lieu de travail.

C'est sa première mutation, et comme toujours, elle est rongée par l'appréhension. Qui sait ce que l'avenir lui réserve entre ces murs ? C'est vrai qu'elle se plaisait beaucoup dans son ancien poste, alors changer d'environnement du jour au lendemain n'est jamais facile.

Sinistre dans les nuages noirs et gonflés du ciel, le toit de l'hôtel de police semble presque la menacer d'entrer. Pourtant, elle remarque que la peinture ancienne et colorée des murs lui renvoie une image rassurante.

Peut-être que ce ne sera pas si mal, finalement.

Quand son ancien patron lui avait tendu la lettre cachetée aux couleurs de la République quelque mois auparavant, elle avait vu tout son monde s'effondrer. Bien sûr qu'elle s'attendait à devoir changer de lieu d'exercice un jour ou l'autre, mais c'était tôt. Elle venait tout juste de faire ses preuves auprès de ses collègues qu'elle était déjà repartie.

Et puis, en lisant la lettre plus en détails, un mot l'avait frappé comme un obus lancé à pleine vitesse.

Martinique.

Que diable avait-elle fait de travers pour être mutée à l'autre bout de sa petite métropole ? D'accord, une centaine d'agents de polices auraient tué pour avoir sa place sur l'île paradisiaque, mais pas Sand Montgomery.

Non, elle était bien plus du genre à préférer son petit calme tranquille et sa routine de travail organisée qu'à rêver d'enquêtes au bord de mer avec le soleil qui tape sur la nuque comme dans un four.

Comme pour la contredire, le soleil n'est même pas de sortie aujourd'hui.

Les graviers craquent sous ses chaussures alors qu'elle marche lentement dans l'allée en direction de l'entrée, son sac à dos se balançant contre sa chemise. Elle monte les trois marches sous le porche, étonnée de trouver la cour déserte. Il n'y a que des voitures silencieuses sur le parking, et la zone n'est pas très animée.

Vu de l'intérieur, l'endroit semble un peu plus grand que ce qu'elle a tout d'abord imaginé. Les couloirs sont à l'air libre, protégés de la pluie et du soleil par des avant-toits bleus, et la cour intérieure est assez spacieuse.

Sand croise un officier qui la salue poliment en longeant les portes des bureaux du rez-de-chaussée, l'arrêtant pour lui demander ce qu'elle fait ici. Visiblement, ils n'étaient pas tous au courant de son arrivée, ce qui ne la rassure pas.

Elle en profite pour lui demander où se trouve le bureau du commissaire Etcheverry. Ce nom était bien précisé dans la lettre de mutation, et elle sait qu'il est sans doute le plus haut gradé de cet établissement. C'est donc à lui qu'elle doit se présenter avant d'être affiliée à une équipe.

Une fois que l'homme lui a indiqué qu'elle devait se rendre au deuxième étage, Sand prend les escaliers en se demandant ce qui l'attend derrière la porte là-haut. Sa respiration est un peu trop rapide, mais malgré ce détail, personne ne peux deviner les multiples doutes qui tournoient dans son cerveau.

Le vent tiède emmêle ses cheveux blonds et elle les repousse de sa figure avec une petite grimace, vérifiant dans le même temps que son téléphone portable est bien en silencieux. Ce serait embarrassant qu'il se mette à sonner au milieu du bureau.

Concentrée sur son écran, Sand ne remarque pas la femme qui descend les escaliers avec énergie face à elle, jusqu'au moment où elles entrent en collision, envoyant valser son café contre sa chemise blanche.

-Vous pouvez pas regarder où vous allez sérieux ? proteste la femme quand Sand relève la tête.

Elle est de petite taille, les cheveux attachés en une queue de cheval négligée et portant un tee-shirt sur lequel est inscrit en rouge : « fearless ». Ses yeux détaillent Sand des pieds à la tête en un centième de secondes.

-Je suis vraiment désolée, s'excuse celle-ci en contemplant sa chemise tachée. Je cherche le bureau du commissaire et...

La femme indique la porte dont elle sort avec un signe de menton, sans quitter Sand des yeux. Il se passe un court instant dans lequel personne ne dit plus rien, se défiant du regard. Finalement la concernée reprend sa descente rapide en marmonnant dans sa barbe.

-Sais pas si vous êtes suicidaire ou juste maso.

Se retournant vers les escaliers sans comprendre, Sand s'apprête à lui demander pourquoi elle lui fait remarquer ça, avant de se rendre compte qu'elle a déjà disparu au rez-de-chaussée. Cette femme est une vraie tornade, et maintenant sa chemise impeccable est ruinée. La capitaine se mord la lèvre, imaginant qu'elle s'est déjà faite une ennemie avant même d'avoir commencé. Ce travail s'annonce chaotique.

Avec un soupir résigné, Sand se dirige vers la porte semi-ouverte.

Et si c'était elle ?  -    [Romance Lesbienne]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant