Chapitre 14

778 44 8
                                    

Chris Isaak - Wicked Game


/ ! \ Contenu mature explicite

D'accord, elle s'était dit qu'il fallait qu'elle arrête. Enfin, c'était plutôt la commandante qui l'avait réprimandée. Sous prétexte qu'il serait bon pour elle de se poser un peu, Sainte-Rose voulait qu'elle stoppe ses conquêtes d'un soir. Mais Gaëlle écoutait rarement la commandante.

En fait, suivre des règles, très peu pour elle. Ironique venant d'une policière.

Raison pour laquelle elle se tient là, sur la petite terrasse du bar de plage, sa paire de talons pendante dans sa main.

La musique agresse ses oreilles, les lumières trop vives de la soirée l'obligeant à plisser les yeux, alors qu'ils sont dirigés vers la queue formée à la caisse.

Un peu plus loin, l'homme accoudé au comptoir lui lance un clin d'œil en attendant de pouvoir régler leurs boissons. Sa peau est mate, presque couleur ébène, et il est très grand. On pourrait presque dire qu'il ressemble à Baptiste, le cousin de Phil.

Mais Gaëlle n'est pas là pour penser au travail. Elle veut juste s'amuser.

Alors quand il la rejoint avec un sourire, elle se contente d'attraper sa main, enroulant ses doigts dans les siens et de le conduire à son voilier avec empressement. Ils marchent sur le ponton en bois, elle en pieds nus et lui en baskets, et se hissent sur son bateau sans un mot.

Elle ne sait pas quelle heure il est, pourtant contrairement aux nombreuses autres fois, elle est quasiment sobre. Tout ce qu'elle sait, c'est que le ciel est noir, parsemé d'étoiles qui brillent doucement et que sa peau se couvre de frissons quand le vent frais de la nuit se lève.

Comme s'il le devinait, l'homme caresse son épaule nue avec la paume chaude et douce de sa main droite, et elle lui indique simplement les marches menant à son lit. Elle ne connait même pas son nom.

A vrai dire, il a du lui dire au début de la soirée, mais ce n'est pas ce qui l'intéresse vraiment. Lui non plus ne se souvient sûrement pas du sien, et c'est mieux ainsi. La semaine prochaine, ils se seront déjà oubliés.

Ses cheveux noirs sont rabattus en arrière et laissés ébouriffés négligemment, et les mèches de son épi se libèrent quand il descend les escaliers avant elle.

Il la fait basculer contre le matelas sans préambule, insensible face au bordel ambiant dans la pièce. Accrochant ses jambes autour de sa taille alors qu'il commence à l'embrasser avec fougue, Gaëlle le laisse faire, ses ongles agrippant le marcel gris en essayant de le lui retirer.

Il l'aide et stoppe son assaut sur ses lèvres pour passer le débardeur par-dessus ses épaules bien taillées, le lançant dans la pièce. Rapidement, il le fait rejoindre le chemisier de la capitaine sur le sol, puis ses sous-vêtements.

Il n'y a pas de paroles douces ou de promesses d'amour échangées. Il y a quelque heures ils ne se connaissaient même pas, et Gaëlle sait que lui aussi, il n'est là que pour s'amuser.

Seulement des gestes, désireux et affamés, bien loin de la précision certaine que pourrait avoir un couple d'amoureux fous. Et c'est mieux comme ça.

Il y une couche de sueur recouvrant les épaules de l'homme, les faisant briller dans la faible lumière de la lune comme dans un mauvais film. Les ombres dessinent sa mâchoire, faisant ressortir les muscles de son abdomen quand il se penche par-dessus Gaëlle.

Cette fois, c'est elle qui reprend le baiser, enroulant ses bras autour de son torse pour l'attirer plus près, le laissant découvrir son corps. Il ne se fait pas prier pour faire glisser ses doigts curieux contre sa peau brûlante, stimulant son désir encore plus que ce qu'elle croyait possible.

Pourtant, contrairement à d'habitude, Gaëlle se rends compte que c'est la désir d'être touchée, de soulager la tension dans son corps qui l'envahit, et non un désir dirigé en direction de cet inconnu. Non, étrangement, lui ou un autre n'aurait pratiquement rien changé.

Il débute l'acte, l'obligeant à cambrer son corps de plaisir et tirant un gémissement avorté des lèvres de Gaëlle. Tandis qu'il accélère très légèrement, elle fixe une veine palpitante dans son cou.

Elle ne peut pas s'empêcher de repenser aux événements des derniers jours. La découverte de l'existence de Mallory, la fin de son enquête avec la gendarmerie, sa soirée avec Sand. Si le ridicule pouvait tuer, elle se doute qu'elle ne serait plus là pour y faire référence depuis.

Elle ne l'a pas revue depuis leur repas avec Phil, et Aurélien a repris son ordinateur pendant toute l'après midi suivante. C'était agréable de ne pas l'avoir dans les pattes, et en même temps assez déconcertant. Elle est plus habituée à la présence de cette petite blonde dans son bureau que ce qu'elle admettra.

L'idée qu'elle devra travailler avec elle pendant des années dans le futur, et que son joli duo avec la commandante était définitivement terminé l'a beaucoup agacé. Petit à petit, elle imagine que son cerveau s'y est fait.

L'homme grogne en s'emparant à nouveau de ses lèvres, allant plus profondément en elle. Gaëlle l'encourage à accélérer avec les hanches, sans quitter des yeux la veine qui se détache de la peau parfaite devant elle.

Pourtant, c'est comme si plus elles devenaient amicales, s'approchant de ce qui peut être qualifiées d'amies, plus Aurélien s'éloignait d'elle. Comme s'il laissait la place à Sand.

Et ça, Gaëlle trouve que c'est encore plus agaçant que de ne pas trouver de raisons valables au bordel que fiche la capitaine dans sa vie depuis son arrivée.

Plus agaçant encore : la commandante a cessé ses blagues déplacées sur l'animosité entre les deux femmes depuis peu, se contentant de ne plus aborder le sujet avec elle.

Mais qu'est-ce qu'ils ont tous ?

Et puis, il y a Phil. Phil le fébrile, qui devient anxieux mortel depuis quelque jours dès qu'il se trouve dans la même pièce qu'elle, cherchant à l'éviter et lui donnant ce fichu dvd. Un documentaire animalier, avait-il précisé en virant au rouge brique. Sur les mouflons.

Qu'est ce qu'elle peut avoir à foutre de ses mouflons ?

Les lèvres de l'homme se promène sur sa poitrine alors qu'elle le sent s'approcher du bord, devenant erratique dans ses poussées. Elle gémit quand ses ongles s'enfoncent dans la peau de ses fesses, avant qu'il n'atteigne son point culminant et frappe un point au plus profond d'elle.

Gaëlle, les jambes tremblantes, touche aussi sa libération au moment ou elle sent le préservatif se gonfler brutalement. Pourtant alors que l'homme grogne de plaisir contre sa clavicule, Gaëlle n'arrive pas à réfléchir à autre chose qu'à Sand.

Il lui dit qu'elle est bonne, l'un de ses meilleurs coups, et que si elle veut, ils peuvent commencer un deuxième round. Il lui demande ce qu'elle en pense.

Ce qu'elle pense ?

Juste l'agaçante, la parfaite Sand qu'elle a souvent envie de gifler pour son trop grand sérieux. Et au contraire, qu'elle a parfois envie d'embrasser contre un mur de l'hôtel de police.

Attend, non.

Pas la dernière remarque... Si ?

Et puis merde.


Et si c'était elle ?  -    [Romance Lesbienne]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant