Et si c'était elle ? - [Romance Lesbienne]

Chapitre 33

Selena Gomez – People you know

Quand Sand ouvre les yeux, elle comprends assez vite que sa journée s'annonce compliquée. Sa tête bat, sa langue est sèche et lui donne l'impression d'avoir la bouche bourrée de coton, et elle sent l'iode.

Après un moment de réflexion, elle prend conscience qu'elle est dans son appartement, avec son pyjama. Mais elle ne sait pas du tout comment elle est rentrée chez elle. Les souvenirs de la veille sont flous, cependant pas assez pour lui permettre de douter des évènements.

Il y a du bruit dans la cuisine, alors elle décide de se lever pour aller voir, et glaner quelques informations sur la façon dont elle est rentrée chez elle.

Son jean et son tee-shirt son encore en tas au pied de son matelas. Trempés et en boule, elle les décale du bout des orteils juste pour découvrir la flaque d'eau de mer qui s'est formé en dessous avec une grimace. Super.

Avec une grimace, elle traine des pieds dans le couloir sans prendre la peine d'ouvrir les volets, se dirigeant vers la seule source de lumière de l'appartement : le salon.

Sand imagine que c'est Gaëlle qui fait tinter la vaisselle chez elle, et cette nouvelle la rend assez mitigée. Ce n'est pas vraiment comme ça qu'elle imaginait leur première relation charnelle. Du moins, elle aurait préféré s'en rappeler.

D'un autre côté, elle ne pense pas qu'elle aurait pu prédire qu'il y avait quelque chose de réciproque entre elles deux. D'accord, il y avait de la taquinerie, mais elle imaginait que c'était comme ça qu'était la brune avec ceux qu'elle considérait comme des amis. Après tout, elles ne sont plus vraiment ennemies, et Sand l'a déjà vu taquiner la commandante à de très nombreuses reprises.

Pourtant, quand elle débarque dans la cuisine, les cheveux en bataille et l'haleine aromatisée à l'alcool, elle est surprise de ne pas y découvrir une petite brune sarcastique mais une jeune fille blonde.

Mallory.

Quelque part, elle se sent presque déçue de cette vision. Cette déception la met légèrement en colère : c'est sa petite sœur, elle devrait être heureuse de la revoir.

En l'entendant arriver, la plus jeune se retourne et la toise des pieds à la tête avec une expression indéchiffrable.

-Salut, déclare-t-elle d'une voix plate.

Sand ne sait pas comment réagir à ces paroles. C'est assez froid, et elle se demande si elle a fait quelque chose de mal.

-Tout va bien ? demande-t-elle à sa sœur.

-Moi ? Oui, reprend la plus jeune. C'est pas moi qui suis rentrée complètement bourrée hier alors que j'étais en congé.

La tête toujours douloureuse, la capitaine envie un instant le tiroir de bureau de Gaëlle dans lequel elle range sa bouteille d'eau de coco. Selon ses dires, c'est plus efficace qu'une aspirine. Eh bien, elle en aurait bien besoin.

-A ce propos... tente-t-elle. Tu sais comment... ?

Mallory semble exaspérée quand elle lui tourne à nouveau le dos pour continuer de vider son bol de céréales dans l'évier et le remplir de produit vaisselle. Une bulle s'échappe du bouchon de la bouteille quand elle la repose un peu trop violemment.

-Ouais, c'est un mec qui t'as ramenée en début de soirée, répond-t-elle. J'étais déjà rentrée et il y avait personne à l'appart. Il était assez grand, musclé, la peau brune. Ah oui, ses cheveux étaient crépus aussi. IL s'est excusé du dérangement mais m'a dit qu'il voulait être sûr que tu sois bien chez toi.

Alors qu'elle s'assoit sur le canapé, la description se forme petit à petit dans son esprit douloureux, jusqu'à dessiner le portrait évident de quelqu'un. Quelqu'un qu'elle connait même très bien.

Et merde.

Aurélien.

-Oh bordel, grogne-t-elle en se prenant la tête dans les mains.

Mallory hausse les épaules en attrapant l'éponge dans le tiroir. Ses cheveux blonds sont déjà attachés en une queue de cheval et son sac de cours attend contre la porte d'entrée.

-Tu peux le dire, rétorque-t-elle.

-T'es en colère parce que j'ai trop bu ? demande Sand sans s'empêcher de poser la question.

Mallory hausse les sourcils en se tournant vers elle, les mains toujours plongées dans la mousse de sa vaisselle.

-Nan, répond-t-elle comme une évidence. T'es une adulte, tu fais bien ce que tu veux. Par contre, la prochaine fois, prévient moi avant de me faire ce coup. J'espère que le mec avec qui tu t'es bourrée était mignon au moins, parce que vu comme celui qui t'as ramené riait, c'était pas lui.

La remarque est tellement absurde que Sand rit dans ses paumes, sans prendre en compte l'incompréhension totale de sa sœur. Oh bordel. Dans quoi est-ce qu'elle s'est fourrée encore.

-C'était Gaëlle, marmonne-t-elle sans lever les yeux.

Un silence abasourdi lui fait écho, ponctué par une éponge jetée dans l'évier sans grande préoccupation, avec un splash lourd.

-Genre, Gaëlle en tant que collègue, ou c'était quand même un date ? Avec une fille ? demande Mallory prudemment.

Sand relève la tête pour fixer le mur face à elle sans savoir quoi répondre exactement.

-C'est ce que je cherche à comprendre aussi, avoue-t-elle en croisant enfin le regard étonné de sa sœur.

Mallo l'observe sans bouger depuis le côté du bar, les bras croisés contre sa poitrine d'un air amusé. Une fossette légère est marqué dans le coin inférieur de sa joue, signe qu'elle se retient de sourire.

-Vraiment ?

Sand sourit aussi malgré elle et hoche la tête.

-Pourquoi ça à l'air de te faire autant plaisir ? demande-t-elle avec une pointe d'incompréhension.

Sans prendre la peine de répondre, Mallory se dirige vers son sac qu'elle pousse sur le côté alors qu'elle enfile ses chaussures. En même temps, la capitaine observe sa propre paire de baskets, heureusement épargnée de l'eau de mer, mais remplie de sable comme si elle s'était amusée à la frotter le long de la plage.

Boire avec Gaëlle ne sera plus jamais une option, songe-t-elle en se rendant compte de leur état.

-Au fait, reprend Mallory en prenant son sac d'école, jette un œil sur la table basse quand tu seras allée prendre une douche, ça devrait te plaire.

Puis, elle disparaît comme ça, fermant la porte d'entrée dans son dos tandis que Sand lui crie dessus.

-Dit que je pue aussi, non mais !