Ivan B - I Don't Understand You
Sand est étonnée de trouver Gaëlle déjà installée à son bureau quand elle franchi la porte, alors qu'elle a presque une bonne demi-heure d'avance sur ses horaires habituels. Même quand Sand est légèrement en retard, en général, sa collègue n'est même pas encore là. Avec un petit sourire, elle la salue et s'avance pour déposer ses affaires, mais la concerné ne lui retourne qu'un simple regard en coin.
Bon, elle a l'air de bonne humeur.
Il y a une table en bois, petite et d'apparence neuve qui a été poussée dans la pièce, appuyée contre le mur. La surface est vide, mais une chaise est tout de même rangée en dessous. Sand se demande bien à quoi elle peut servir. Peut-être que c'est Aurélien qui a décidé de la faire déposer ici ?
Sans trop y penser, elle dépose son casque de vélo sur le sol et enlève son sac à dos pour le poser à proximité. Le porte bonheur que lui a offert Mallory se balance au bout de la fermeture alors qu'elle le fait glisser de ses épaules.
C'est un porte-clé, mais il a été redécoré avec soin par sa petite sœur. Une plume est fixée à son extrémité et des petites figurines construites en pâte fimo la tiennent. Un vrai balai de couleurs criardes.
Sand l'aime bien.
Quand Aurélien entre dans la pièce avec la mine enjouée et la salue, Gaëlle relève la tête, détaillant son collègue d'un regard plissé. Il remarque sa mauvaise humeur car il ne peut s'empêcher de froncer les sourcils, regardant Sand en levant les yeux au ciel.
-Je vais devoir utiliser l'ordi, explique-t-il sans faire de remarques a Gaëlle. C'est urgent donc je ne pense pas que tu ai le temps de finir ce que tu avais entrepris hier. De toute façon, le commissaire voulait te voir, il m'a dit qu'il allait passer.
Etonnée, Sand l'interroge en silence, avant de finalement poser la question à voix haute.
-Etcheverry ? Pourquoi ?
Aurélien hausse les épaules et prend une gorgée de café avant de se détourner pour aller s'installer à l'ordinateur. Sand s'attend à une remarque sarcastique de Gaëlle, mais la concernée ne décroche pas un mot.
-Je sais pas, avoue Aurélien. Il m'a simplement dit qu'il avait des infos à te donner et qu'il allait passer, il ne devrait pas trop tarder.
Sand ne comprend pas trop mais se contente de hocher la tête, fouillant ses poches à la recherche d'un élastique à cheveux. Même si le commissaire s'en moque, autant avoir l'air présentable. Elle finit par mettre la main sur ce qu'elle cherche, s'attachant les cheveux en un chignon désordonné et repoussant la mèche blonde qui lui tombe devant les yeux.
Aurélien est déjà au travail, occupé à pianoter son rapport, tandis que Gaëlle fixe l'écran d'un regard totalement vide, sans doute plongée dans ses pensées.
La commandante les salue depuis le couloir en passant devant la porte, à quoi Sand répond avec un sourire. Elle ne comprend pas trop pourquoi la simple mauvaise humeur de sa collègue réussi a plonger l'ensemble du bureau dans une ambiance aussi électrique. Manifestement l'un des autres nombreux super-pouvoirs de Gaëlle.
Des coups bourrus contre le cadre de la porte résonnent et elle se retourne en vitesse, remarquant le commissaire dans l'encadrement de la pièce. Il hoche la tête quand leurs yeux se croisent, avant d'observer brièvement Aurélien, puis Gaëlle. Enfin, il s'avance dans le bureau et se plante devant Sand, qui ne sait pas exactement ce qu'elle est sensée lui dire.
Par chance, il prend la parole en premier.
-Montgomery, commence-t-il. J'espère que tout se passe bien jusque-là.
Elle acquiesce avec un léger sourire.
-Oui, il n'y a aucun problème, merci.
Il ne répond pas et se contente de se diriger vers la table en bois qu'elle a remarqué plus tôt, sortant un carton plat de sa sacoche qu'elle n'avait pas vu. Il le dépose sans trop de douceur et tapote sa surface, satisfait.
-C'est pour vous ça, Montgomery, explique-t-il en se retournant. Ordinateur portable acheté par la maison, ce sera plus efficace que votre partage à la noix. Bon, évidemment il ne quitte pas l'hôtel de police, c'est un prêt. Mais j'aimerais bien que ça puisse accélérer le boulot.
Sand le regarde déballer le carton ; ou plutôt arracher les lambeaux du paquet sans trop de délicatesse. Puis il observe l'appareil avec fierté, et hoche la tête une fois pour lui-même.
-Je... heu, merci ? demande Sand, incertaine.
Même le clavier d'Aurélien s'est arrêté dans son dos.
-C'est super ça, commissaire, commente-t-il d'un ton qui prouve qu'il a du mal à y croire.
Comme s'il avait compris l'allusion, Etcheverry se tourne vers Aurélien, avec un sourire grinçant.
-Oui eh ben, au travail, vous, lance-t-il sans toutefois contenir la satisfaction dans sa voix.
Aurélien pouffe en reprenant son rapport, visiblement dépité par l'ego du vieil homme, mais plus amusé qu'autre chose.
-A vos ordres, chef.
Le commissaire lève les yeux aux ciel, attrape les copeaux de cartons étalés sur la table et se dirige vers la sortie d'un pas nonchalant. Au moment où il approche de la porte, Gaëlle rompt enfin son silence buté.
Peut-être aurait-il valut qu'elle ne le fasse pas.
-Ben putain, coupe-t-elle. J'étais pas au courant que Phil avait fait des expériences de clonage sur le commissaire.
Sand comprend immédiatement qu'il n'y a aucune touche d'humour dans le ton utilisé par sa collègue, qui est au contraire très acerbe. Elle jette un regard d'incompréhension dans la direction de la brune. Mais que lui arrive-t-il aujourd'hui ?
Les traits de Gaëlle sont pincés, presque agressifs et elle fixe le commissaire en attendant une réponse. C'est très clairement du défi.
Pourtant, le concerné a l'air habitué à ce genre de comportement de sa part, car il se contente de s'arrêter et de pivoter sur ses talons, les sourcils haussés.
-J'ai dit au travail, Crivelli. Commencez pas à m'emmerder.
Avant qu'elle ne puisse rétorquer, il est parti dans le couloir, laissant une Gaëlle fulminante et une Sand complètement éberluée.
Aurélien soupire et se lève, allant chercher quelque chose ailleurs, ou fuyant simplement le champ de bataille. Sand décide soudainement que ce n'est pas une mauvaise idée. Après tout, ce n'est pas à eux de s'occuper de chaque mouvement d'humeur de leur collègue.
Décidée, elle suit Aurélien dans le couloir. Quand il monte les escaliers pour aller voir Phil, leur conversation de la dernière fois lui revient en mémoire et elle décide d'aller rendre visite à la commandante. C'est plus adéquat.
Elle franchi la porte du bureau, juste à côté du leur. Mélissa est en train de ranger sa paperasse en sifflotant et se tourne vers elle avec un sourire.
-Ah Montgomery, tout va bien ?
-Oui, répond la concernée. Mis à part la grenade amorcée qui me sert de collègue. Je venais discuter un peu.
Sainte-Rose hoche la tête et lui indique la chaise à côté de son bureau.
-Je vois, commente-t-elle alors que Sand s'assoit. Un besoin de se changer les idées alors.
La blonde confirme avec un sourire soulagé. Quelque secondes seulement après qu'elles aient commencé à parler, Gaëlle passe dans le couloir en criant après l'un des agents.
Au lieu d'avoir l'air exaspérée comme Aurélien, Sainte-Rose éclate de rire.
-Pire que ce que je pensais, commente-t-elle. Vous savez quoi ? Pour la peine, je vous invite pour le dîner chez moi, ce soir. Je n'ai pas eu d'occasion de discuter beaucoup avec vous en dehors du cadre de l'hôtel de police, ça nous fera du bien à toutes les deux.
VOUS LISEZ
Et si c'était elle ? - [Romance Lesbienne]
Storie d'amoreMutée loin de chez elle sur un nouveau lieu de travail, la capitaine de police Sand Montgomery s'attend désormais à tout : des enquêtes, de nouveaux criminels, la possibilité d'un patron cruel... Elle sait très bien qu'elle aura de nouveaux collègue...