Et si c'était elle ? - [Romance Lesbienne]

Chapitre 17

Don't Be A Fool - Shawn Mendes

La première chose qu'elle remarque en arrivant en bas de l'immeuble, c'est la lumière qui filtre depuis sa porte fenêtre dans les petits trous formés par le store, visible depuis le parking à l'extérieur. Le vent s'est levé pour de bon, balayant ses cheveux détachés avec violence alors qu'elle paye le taxi et s'éloigne vers la porte d'entrée.

Alors qu'elle attend l'ascenseur dans un silence religieux, du à l'heure vraiment tardive, Sand se questionne sur les multiples raisons qui auraient pu pousser Mallory a rester éveillée si tard. Ou si tôt, si elle prend en compte le petit 01:34 affiché sur l'écran de son téléphone portable.

Cet écran même qui reste désespérément vide de toute notification, à l'exception du SMS envoyé par Chloé un peu plus tôt lors de l'échange de leurs numéros, qu'elle n'a pas encore ouvert.

Elle n'a pas passé une soirée aussi amusante depuis ce qui ressemble pour elle a une éternité, mais sa joie et le calme tranquille qui avait élu domicile dans son cœur est de courte durée.

La liste des raisons multiples de cette lumière à sa fenêtre a raison de son cerveau anxieux, la poussant à se demander si il est arrivé quelque chose à Mallo. Elle aurait dû être là, ne pas la laisser seule le soir alors qu'elle est consciente de l'état de santé précaire de sa petite sœur.

D'accord, Mallory est grande, et n'est plus une enfant de collège. Il y a quelque années, peut-être un ou deux ans, elle avait l'habitude de la laisser seule quand ses collègues de poste organisaient des fêtes au commissariat qu'elle ne pouvait pas manquer. Souvent, l'alcool y coulait à flot, et l'ambiance n'y était pas très présente.

Elle ne regrette pas de ne plus avoir à y assister, mais se demande si c'était une bonne idée d'accepter l'invitation de Sainte-Rose.

Les portes en métal s'ouvrent avec un petit tintement et Sand marche vite dans le couloir, se dirigeant vers sa porte d'entrée. Comme elle s'y attendait, elle n'est pas verrouillée et la poignée coulisse facilement dans sa main alors que le cadre en bois se pousse sans un seul grincement.

Le canapé-lit est déplié, la fenêtre ouverte dans une vaine tentative de rafraîchir l'intérieur avec l'air de la nuit, bien que le volet ait été tiré. La lumière de la cuisine est la seule allumée, suffisante pour éclairer le petit studio dans son intégralité ou presque.

Les cheveux lâchés sur ses épaules, Mallory est assise dans le lit, une couverture drapée sur ses jambes alors qu'elle reste plongée tranquillement dans son roman. Ses lunettes de lectures ont glissé au bout de son nez comme si elle était une personne âgée, et Sand sourit malgré elle.

Sa petite Mallory va bien. Elle ne semble même pas fragile, comme si la maladie n'était pas occupée à lui ronger le cœur insidieusement.

Une mouche tourne en rond dans un petit vrombissement d'ailes, se posant finalement sur les rideaux longs de la porte-fenêtre tandis que Sand referme la porte, s'apprêtant a demander pourquoi elle n'est pas couchée.

Remarquant sa présence, sa petite sœur se tourne dans sa direction, réajustant sa position dans la montagne de coussins en pilou accumulés derrière son dos. Ses lèvres pâles se tintent d'un sourire, réchauffant la poitrine de Sand.

Mais elle ne lui retourne pas le geste, trop occupée a froncer les sourcils.

-Que... commence-t-elle, seulement pour être interrompue par l'index levé sur la bouche de Mallory.

Parce qu'il n'y a pas que Mallo dans l'appartement. En fait, il n'y a pas que Mallo dans la pièce du studio tout court ; ni seulement elle sur son lit-canapé.