Counting Crows - Accidentally In Love
Quand Sand se réveille, ce n'est pas à cause des ronflement légers de la femme couchée à sa droite, ni à cause de la lumière déjà vive du soleil.
Non, en fait, c'est surtout parce que son bras est presque enroulée autour de quelque chose de chaud. Quelque chose qui, étrangement, s'abaisse et se soulève de façon coordonnée aux ronflements.
La jeune femme met un peu de temps à reconnaître à qui appartient le corps sous le tee-shirt de couleur vive à côté d'elle, mais quand la réalisation l'atteint, elle préférerais ne pas l'avoir fait.
Retirant vivement sa main de la taille de Gaëlle en se redressant, elle comprend pourquoi son environnement ne lui semble pas familier. La soirée de la veille lui revient rapidement en tête, la frappant en même temps que le fait qu'elle a dormi toute habillée.
Et qu'elle a complétement oublié Mallory. Bordel.
Quand elle trouve enfin son téléphone portable posé sur le sol dans une de ses chaussures, elle se tortille depuis le matelas pour l'attraper, son coude entrant malencontreusement en contact avec les cotes de Gaëlle.
Cette dernière marmonne en se réveillant, prenant tout d'abord le temps d'enregistrer qu'il fait jour, et ensuite le fait qu'elle a une sacrée gueule de bois. Quand Sand pousse un juron, sa tête se redresse en un centième de seconde, rencontrant une tête blonde qui est aussi assise sur son lit.
-Sand, qu'est-ce que tu fiches ici ? s'écrie Gaëlle en se relevant comme un diable, s'éloignant d'un pas sous le choc.
-Putain il est dix heures ! s'exclame Sand au même moment.
Cherchant quelque chose pour se couvrir avant de se rendre compte qu'elle est déjà (ou encore) habillée, Gaëlle secoue la tête, grimaçant quand la migraine commence à lui vriller les tympans.
-Je m'en fous de quelle heure il est, même si c'est à Los Angeles, rétorque-t-elle quand Sand la regarde enfin. Pourquoi tu es dans mon lit ?
Sand à l'air confuse un instant. Celui d'après elle se relève en éclatant de rire, ses longs cheveux blonds ondulant contre ses épaules. De son côté, Gaëlle ne comprend absolument rien.
-Je vois que tu as décuvé, constate Sand en retrouvant son souffle. Tu ne te rappelles vraiment pas ?
Gaëlle se masse les tempes, plus tellement sûre, marmonnant pour elle-même.
-Dit moi qu'on a pas baisé.
L'idée n'avait même pas effleuré l'esprit de son interlocutrice, et quand elle remarque que Gaëlle a relevé les yeux et attend visiblement une réponse, elle balbutie.
-Heu, non...
Pourtant, face à la rougeur subite de Sand, un petit rictus fleurit sur les lèvres de Gaëlle. La blonde lève les yeux aux ciel quand elle comprend pourquoi. Bien sûr, ça n'avait rien d'une demande accidentelle. Mais étrangement, Sand n'est même pas mal à l'aise. En fait, cette situation l'amuse même beaucoup.
-Je ne me rappelle pas de tout, mais ça je le savais, se moque Gaëlle en se passant une main dans les cheveux.
Ces derniers restent tout aussi ébouriffés que si elle n'avait rien fait.
-La conversation n'a servi à rien ? demande Sand avec une inquiétude non cachée.
Pas que certains aspects ne la dérange, mais le fait de devoir tout recommencer ne l'enchante pas tellement. Si seulement elle pouvait oublier les remarques physiques et ne se souvenir que du plus sérieux...
Gaëlle secoue néanmoins la tête.
-Nan, je m'en rappelle globalement, la rassure-t-elle. Pitié, dit moi que je n'ai pas vraiment dit tout ça...
Sand pouffe en enfilant ses chaussures. Visiblement, personne n'a entendu sa prière silencieuse.
-Je crois que ça n'a pas d'importance, explique-t-elle. Vu l'heure, c'est le commissaire qui va te faire une commotion cérébrale si tu ne bouges pas.
-Il est... Oh merde ! jure Gaëlle quand elle se rappelle de l'heure édictée il y a quelque minutes. Sainte-Rose va nous étriper.
-Je conduis, coupe Sand. Pas envie de risquer ma vie en te confiant le volant.
Les deux femmes se dépêchent de monter en voiture, prenant la route de l'hôtel de police. Gaëlle se plaint tout le temps du trajet, jurant sur tout ce qui lui passe par la tête qu'elle ne touchera plus jamais à une bouteille de tequila.
Sand sait très bien que ça ne durera même pas un mois.
Le soleil est déjà haut dans le ciel quand elles arrivent finalement sur le parking bien rempli, et Aurélien croit avoir une hallucination en observant ses deux collègues les plus opposées descendre de la même voiture.
-Ose pas ouvrir ta bouche, le prévient Gaëlle en le dépassant en courant.
Il se contente de masquer son amusement. Sand lui adresse une légère grimace d'excuse en se dépêchant de suivre sa collègue, ses vêtements de la veille toujours enfilés et froissés.
Quand Sainte-Rose fait remarquer que Crivelli a une mauvaise influence sur sa collègue et commence déjà à déteindre sur elle, Sand rougit jusqu'à la racine des cheveux.
Gaëlle se contente de lui servir son sourire le plus fier, et la commandante lâche l'affaire avec une colère non dissimulée. Elle est sans aucun doute à un point ou elle ne sait plus quoi dire pour tenter d'assagir Crivelli, et les deux le savent aussi bien l'une que l'autre.
Puis, la capitaine se presse pour fouiller son bureau, et Sand comprend enfin à quoi sert la bouteille d'eau de coco. Ce qui confirme son hypothèse précédente : Gaëlle n'en est pas à sa première arrivée suite à une soirée trop arrosée.
Alors que la brune l'observe en haussant les épaules, s'essuyant la bouche dans son tee-shirt déjà froissé, Sand ne peux s'empêcher de sourire. Finalement, peut-être que ce nouveau travail lui réserve de bonnes surprises.
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Et si c'était elle ? - [Romance Lesbienne]
RomanceMutée loin de chez elle sur un nouveau lieu de travail, la capitaine de police Sand Montgomery s'attend désormais à tout : des enquêtes, de nouveaux criminels, la possibilité d'un patron cruel... Elle sait très bien qu'elle aura de nouveaux collègue...