Chapitre 20 - Partie 1

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Hayd -the idea of you

Mallo n'est pas la plus habituée des sorties en soirée. La plupart du temps, quand elle doit se préparer à la tombée de la nuit, c'est pour la terminer dans une chambre d'hôpital austère et stérile. Alors ce soir, elle est heureuse de pouvoir profiter de sa grande sœur.

Ce n'est pas comme si rencontrer des collègues de Sand est quelque chose d'habituel, et la voir faire un petit signe de main à Gaëlle fait sourire la plus jeune. Après tout, elle est heureuse que la capitaine se soit fait des amis. Malgré son caractère social, Mallory sait que Sand peut parfois se montrer assez... glaciale.

Ce soir pourtant, elle ne semble pas regretter son choix et se dirige dans la direction de la brune avec un léger sourire aux lèvres. Le même qu'elle aurait nié en bloc si Mallory lui avait fait remarquer.

La fête foraine a été installée pour deux mois vers la grande roue permanente de la ville, sur une place très proche de la plage. L'odeur du pop-corn et de la barbe à papa s'infiltre déjà dans les narines de Mallory.

La musique est forte, et le soleil en très grand déclin. Seule une poignée de rayons est encore visible à l'horizon de la mer, teintant les remous des bagues d'une surbrillance presque rose. Le ciel est déjà foncé. Les lumières de la grande roue et les spots des attractions émanent des halos de toutes les couleurs sur les bâtiments les plus proches de la place.

Elles finissent enfin par s'arrêter proche de Gaëlle, à côté d'un stand de churros. La brune porte un haut noir décolleté et une jupe longue pleine de motifs de tous genres. Ses cheveux ne sont pas plus disciplinés que les autres jours, mais elle porte du maquillage.

-Vous cherchez quelqu'un ? plaisante-t-elle en observant Sand avec un petit rictus.

Mallory s'accroche au bras de sa sœur quand un jeune homme ivre manque de la percuter.

-Une collègue de travail chiante, rétorque Sand sur le même ton. Mais elle a dû disparaître quelque part car je ne la trouve pas.

Visiblement, Gaëlle ne s'attendait pas à une telle réplique car elle ne sait pas quoi répondre. Ses sourcils se haussent d'amusement une demi-seconde, avant qu'elle ne cède en riant.

-D'accord, tu as gagné pour cette fois.

Elles discutent encore un moment mais Mallory ne les écoute pas. Pour être honnête, elle a du mal a comprendre pourquoi sa sœur et sa collègue continuent à se lancer des piques comme si c'était des blagues. Le ton est amusé mais les paroles sont presque provocantes. Elle ne savait pas qu'il était possible pour Sand de rire de ce genre de choses avec quelqu'un d'autre qu'elle.

Quand elle se rend compte que la conversation n'est pas prête de s'arrêter, Mallory fini par les couper en donnant une légère bourrade à Sand.

-Bon on commence par quoi ? demande-t-elle.

-Ma sœur n'est pas autorisée à faire des manèges, explique la blonde à Gaëlle. Tout ce qui est du type rollercoaster lui est interdit. Tu as une idée ?

Gaëlle plisse les yeux, et Sand sait déjà quel genre de chose elle compte lui proposer.

-On peut se défier au stand de tir, affirme la brune. Je parie que je gagne.

Pour deux capitaines, c'est le genre de défi qu'il ne faut pas énoncé, puisqu'une fois posé, impossible de le refuser. Gaëlle le sait très bien, vu la lueur de compétition qui s'allume dans le regard de Sand. Cette dernière lui sourit très largement, et s'incline en avant, sous l'air d'incompréhension de Mallory.

-Très bien, confirme-t-elle. Pari accepté. Prépare toi à regretter ton idée.

-J'en doute, rétorque Gaëlle en commençant à marcher vers le stand en question. Sand et Mallory la suivent, zigzaguant entre les passants avec empressement.

Il est petit, un filet à grosse maille tendu sur le fond où est attachée une multitude de peluches de toutes tailles, des petites jusqu'aux immenses. Des cibles mouvantes sont suspendues devant, dansant sur le comptoir du fond et des fusils de fête foraine, bien loin des armes utilisées par les deux femmes sont aligné face à l'homme tenant la boutique.

Gaëlle achète deux tours, malgré la protestation de Sand pour payer le sien, et il leur remet les fausses armes sous l'air excité de Mallory.

Elles se positionnent contre le comptoir, Sand penchée en avant, le bas de la crosse appuyé sur son bras gauche. Gaëlle se tient plus reculée, l'air moins concentrée mais Mallory comprend que ça ne veut rien dire. Ses doigts expérimentés se promènent pour soupeser la fausse arme, et se placent contre la détente méticuleusement.

Soudain, Mallo n'est plus si sûre de l'issue de la confrontation.

Avec un petit haussement de sourcil face au sérieux des deux femmes, le forain se recule et active à nouveau les cibles. Elles se remettent à bouger dans un grincement métallique, et il attend un peu avant de finalement lancer le décompte.

-Trois, deux, un...

Sand teste ses appuis, et Mallory se retient d'éclater de rire, tandis que Gaëlle reste tranquillement sur la détente de l'arme.

-Feu ! conclu l'homme.

En même temps, elles se mettent à abattre les cibles unes à unes, d'une manière presque trop synchronisée pour dire qu'il n'y a pas eu de concertation.

La détente de Sand est sûre et précise, méthodique, tandis que celle de Gaëlle est plus impulsive mais très rapide. Au bout d'une poignée de seconde, la dernière cible tombe, et Mallory applaudit.

-Alors...

L'homme affiche les écrans de comptage, qui chargent des chiffres rouges sur la surface électronique. Rapidement, celui de gauche, du côté de Gaëlle, se teinte en vert.

Elle a gagné, à deux points près.

-Ah ! s'exclame-t-elle. Yes !

Sand pince les lèvres un instant, mais rend l'arme de bonne grâce.

-Bien joué, reconnaît-elle tout de même.

Elles gagnent toutes les deux de grosses peluches, Sand un ours blanc, et Gaëlle un chiot violet qu'elle accepte de mauvaise grâce. Dès qu'elles se sont éloignées du stand, elle l'offre à Mallory.

Étrangement, le geste fait sourire Sand, et la blonde détourne la tête.

Et si c'était elle ?  -    [Romance Lesbienne]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant