Et si c'était elle ? - [Romance Lesbienne]

Chapitre 35

The village - Wrabel

Sand arrive à l'hôtel de police une heure plus tard sans efforts vestimentaires. Elle est fatiguée, à des restes de sa gueule de bois par-dessous son aspirine, et reste abattue par la révélation du prix du traitement possible pour Mallory. Quand elle gare son vélo, la jeep de Gaëlle est déjà là. Un instant, elle se demande comment la capitaine peut-elle arriver en retard sans raison, mais à l'heure après leur sortie alcoolisée.

Pour sa part, Sand n'a envie que de s'enterrer dans son lit, mais marche tout de même en direction de son bureau. Elle ne porte qu'un pantalon de survêtement gris et un tee-shirt blanc. Son casque est attaché à son sac à dos, frappant ses côtes à chaque pas.

Ce n'est définitivement pas sa journée, et elle n'a même pas encore commencée.

Quand elle arrive dans la pièce, combattant l'envie forte de faire demi-tour, Aurélien est déjà en train de passer un coup de téléphone. Avec lassitude, Sand dépose ses affaires au pied de sa table en bois et ouvre son sac à dos pour prendre une gorgée de sa bouteille d'eau.

Elle entend son collègue raccrocher et se lever de sa chaise, le saluant en croisant simplement son regard. Ses cheveux indomptés encadrent son visage avec volume, et il se contente de s'arrêter avant de sortir, rangeant son téléphone portable dans sa poche avant.

Aurélien doit interpréter son expression défaite comme un signe de fatigue, car il ne dit rien. Un petit sourire amusé lui éclaire le visage.

-Sans commentaire ? demande-t-il simplement, faisant référence à la veille.

Reconnaissante, Sand soupire en baisse le menton un instant.

-Sans commentaire, répète-t-elle avec un marmonnement.

Il acquiesce, lui tapotant l'épaule, et sort dans le couloir à la recherche de quelque chose ou quelqu'un, sûrement la commandante ou Phil.

Une fois seule dans la pièce, Sand laisse échapper un autre soupir et se prend le visage entre les mains. De toute sa vie, elle s'est rarement sentie aussi perdue.

Ses yeux la piquent de fatigue, elle a envie de bailler, ne sait même pas avec quelle force elle a réussi à se lever ce matin, et encore moins comment son vélo est arrivé à bon port. En fait, elle ne se souvient même pas de son trajet jusqu'à l'hôtel de police.

C'est l'avantage du pilote automatique, songe-t-elle amèrement. Laissant tomber ses bras contre le bureau en bois avec un bruit sourd, elle fixe le mur face à elle, défaite.

Comment pourrait-elle expliquer à sa sœur que malgré tous leurs efforts, il va falloir laisser tomber ? Parce que c'est une question d'argent, peu importe ce qu'en pense Mallory. Ça a toujours été une question d'argent.

Et la blonde a trop d'espoir, elle qui avait voulu tout laisser tomber il y a à peine deux semaines, s'était relevée et avait trouvé une solution contrairement à Sand. Tout ce que la capitaine avait réussi à faire, c'est se lamenter sur son sort.

Et maintenant, encore une fois, elle n'est pas à la hauteur de ses attentes. Peut-être qu'après tout, ses parents ne se trompaient pas complètement. Sand ne sait pas s'occuper des autres, comme ils l'avaient si bien précisé, elle finirait par conduire sa sœur à la mort.

Bien qu'ils le faisaient aussi si elle n'était pas intervenue.

Mais au final, cela ne change pas grand-chose à la situation. Parce que bien sûr que Sand n'y arriverait pas. Elle vient d'échouer, encore une fois.

Sur sa droite, quelqu'un se prend l'épaule dans la porte d'entrée de la pièce et pousse un juron étouffé. Il ne faut pas beaucoup d'imagination à la blonde pour l'identifier même sans tourner la tête.