Chapitre 2 - Partie 2

1.1K 58 6
                                    

2

Hayd - Closure

L'homme est d'une nonchalance ressemblant presque à Etcheverry. Elles sont sur place depuis moins de cinq minutes que Gaëlle se retient déjà de ne pas lui dire clairement le fond de sa pensée. La concernant, c'est un effort énorme car avec d'autres suspects elle ne s'amuse pas à prendre autant de pincettes.

Contrairement à elle, Sand à l'air d'avoir un calme et un sang-froid exceptionnel, car elle fait preuve d'une pédagogie qui donne presque envie à Crivelli de hurler. Ce contrôle de soi et les explications munies d'un sourire hypocrite ressemble presque aux manières de faire de Sainte-Rose.

Si Gaëlle se retrouve avec une flic aussi procédurale que la commandante, elle risque de ne pas apprécier très rapidement. Surtout que ce n'est pas Montgomery qui a l'air d'être la nouvelle la plus facile à dérider.

C'est vrai, elle observe la jeune femme user sa gentillesse avec Mac Jharen comme s'il n'était pas la plus grosse ordure de l'île. Les poings serrés, Gaëlle ne dit pas un mot, ce qui est contraire à ses habitudes.

L'homme possède un embonpoint, resserrant les coutures de sa veste au niveau de la taille. Ses petites lunettes rectangulaires font ressortir ses yeux enfoncés, surplombants deux bajoues tremblantes qui lui donnent un air de fouine.

Il est rasé de près, ne laissant rien dépasser sur son menton, et ses cheveux noirs sont rabattus en arrière sur son crâne à l'aide d'une tonne de gel brillant.

Il ne cesse de leur répéter qu'elles ne savent pas à qui elles ont affaire et que ces fausses accusations peuvent aller très loin, jusqu'à se retourner même contre « de simples fliquettes ». Visiblement, l'interrogatoire lui fait perdre un temps précieux, et son humeur décroit à mesure que le temps passe.

En bref, c'est le genre d'homme arrogant que Gaëlle a en horreur absolue.

En temps normal elle aurait déjà mis fin à cette histoire ridicule en le plaçant en garde à vue pour l'ignobilité de ses propos, ou aurait fini par lui hurler dessus sans retenue. Mais pour commencer, il a raison sur un point : sa notoriété joue en sa faveur.

Ensuite, elle se faisait violence pour laisser la nouvelle faire ses preuves. L'agilité avec laquelle Sand maniait la conversation la fascinait autant qu'elle pouvait l'agacer.

Au bout d'une petite heure, elles eurent néanmoins les réponses à toutes leurs questions et laissèrent Mac Jharen prendre congé sans politesse. Le téléphone portable de Sand se met à vibrer à ce moment-là, et elle s'éloigne rapidement vers la voiture.

Lui laissant son intimité, les deux femmes restent vers l'entrée de la villa, même si des éclats de conversations leur parviennent depuis là.

-J'ai été étonnée, remarque Sainte-Rose avec une moue admirative. Je m'étais préparée à l'éventualité de devoir intervenir pour vous empêcher de l'étrangler.

Gaëlle pouffe malgré elle, secouant la tête dans le vent tiède.

-Contente de voir que vous croyez à ma réputation de sauvage.

-Oh allez, poursuit Mélissa, je travaille avec vous depuis assez longtemps pour savoir qu'elle est quand même bien fondée. De toute façon, la capitaine Montgomery s'en est bien tirée.

Gaëlle jette un œil à la concernée qui parle à voix basse, appuyée contre l'aile arrière de la voiture.

-Ouais, marmonne-t-elle.

-Vous ne l'aimez pas beaucoup, poursuit Sainte-Rose en suivant son regard.

- Qui ?

La commandante secoue la tête et désigne la jeune femme à quelque mètres.

-Montgomery. J'ai l'impression qu'elle vous énerve.

En pinçant les lèvres, Gaëlle nie rapidement. Trop rapidement.

-Pas du tout.

-Ce n'était pas une question, affirme la plus grande avec amusement.

Vexée, Gaëlle se tait et continue d'observer Sand un peu plus loin. Elle a le téléphone collé contre l'oreille et ses cheveux blonds doré ondulent dans le vent. Prise par la conversation, elle marche en petits cercles, exposant de temps à autre ses courbes sexy juste devant Gaëlle.

Avec ça, si elle ose dire qu'elle ne fait pas exprès...

-Je sais ma chérie, explique patiemment Sand au bout du fil, mais je suis au travail. On s'en occupera ce soir, promis. Tu feras attention ? Parfait, bisous.

Quand elle revient vers les deux femmes avec un air d'excuse, Gaëlle se rends compte avec dégoût qu'elle était trop occupée par la vue pour avoir prêté attention à la conversation. Sainte-Rose ne semble pas être dans le même cas, car elle rejoint Sand en souriant légèrement.

-Votre fille ? questionne-t-elle.

Même sans avoir suivi le cours de l'appel, la capitaine voit tout de suite que ce n'était pas la chose à dire. Aussitôt, les lèvres de Sand se pincent en une fine ligne, ses yeux se durcissent, prenant une expression froide, presque glaciale.

Mauvais sujet de discussion, alerte le cerveau de Gaëlle en observant le changement rapide d'expression.

-Non, tranche Montgomery d'un ton sans appel.

Et si c'était elle ?  -    [Romance Lesbienne]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant