Un Amour de Vacances

Chapitre XIV

Léna

Dimanche 31 juillet

Mes parents avaient décidé de faire une journée randonnée à vélo. Nous avions pris des vélos en location la veille. J'étais vêtue d'un short, d'un débardeur de sport, d'une casquette et je portais un petit sac à dos. Nous partîmes vers huit heures pour visiter la ville et ses alentours.

Vers treize heures, nous pique-niquâmes dans un parc. Les cinq heures de pédalage avaient été simples les trois premières heures, mais après le soleil tapait fort et la fatigue arrivait.

Nous partîmes ensuite à la Tour Carbonnière sur le territoire de Saint-Laurent-d'Aigouze pour la visiter et nous prîmes connaissance de son histoire. La Tour Carbonnière est une tour de guet et elle fut construite à la fin du XIIIe siècle pour protéger la ville fortifiée d'Aigues-Mortes. Elle est située au milieu des marais et elle était un passage obligatoire pour accéder à Aigues-Mortes, son franchissement faisait l'objet d'un péage. Depuis le premier décembre 1903, elle est classée Monument Historique. Elle est ouverte à tout public, sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Ma famille et moi avions passé un bon moment, c'était intéressant. Après la visite, nous nous installâmes sur l'herbe pour nous reposer un peu avant de reprendre le vélo pour une quarantaine de minutes afin de rentrer au camping.

***

J'allumai mon téléphone pour la première fois de la journée et je découvris plusieurs appels manqués de Sarah, ce qui m'inquiéta. Lui était-il arrivé quelque chose de grave ? Si c'était le cas, j'allais m'en vouloir car ses premiers appels dataient de onze heures, et il était dix-sept heures. Je la rappelai donc immédiatement.

— Oh putain, tu réponds enfin ! s'exclama Sarah à l'autre bout du fil. Tu étais où merde ?

— Désolée, j'étais en randonnée avec ma famille, je te l'avais dit, et j'ai coupé mon téléphone toute la journée. Mais qu'est-ce qu'il se passe ? Tu vas bien ?

— Oui, oui moi je vais bien. C'est Thomas. Il a disparu, répondit-elle paniquée.

— Comment ça disparu ?

— Hier soir, il n'est pas venu à la soirée car il était fatigué, ça tu le sais. Mais ce matin, il n'est jamais venu à la piscine. Alors on a demandé à Jade et Mathis où est-ce qu'il était, vu qu'il ne répondait pas au téléphone, et ils nous ont dit que leurs parents les avaient prévenus qu'il était en mission. Mais nous n'avons toujours pas de nouvelles de lui, et ses missions ne lui prennent jamais toute la journée.

— C'est quel genre de mission ?

— Je n'en sais rien, il ne dit rien sur ça.

Je lui demandai ensuite où est-ce qu'ils se trouvaient pour que j'aille les rejoindre. Je me rendis donc chez Lucas et Sarah, aussitôt rentrée.

En arrivant, Sarah me prit dans ses bras et me demanda si je savais quelque chose. Je secouai la tête en guise de réponse négative.

Je dois avouer que je m'en fichais un peu de sa disparition. Un homme de moins dans mon entourage, surtout lui après ce qu'il m'avait fait, m'était bénéfique. Mais tout le groupe était paniqué alors cela m'inquiéta un peu.

— Il l'a déjà fait ? Disparaitre comme ça, toute une journée ?

— Oui, plusieurs fois, me répondit Lucas. Dans ces cas-là, je sais où il va mais je ne l'ai pas retrouvé là-bas. Je ne sais pas où il a pu aller.

Que lui était-il arrivé pour qu'il disparaisse comme cela, sans donner signe de vie ? Ce qui m'intriguait, c'était qu'il l'avait déjà fait. Et seul Lucas semblait savoir pourquoi, ou du moins, il en avait une idée. J'étais complétement larguée.

Soudain, une moto arriva vers nous et tout le groupe accourra vers elle. Cela devait être Thomas. Il éteignit la moto, en descendit et enleva son casque. Je restai choquée quand son visage fut à découvert. Il avait des bleus de partout, son nez avait pris un sacré coup et d'énormes cernes étaient dessinées sous ses yeux. Les miens parcoururent ensuite son corps. Son tee-shirt blanc avait légèrement viré au rouge au niveau du ventre et du dos, ses phalanges étaient rouges de sang et il boitait. Il n'y avait aucun doute, il s'était battu.

— Ça a recommencé ? lui demanda Lucas.

Thomas hocha la tête comme unique réponse. Je ne comprenais rien. Qu'est-ce qui avait recommencé ? Avait-il l'habitude de se battre si fort ? J'avais bien vu dans quel état il avait mis William, et à aucun moment, il n'avait reçu un coup de ce dernier. Enfin, si, mais très peu. Il savait se battre alors son état me mettait dans l'incompréhension. Thomas était sanguin, il n'y avait aucun doute. Ce type était taré et il me faisait peur. Mais puisqu'il n'avait jamais rien tenté de plus sur moi, ma peur avait diminué. Mais le voir revenir dans cet état, l'avait ravivée. Je ne voulais même pas imaginer la défiguration de la personne – ou des personnes – avec qui il s'était battu. Si lui était dans un état aussi pitoyable, qu'en était-il de ses adversaires ?

Lucas le prit par les épaules et l'emmena dans la salle de bain du mobil-home, sûrement pour soigner ses blessures. Mathéo les accompagna. Je restai avec Sarah sur la terrasse, Yanis étant parti avec ses parents. Nous étions toutes les deux silencieuses et dans l'ignorance. Sarah brisa le silence qui nous entourait.

— Tu penses qu'il lui est arrivé quoi ?

— Je ne sais pas, il s'est peut-être battu.

— C'est possible mais ça ne lui ressemble pas. Oui, il agresse des personnes qui le méritent ou qui l'ont fait chier, mais il n'est jamais revenu aussi amoché. Je m'inquiète tellement pour lui, finit-elle en pleurs.

Je la pris dans mes bras pour la consoler. Je n'étais pas attachée à Thomas mais elle, oui. Il était son meilleur ami alors je comprenais son inquiétude.

Ce Thomas me faisait autant peur qu'il m'intriguait. J'avais quelques informations vagues sur lui, comme son passé sombre. En fait je ne savais que cela sur lui. Il fallait que je trouve la raison réelle à son comportement violent, à son expression froide et sans émotion. Je voulais tout savoir. Mais une chose me retenait. Ma peur envers lui. Il m'avait déjà agressée, et il n'hésiterait pas à le refaire.

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