Chapitre XXIII

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Léna

Samedi 6 août

J'étais sortie de l'hôpital hier soir comme prévu. J'avais refait des cauchemars cette nuit mais ils étaient gérables. C'était très compliqué de devoir faire passer le temps sans sport. Comme chaque jour, j'étais réveillée à sept heures maximum. Il était hors de question que je reste sur la banquette devant la télévision. Lorsque mon père se réveilla, je lui proposai d'aller marcher ensemble, ce qu'il accepta avec grand plaisir. J'aimais passer du temps avec mon père, seule à seul. Avec lui, j'avais certaines habitudes, comme j'en avais avec ma mère et Lucie. Avec papa, c'était le sport qui nous rapprochait. Nous courions, nous marchions, il me coachait à la musculation, nous regardions le football, le rugby, le tennis ensemble. Ces moments étaient mes préférés.

Après notre balade matinale, nous prîmes le petit-déjeuner avec ma mère. Je me préparai des œufs au plat, deux tranches de pain complet grillé avec du beurre de cacahuète, et une pêche. Le tout accompagné d'un verre d'eau.

À dix heures, je rejoignis le groupe à la piscine. Nous allâmes dans l'eau et ils prenaient soin de ne pas me faire faire trop d'effort. Ils étaient trop mignons. Nous restâmes donc discuter sur le bord. Je ne pouvais pas m'empêcher de regarder Thomas. Le fait de ne pas savoir s'il savait pour son père me rongeait. Après, peut-être que Nicolas ne le faisait pas régulièrement ? Ce que j'avais vu était peut-être son premier meurtre. Même s'il semblait très à l'aise et habitué dans ce qu'il faisait. Rien que de repenser à la scène me faisait froid dans le dos.

Thomas avait sûrement dû s'apercevoir que je le regardais puisqu'il s'approcha de moi, en tachant de garder une certaine distance entre lui et moi. Je le remerciai intérieurement, même s'il l'avait certainement fait car il ne m'appréciait pas beaucoup.

— Qu'est-ce qu'il ne va pas ? me demanda-t-il.

— Rien, je vais très bien.

— Arrête de te foutre de moi, je vois bien que quelque chose te tracasse.

Il me saoulait quand il arrivait à lire en moi. Comment y arrivait-il d'ailleurs ? Surtout que ce n'était pas la première fois...

C'était sûrement de famille de ne jamais vouloir lâcher l'affaire, il était pareil que sa cousine. Je réfléchis quelques secondes à ce que j'allais bien pouvoir lui dire. J'allais en profiter pour lui poser quelques questions, car même si je le détestais – peut-être un peu moins qu'avant – je voulais toujours savoir pourquoi il avait un comportement légèrement bipolaire.

— Pourquoi tu ne m'avais pas dit que tu étais le fils du directeur ?

— Attends, tu me fixes pendant je ne sais combien de temps juste parce que tu te demandais pourquoi je ne t'avais jamais dit ça ?

— Oui.

Thomas souffla d'exaspération mais finit tout de même par me répondre qu'il ne voulait pas que cela se sache.

— Pourtant Sarah et les garçons sont au courant.

— Peut-être parce qu'eux, je les connais depuis longtemps et qu'ils font partis du groupe.

— Va te faire foutre ! Tu n'es qu'un connard !

Puis, je sortis de la piscine, énervée contre lui et son comportement de merde. Pourquoi venait-il vers moi en faisant genre de s'inquiéter pour moi, pour après me faire comprendre très clairement qu'il ne voulait pas de moi dans son groupe d'amis à la con ?

— Léna attend ! Qu'est-ce qu'il vient de se passer ? s'inquiéta Sarah.

— J'en ai ras-le-bol de ton putain d'ami bipolaire de merde !

J'étais tellement énervée que mes larmes coulèrent sans que je n'aie pu rien contrôler. J'en avais marre de passer mon temps à pleurer. Je faisais pitié.

— Oh non, qu'est-ce qui ne va pas bichette ?

J'en avais assez de tout garder pour moi, alors même si je m'étais promise de ne rien dire à personne, et surtout pas à Sarah et aux garçons, je lui avouai tout au sujet de Nicolas Morassi.

— Attends, mais tu es sûre que c'était lui ?

— Sûre et certaine. Mais s'il-te-plaît, n'en parle à personne, je t'en supplie. Garde-le pour toi, s'il-te-plaît.

— Non Léna, je ne peux pas faire ça. Tu es en train de me dire que le père de mon meilleur ami est un putain d'assassin. Je ne peux pas le garder pour moi. Il faut qu'on le dise Léna.

Après plusieurs minutes à la supplier, je réussis à convaincre Sarah de garder le silence. Elle avait accepté à contre-cœur bien sûr, mais je savais que je pouvais lui faire confiance.

***

— Les filles, vous pouvez mettre la table ? On ne va pas tarder à diner, si vous voulez être à l'heure à la soirée, nous demanda papa.

Lucie et moi sortîmes de notre chambre et ma sœur me passa les assiettes et les couverts pour que je les mette sur la table de la terrasse. Soudain, un coup de feu retentit. Je sursautai et mes parents ainsi que Lucie sortirent en trombe à mes côtés, tout comme l'ensemble de nos voisins. Mon regard se dirigea automatiquement vers le mobil-home de Thomas car, pour moi, la détonation venait de là-bas. Je le vis sortir rapidement. Et si c'était son père qui venait de tirer ? Lorsqu'il passa devant moi, je m'empressai de le rattraper.

— Thomas, attends !

J'attrapai son poignet pour l'arrêter mais il me repoussa violemment.

— Fous-moi la paix Léna !

Puis il partit en courant vers je ne sais où. Je pris mon téléphone et composai immédiatement le numéro de Sarah. Cette dernière me dit de les rejoindre dans leur mobil-home.

— Je vais chez Sarah, je reviens après.

— Non, tu restes ici. On ne sait pas ce que c'était, c'est peut-être dangereux !

— Papa, je te jure que je vais faire attention. Je vous préviens lorsque j'y suis.

Une fois chez Lucas, Sarah me prit dans ses bras et je lui murmurai que la détonation venait de chez Thomas.

— Chers vacanciers, la détonation que vous avez sûrement entendue n'était qu'un simple pétard, ne vous inquiétez pas. Vous pouvez reprendre vos activités sans crainte. Bonne soirée à toutes et à tous. Votre directeur.

Je vis les trois garçons se regarder, suspicieux, tandis que Sarah et moi nous regardâmes, sûres de nous sur ce que vient de dire Nicolas. Tout son baratin était bien évidemment faux. Il avait essayé de faire passer son coup de feu pour un simple pétard. Et la disparition soudaine de Thomas confirmait mes soupçons. Alors, était-il au courant maintenant ? Ou peut-être qu'il le savait déjà ? Pourquoi était-il parti ? Trop de questions se bousculaient dans ma tête.

— Il est où Thomas ? demanda Yanis.

— Il est parti précipitamment après la détonation, répondis-je.

Lucas appela son meilleur ami mais il ne répondit pas. Après quelques secondes de réflexion, il nous prévint qu'il partait le chercher car il pensait savoir où il se trouvait.

Une quinzaine de minutes plus tard, Lucas nous appela pour nous annoncer qu'il restait avec son meilleur ami toute la nuit, sans nous dire où est-ce qu'ils se trouvaient exactement.

Après cela, je laissai Sarah et les garçons, puis retournai avec ma famille. J'étais inquiète pour Thomas. Ironique, non ? Sa disparition soudaine m'avait beaucoup surprise et je me posais un milliard de questions dont je n'avais aucune réponse. Et je détestais cela.

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