Chapitre XXIV

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Thomas

Dimanche 7 août

Je n'avais pas fermé l'œil de la nuit. Lucas se trouvait à mes côtés, endormi. Il m'avait rejoint la veille au soir, à mon lieu de paix, dans ma cabane. Je m'y étais réfugié après l'une des nombreuses disputes avec mes parents. Mais celle-là avait été la pire.

Flashback (mobil-home de Thomas – samedi 6 août au soir)

« — Thomas, tu peux t'occuper de la livraison que je devais faire ce soir ? me demande ma mère.

— Non. Je veux bien faire vos missions de merde, mais il est hors de question que je me mêle à votre trafique de drogue !

C'est à ce moment-là que mon père décide de se pointer. Vu le regard qu'il me lance, je me doute bien que je vais passer un sale quart d'heure. Je demande donc à Jade et à Mathis de rejoindre leurs copains à la soirée car je ne souhaite pas qu'ils assistent à cela.

— Depuis quand c'est toi qui décides, hein ? Ta mère t'a demandé de t'occuper de cette livraison, donc tu vas le faire. Tu vis sous notre toit et nous sommes tes parents, donc tu dois obéir à tout ce qu'on t'ordonne !

Je ne peux empêcher un rire moqueur sortir de ma bouche.

— Mes parents ? Vous vous considérez vraiment comme mes parents ou comme des parents tout court ? Qui est-ce qui a élevé Jade et Mathis, hein ? Je ne crois pas que ce soit vous. Vous pensez vraiment que des parents agiraient sur leur enfant comme vous le faites sur moi ? Je ne crois pas non plus ! Vous n'êtes que...

Je me coupe tout seul en voyant mon père défaire sa ceinture et commençant à s'avancer très lentement vers moi.

— Qui t'a permis de vivre dans une maison depuis petit ? Qui t'a permis de vivre dans le luxe depuis petit ? Qui t'a permis de te nourrir, chaque jour, pour ne pas crever de faim ? Sans nous, tu serais soit un SDF, soit un cadavre ! Alors, un peu de respect pour tes parents, jeune homme !

Je ne suis peut-être pas mort physiquement, mais à l'intérieur, je le suis depuis bien longtemps. À cause de qui ? Mes soient-disant « parents ».

Cette fois, j'en ai assez. Je ne veux pas encore subir ses coups, et ce qu'il peut faire avec ma mère par la suite. Je sors donc mon flingue – je me remercie intérieurement de l'avoir gardé sur moi – et vise mon père tout en lui interdisant de m'approcher. Ce dernier éclate d'un rire franc qui me donne des frissons de terreur. Je garde une expression neutre malgré tout. Il ne doit voir aucun point faible chez moi.

— Regardez ça ! Mon fils qui pointe une arme sur moi ! Tu as beau dire ce que tu veux, tu es comme moi. Tu veux me tirer dessus ? Alors vas-y, tire ! m'ordonne-t-il en levant les mains en l'air avec un grand sourire sur le visage, la ceinture maintenant au sol.

— Je t'interdis de dire qu'on est pareil ! Jamais je ne te ressemblerais !

Les larmes commencent à couler sur mes joues, malgré moi.

— Arrête de vouloir le nier Thomas. Tu me ressembles bien plus que tu ne le croies, simplement dans le fait que tu tues, comme moi.

— C'est là que tu as tort. Je tue seulement ceux qui le méritent. Pas comme toi.

Soudain, mon père ferme la porte du mobil-home et sort lui aussi son flingue qu'il pointe sur moi. Je suis placé dans la cuisine et lui à l'entrée du mobil-home. Mon cœur bat beaucoup plus vite car je sais qu'il est capable de me tirer dessus, il l'a déjà fait.

— Tire Thomas.

Il sait que, contrairement à lui, j'en suis incapable. Voilà pourquoi je suis différent de lui. Pourquoi fait-il cela ? Pourquoi insiste-t-il à me dire que je suis comme lui alors que je ne peux pas lui tirer dessus ? Oui, je tue seulement ceux qui le méritent, et lui est le premier qui devrait mourir de mes mains, mais nous sommes dans un camping, Jade et Mathis ne sont pas en sécurité avec ma mère si je vais en prison. Alors non, je ne le tuerais pas.

Il faut que je sorte de cette confrontation. Je prends donc une grande inspiration et tire dans la main de mon père, celle dans laquelle il tenait son arme. Il tombe à genoux, tenant sa main blessée, tandis que moi, je sors en trombe du mobil-home. Ce geste va entraîner des conséquences. Pour le moment, il faut que je m'isole. Quel meilleur endroit que ma cabane ? »

Mon regard était rivé sur la mer et le soleil qui se levait. La vue était magnifique et apaisante. Lucas se réveilla et me demanda comment je me sentais. C'était une bonne question. Je ne le savais pas vraiment. D'un côté, j'étais fier de moi d'avoir tenu tête à mon père, mais d'un autre, j'avais peur des conséquences. Mon père était capable de tout. Après, c'était lui qui voulait que je tire, j'avais juste fait ce qu'il m'avait demandé. Je haussai simplement les épaules pour répondre à la question de Lucas. Ce dernier était au courant de toute l'histoire. Je la lui avais racontée à son arrivée.

— On fait quoi maintenant ? me demanda-t-il.

— On attend. Je n'avais pas prévu de tout leur dire hier, mais on se fit tout de même au plan. On commencera le jour qu'on avait prévu sauf si on est obligé de mettre à exécution le plan A plus tôt.

Lucas hocha la tête.

Pourquoi tout ne se passe jamais comme prévu ?

***

Je finis de préparer Jade et Mathis pour la soirée dansante sur le thème de la plage. Nous portions tous les trois un maillot de bain, des claquettes et un collier de fleurs.

Arrivés à la soirée, les enfants allèrent jouer avec leurs copains, tandis que moi, je rejoignis les miens qui étaient installés au bar. Comme prévu à l'avance, eux aussi portaient tous un collier de fleurs. Un peu niais non ? Ce n'était pas mon idée, comme vous devez vous en doutez.

— Oh vous êtes accordés au niveau des couleurs, c'est trop chou ! s'exclama Sarah à l'attention de la pestiférée et moi.

Effectivement, Léna portait un bikini – deuxième fois depuis son arrivée dans ce camping – dont le haut était blanc et le bas, bleu marine. Mes yeux s'attardèrent sur son corps plusieurs secondes. Elle était vraiment belle.

Mais putain Thomas qu'est-ce qu'il te prend ? Arrête ça tout de suite !

Certes, elle était belle mais je la détestais toujours.

Après avoir pris un verre, ils décidèrent d'aller sur la piste pour danser. Je restai au bar, je n'aimais pas danser, mais Lucas se fichait de mon avis. Il me prit par les bras et m'obligea à me joindre à eux. Je me laissai faire à contre-cœur. Cela me fera peut-être du bien. En me voyant sur la piste, Jade et Mathis nous rejoignirent. Sans que nous le sachions, la simple soirée dansante se transforma en soirée mousse. Les animateurs nous avaient cachés ce petit détail. Nous passâmes un bon moment tous ensemble à s'amuser et à rigoler. Finalement, j'aimais peut-être un peu la danse.

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