Léna
— Oh non, il n'a pas fait ça ! s'exclama Sarah.
— Je crois que si, répondis-je en rigolant.
Mathéo était en train de défiler, vêtu d'un short de bain bleu turquoise avec des canards dessus. Oui, des canards... Cela fit rire l'ensemble des spectateurs bien évidemment. Pour sa deuxième tenue, il opta pour un pantalon de costume blanc et une chemise hawaïenne à manches courtes qu'il avait ouverte jusqu'en dessous de ses pecs. Il accompagna le tout de baskets blanches. Il n'avait pas du tout respecté la règle des couleurs mais son ridicule le pardonnait.
Thomas défila en short de plage noir – connaissait-il d'autres couleurs que le noir et le blanc ? – puis, en pantalon et veste de costume avec des chaussures de ville, tout en noir, une nouvelle fois. Les filles bavaient littéralement en le regardant. Du début à la fin, elles avaient eu le droit à son torse nu puisque le bouffon avait visiblement décidé de ne pas mettre de chemise pour son deuxième passage.
Lucas fut le dernier à défiler. Il portait un short de plage vert kaki avec la combinaison chaussettes-claquettes – je faisais partie des personnes qui aimaient cela – et pour le deuxième passage, il était vêtu d'un pantalon de costume vert kaki avec la veste assortie et d'un tee-shirt blanc.
Les garçons nous rejoignirent par la suite et nous attendîmes avec impatience les résultats.
— Merci à tous d'avoir participés à notre concours Miss et Mister du camping Un été sans fin. Le jury a délibéré, il est grand temps de vous dévoiler les six qui ont réussi à se faire une place sur le podium ! Mais ce n'est pas moi qui vais annoncer les résultats. Nous avons, ce soir, un invité très spécial qui nous fait l'honneur de récompenser nos gagnants, le directeur Nicolas Morassi !
J'applaudis comme tous les autres l'arrivée du directeur mais une fois que je le vis sur scène, mon corps se figea et la peur s'empara de moi. Ce n'était pas possible. Le putain de directeur dans lequel je passais mes vacances avec ma famille était un putain de meurtrier. Je compris tout de suite pourquoi l'homme me disait quelque chose mardi matin. Nicolas Morassi était l'homme à la veste en cuir que j'avais vu assassiner un autre homme d'une balle en pleine tête après lui avoir crever les yeux avec un poignard.
Mon regard resta figé sur Nicolas. Il fallait que nous partions de ce camping. Mais comment l'expliquer à ma famille ? Je ne pouvais pas leur dire. J'allais devoir rester ici encore une semaine et demie. De toute façon, nous ne le voyions jamais et il ne s'attaquerait pas aux gens qui lui permettaient d'être riche. Pas vrai ?
— Léna, il faut que tu ailles sur scène, m'annonça Lucie en me secouant.
— Quoi ? Pourquoi ?
— Tu es troisième Léna. Ça va ?
Oh non, tout ce qui ne devait pas arriver, arriva. Je me levai lentement et me dirigeai vers la scène. J'affichai un sourire mais je ne savais pas du tout s'il semblait naturel. Je montai désormais sur la scène et m'approchai du directeur. Une fois devant lui, je sentis la crise de panique qui commençait à s'emparer de moi, mais il fallait que je ne montre rien. Il me tendit un bouquet de fleurs et me serra la main.
— Félicitations mademoiselle !
Je répondis par un léger hochement de tête et m'empressai de m'éloigner de lui. J'essuyai discrètement la main qu'il avait touché sur mon pantalon et je m'arrêtai sur le côté droit de la scène du point de vue du spectateur.
Mon regard se porta ensuite dans le public et mon cœur s'arrêta pour la seconde fois. Il était de nouveau là, en train de me regarder avec son sourire diabolique. Ce n'était absolument pas le moment. Je sentis les larmes qui commençaient à couler le long de mes joues. Je mordis ma lèvre inférieure pour les retenir un maximum et serrai mon poing droit, assez fort pour sentir mes ongles appuyer sur ma paume. Je n'entendais plus rien autour de moi.
Je vis ensuite Thomas monter sur scène, il s'approcha du directeur en affichant une expression froide, comme à son habitude, sa mâchoire était contractée. Nicolas lui dit quelque chose et Thomas afficha un léger sourire. Bizarre. Il vint ensuite se placer à mon côté droit.
Mon regard se reposa là où je l'avais vu et il était toujours à la même place avec la même expression sur le visage. Je commençai à suffoquer, je n'allais pas réussir à me contrôler très longtemps.
Soudain, quelqu'un prit ma main droite et la massa légèrement. J'écarquillai les yeux, les posai sur nos mains enlacées, puis je les remontai sur le visage de Thomas, dont le regard était rivé devant lui. Je fis par la suite comme lui, et étrangement, je m'étais calmée. Ma crise était passée.
Sarah était arrivée deuxième et Mathéo, premier – pas étonnant du tout.
— On va maintenant prendre une photo d'ensemble, avec tous les participants, puis une avec seulement les gagnants, et enfin, une par binôme en fonction des places, annonça l'animateur.
Génial ! J'étais ravie de me faire prendre en photo aux côtés de Thomas ! Je me rendis compte seulement maintenant que ma main était toujours dans celle du bouffon. Je la retirai donc après cette constatation.
Une fois les photos prises, nous rejoignîmes Yanis, Lucas et nos familles.
— Tu ne trouves pas ça bizarre que ton père ait remis les prix alors que d'habitude, il ne se présente que les jours des arrivées ? demanda Mathéo.
Attendez... Le père de qui ?
— Je ne sais pas mais il mijote sûrement quelque chose, répondit Thomas.
Oh putain ! En plus d'être un putain de meurtrier, Nicolas Morassi est aussi le père... de Thomas ?
Sur cette révélation, je me dirigeai aux toilettes en courant et je vomis tout ce que j'avais dans l'estomac, tout en laissant mes larmes couler à flot sur mes joues. Je m'adossai ensuite contre la cabine, remontai mes jambes contre ma poitrine, les entourai de mes bras, enfouis ma tête dans ces derniers et je laissai mes émotions prendre le dessus.
Je vivais en plein cauchemars. Je passai pratiquement l'entièreté de mes journées aux côtés du fils d'un meurtrier ! Thomas était-il au courant des activités de son père ? Je n'en savais rien. Sarah et les garçons étaient-il au courant ? Je ne le savais pas. Tout ce que je savais, c'était que je devais, une nouvelle fois, tout garder pour moi et faire comme si je n'étais au courant de rien.
— Léna, tu es là ? demanda Lucie qui venait d'entrer dans les WC.
J'ouvris la porte de la cabine dans laquelle j'étais et me jetai dans les bras de ma sœur. J'avais plus que besoin de son réconfort. Elle me prit dans ses bras et me calma.
— Tu veux m'en parler ?
Je secouai la tête de gauche à droite. Même si mon envie de tout lui déballer était immense, je ne devais rien dire. Je devais tout cacher à tout le monde comme j'avais l'habitude de le faire depuis plusieurs mois maintenant.
***
Vendredi 5 août
Cette nuit-là avait été la pire depuis le début de mes cauchemars. J'en avais réveillé Lucie à plusieurs reprises et celle-ci s'inquiétait beaucoup pour moi.
J'en avais plus qu'assez de le voir dans ces putains de cauchemars, et même en vrai, car ce connard m'avait suivie jusque dans ce putain de camping. Je ne pouvais pas supporter le fait que je passais mes vacances dans le camping d'un meurtrier et que je côtoyais à longueur de journée son fils, qui m'insupportait à un point inimaginable. J'en avais plus qu'assez de faire des cauchemars à cause de lui. J'en avais marre de jouer la fille qui allait bien alors qu'en réalité, c'était tout le contraire.
Alors que Lucie s'était rendormie, je me levai, enfilai des vêtements de sport et sortis du mobil-home. Mon but ? Courir, courir et encore courir jusqu'à ne plus pouvoir. Je voulais en finir. Je voulais mourir.
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Un Amour de Vacances
RomanceUne vie simple, sans complications ni obstacles, est impossible. Mais que se passe-t-il quand la vie s'acharne sur vous ? Que se passe-t-il lorsque deux personnes au passé sombre se rencontrent ? Cela entraine-t-il le chaos ou l'équilibre ? Léna Lop...