Chapitre XXXI

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Léna

Vendredi 12 août

J'étais réveillée à six heures trente comme tous les matins en général. Je me préparai pour aller pratiquer un peu de sport. Je m'installai à la même place que la veille et débutai ma séance lorsque Thomas arriva. En le voyant s'installer près du fameux arbre, un sourire s'afficha sur mon visage. J'étais piquée, cela était sûre.

Au lieu de commencer sa séance lui aussi, il s'approcha de moi et me demanda de le suivre en me prenant la main mais aussi mes affaires.

— Qu'est-ce que tu fais ?

Il ne me répondit pas et installa mon matériel à côté du sien. Mais que faisait-il ? Que lui prenait-il ?

— Si je ne voulais pas que tu t'approches de cet arbre, c'est parce que je passais la plupart de mon temps ici avec Marine. (Il fit une pause et reprit) Marine était ma petite-sœur.

Il avait une autre sœur ? Je n'étais pas au courant. Attendez... Pourquoi avait-il dit « était » ? Pourquoi parlait-il d'elle au passé ?

— Elle est décédée d'un cancer de la peau, il y a dix ans. Elle n'avait que sept ans. Et cet arbre était notre endroit préféré. On aimait y grimper et observer ce qui nous entourait. En réalité, on aimait surtout critiquer les gens, finit-il en faisait un léger sourire malgré ses larmes qui menaçaient de couler.

— Je suis désolée, je ne savais pas. Sinon, je le l'aurais jamais approché.

— Non, c'est moi qui suis désolé. Je n'aurais jamais dû agir comme je l'ai fait avec toi. Je sais très bien que beaucoup de personnes passent à côté ou que des enfants font comme nous quand nous étions gosses, mais je ne les vois pas donc je ne peux rien faire. Quand je t'ai vue là, ça m'a mis en rogne et j'ai du mal à contrôler ma colère. Mais je te promets de faire des efforts. Ce qui est sûr, c'est que je ne te ferais plus jamais de mal. Je sais que ce ne sont que des mots mais je tiens mes promesses.

— Je te crois. Tu me l'as même déjà montré en ne retentant rien de violent physiquement avec moi. Ça me touche beaucoup que tu me l'aies dit.

Je lui pris les mains et nous restâmes comme cela, les yeux dans les yeux, quelques secondes. Je m'approchai de lui et l'embrassai tendrement. Je fus soulagée lorsqu'il me le rendit. Je le pris ensuite dans mes bras et mon regard se posa sur l'arbre. Je repérai deux initiales marquées sur ce dernier. Un T et un M.

— Ce sont vos initiales, à Marine et toi ?

Il se retourna, suivit mon regard et confirma ma supposition.

— Bon, on se met au sport ?

— C'est pour ça que tu as pris mes affaires ? Tu veux qu'on fasse une séance ensemble ?

Il hocha la tête et sembla soudainement gêné. Il était trop mignon.

— Mais seulement si tu le veux.

— Avec plaisir.

Pour la première fois depuis trois semaines, Thomas et moi passâmes un agréable moment seulement tous les deux sans se chamailler. Le fait que nous partagions une passion commune, celle du sport, nous rapprochait davantage. J'aimais m'entrainer avec lui.

À la fin de notre séance, nous rangeâmes nos affaires et Thomas me raccompagna à mon mobil-home. Après l'avoir salué, je montai sur ma terrasse mais m'arrêtai en me rappelant de quelque chose.

— Thomas, attends !

Il se retourna et revint vers moi.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Joyeux anniversaire, lui souhaitai-je avec un sourire.

— Merci, me répondit-il avant de déposer ses lèvres sur les miennes dans un rapide baiser.

J'espérais que personne ne nous avait vus, et surtout pas ma famille. Sinon, j'aurais le droit à un interrogatoire, ou plutôt à trois interrogatoires bien différents. Lucie me charrierait et me demanderait tous les détails. Ma mère envisagerait directement mon avenir avec lui – oui oui vous avez bien lu, je pense que c'était pour cela que je n'avais eu qu'un copain. Mon père, lui, me mettrait en garde, il me rappellerait tout ce que je savais déjà sur les rapports sexuels, sur le consentement et qu'il faut penser à se protéger, blablabla. Ah oui ! Il voudrait aussi le rencontrer pour lui faire passer un interrogatoire, comme avec moi. Je pense que tous les pères – et les mères aussi – agissent comme le mien.

Un Amour de VacancesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant