Un Amour de Vacances

Chapitre V

Thomas

Elle avait eu beaucoup de chance – et moi aussi – que madame Fauchet soit intervenue, car je sais qu'elle aurait fini par s'évanouir ou pire, mourir. Quand j'étais en colère, j'étais dans un état second, et je ne contrôlais plus rien.

Il était onze heures trente et j'allai chercher Jade et Mathis, mon petit-frère et ma petite-sœur, au club enfant. Ils étaient ma raison de vivre, les personnes que j'aimais le plus au monde. À vrai dire, les seules personnes que j'aimais vraiment.

Étant donné que mes chers parents travaillaient, Jade et Mathis devaient aller au club enfant du camping. Je pouvais les garder mais j'aimais passer du temps avec mes amis. Je les voyais seulement pendant les vacances d'été.

Le groupe s'était construit petit-à-petit. Lucas avait été le premier que j'aie rencontré. Il était venu dans ce camping pour la première fois à ses six ans avec ses parents, et depuis, nous étions inséparables. C'était mon meilleur ami, mon allié dans la vie de tous les jours. Malgré la distance qui nous séparait, il était toujours là pour m'aider et être à mes côtés quand j'en avais le plus besoin.

À nos dix ans, nous avions fait la rencontre de Mathéo et de Yanis. Mathéo avait notre âge, à Lucas et moi. Ce fut cette année-là que le nom de notre groupe « Les Cinglés » naquit. Comme Lucas, les deux frères étaient revenus à chaque grandes vacances.

Pour terminer, à nos seize ans, Lucas s'était pointé avec Sarah. Il nous l'avait présentée comme étant sa petite-amie. Elle s'était très vite intégrée dans notre groupe. Elle faisait partie de ma famille, comme tout le reste du groupe d'ailleurs.

Nous avions désormais tous vingt ans, sauf Yanis qui venait d'en avoir dix-neuf, et moi qui allait sur mes vingt ans dans un peu plus de deux semaines.

— Hello petits monstres !

— Thomas ! s'écrièrent-ils en cœur, en me sautant dans les bras.

Les seules personnes qui me donnaient le sourire rien qu'en les regardants.

— C'était bien ce matin ? demandai-je.

— Oui c'était génial ! On a fait un parcours du combattant ! s'exclama Mathéo.

— Ouais mais du coup moi maintenant, j'ai une faim de poisson, poursuivis Jade.

Je souris à ce qu'elle venait de dire. Ce n'était évidemment pas la bonne expression, mais elle n'était âgée que de quatre ans. C'était normal de se tromper à son âge. Je la corrigeai donc en toute bienveillance.

— On dit faim de loup, et non faim de poisson, princesse.

— Oups ! répondit-elle en mettant sa main sur sa bouche en rigolant.

— Tu es vraiment débile, lui lança Mathis.

— Mathis ! le grondai-je, en colère contre lui. Je ne veux plus jamais t'entendre insulter ta sœur ! C'est très méchant ! Ça arrive à tout le monde de se tromper. Compris ?

— Oui, pardon Jade, s'excusa-t-il, honteux.

Je les raccompagnai ensuite au mobil-home et leur fis à manger. Mes parents rentraient que très rarement le midi. Je m'occupai d'eux pratiquement toute la journée. C'était un peu moi qui les élevais.

Il était un peu moins de quatorze heures et je m'apprêtai à emmener les enfants au club quand mon père m'interpella.

— Ah Thomas, te voilà. Je te cherchais.

— Qu'est-ce que tu me veux ? demandai-je avec mon éternel ton froid, qui disparaissait seulement avec Jade et Mathis.

— J'ai une mission de dernière minute pour toi. Tiens, toutes les informations sont là-dedans, dit-il en me tendant un dossier.