Chapitre XVI

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Léna

Mardi 2 août

Mes cauchemars avaient diminué cette nuit-là. Le cauchemar dans lequel Thomas apparaissait, avait disparu mais celui qui me poursuivait depuis le début était revenu. J'y étais habituée mais je voulais oublier ce qui s'était passé. Et ce putain de cauchemar ne me le permettait pas. C'était comme si mon cerveau voulait sans cesse me faire du mal en me rappelant ce fameux jour.

Ce matin-là, je décidai de pratiquer peu de musculation pour pouvoir courir plus longtemps. Je voulais aller visiter quelques coins de la ville que je ne connaissais pas encore.

J'allai donc au coin sport extérieur du camping et je fis trente minutes de musculation. Puis, je rentrai déposer mon matériel et je partis à la découverte.

Cette ville était vraiment magnifique. Les palmiers bordaient les routes, les rues étaient propres, tout était fleuri.

Je m'aventurai dans un coin assez caché de la circulation, il s'agissait de petites ruelles. Je ne croisai presque personne vu l'heure matinale qu'il était. Mais soudain, un homme sorti d'une voiture noire – cet homme devait être riche vu la bagnole – et j'eus l'impression de l'avoir déjà vu. Il semblait également étrange. Je ne le voyais pas très bien, il était de profil et assez loin de moi. Quand il se mit dos à moi, je m'arrêtai de courir. Il portait une veste en cuir avec une sorte de logo au dos. Il s'agissait de deux poignards entourés d'une chaine.

Je n'étais pas très rassurée, je n'avais jamais vu ce symbole. Et comment vous dire que cela ressemblait à un truc de secte ou je ne sais quoi. Ma curiosité me tuera sûrement un jour, mais je décidai de le suivre. Mon instinct me criait de m'enfuir, de me barrer de là, que c'était dangereux, mais je voulais aller voir.

L'homme s'engagea dans une petite ruelle, et donc dans la plus grande discrétion, je le suivis. Je me collai ensuite contre le mur à gauche de cette ruelle, je repris ma respiration. J'entendais des voix, deux, je croyais. Lentement, je passai ma tête dans la rue et je vis l'homme à la veste en cuir debout et un autre sur les genoux devant lui, comme soumis. Cela me mettait la chair de poule. J'eus une vue plus nette sur l'homme que je suivais. Il était brun, il avait une légère barbe et il portait des lunettes noires. Finalement, il ne me disait rien. Je ne le connaissais pas. Quant à l'homme à genoux, ses cheveux étaient noirs et bouclés, et de nombreux tatouages étaient dessinés sur ses bras jusque dans son cou.

Je me recachai derrière le mur quelques secondes avant de regarder de nouveau la scène. Cette fois l'homme en cuir pointait un poignard sur l'autre homme. Ce qui se passa ensuite m'écœura. Il se jeta sur lui et lui creva les deux yeux. La victime hurla de douleur, et je n'avais qu'une envie, vomir mes tripes. Je me recallai contre le mur, complètement pétrifiée de peur, une main sur ma bouche pour éviter de faire du bruit. J'étais terrorisée, mon corps était paralysé, j'étais incapable de bouger.

Je ne sus pourquoi mais je voulus regarder une dernière fois pour voir si l'homme en cuir était toujours là. L'autre, c'était sûr, car il continuait de hurler. Cette fois-ci, il pointait une arme sur l'homme éborgné et lui tira en pleine tête. Les larmes dévalaient mes joues, j'étais prise de tremblements mais il fallait que je parte de cet endroit au plus vite ou je finirais comme ce pauvre homme.

Je fis un sprint jusqu'au camping, mes yeux étaient embués de larmes, je n'arrivais toujours pas à croire ce que j'avais vu. J'aurais dû écouter mon instinct qui me criait le danger. Heureusement, il ne m'avait pas vue – enfin, je pensais cela, je ne pouvais pas véritablement le savoir.

Une fois au mobil-home, je vis mes parents assis sur la table de la terrasse en train de déjeuner et je me réfugiai dans les bras de mon père. Je ne pouvais pas faire semblant que tout allait bien. Pas cette fois-ci. Mon père me prit dans ses bras, ma mère nous rejoignit et m'étreignit, elle aussi. Je pleurais sans arriver à m'arrêter.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? me demanda mon père, lorsque je fus calmée.

Je ne pouvais pas répondre. Il m'était impossible de parler, les mots ne sortaient pas. Je pouvais encore moins leur dire que je venais de voir un homme se faire assassiner. Pour seule réponse, je secouai la tête légèrement et mes pleurs reprirent.

— Il faut que tu nous parles ma loutre. Est-ce qu'il t'est arrivé quelque chose ? continua mon père.

Je secouai la tête.

— Quelqu'un t'a suivie ?

Je secouai la tête.

— Tu ne veux pas nous parler ou tu ne peux pas ? demanda ma mère.

J'articulai « Je ne peux pas » avec mes lèvres sans sortir de son.

— Ça s'est passé au camping ?

Je secouai la tête.

Je sentais mon père se tendre, il s'inquiétait pour moi, tout comme ma mère.

— Est-ce que c'est quelque chose de grave ? demanda ma mère.

— Mais évidemment que c'est quelque chose de grave Marie ! Tu n'as pas vu dans quel état, elle est !

— Ne commence pas à crier Jérôme. Notre fille revient en pleurs, elle est incapable de parler, c'est normal si je pose des questions, peut-être évidentes pour toi, mais je m'inquiète.

— Parce que je ne m'inquiète pas moi peut-être ?

— Ce n'est pas ce que j'ai dit Jérôme. J'essaie de comprendre autant que toi ce qu'il lui est arrivé.

— Désolée, sanglotai-je.

Je détestais voir mes parents se disputer, même si c'était très rare. Surtout lorsque c'était ma faute.

— Ne t'excuse pas ma puce. Tu es en sécurité maintenant, me rassura ma mère.

— Tu ne sortiras plus courir ou même marcher toute seule de si bonne heure, d'accord ?

Je hochai la tête. Cela était sûr. Après ce que j'avais vu, il était hors de question que je m'aventure seule dans des coins paumés de cette ville.

Je me levai et allai prendre une douche. J'allais devoir me changer les idées pour tenter d'oublier cette scène horrible, même si cela allait être compliqué. Je me préparais déjà psychologiquement à en faire des cauchemars. Quelle vie de merde !

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