ch21

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Ren émergea lentement en sentant une contraction désagréable prendre son corps. Elle ouvrit subitement les yeux, et tomba nez à nez avec An qui la regardait avec des yeux ronds.

"Tu es réveillée ?"

Elle ne put pas répondre, trop choquée, trop endolorie, trop perdue. Elle regarda autour de soi, comme complètement ailleurs, comme si elle n'avait jamais vu cet endroit de sa vie. Elle ne comprenait plus ce qui lui arrivait. C'était comme si une part de la journée avait disparu dans sa tête, elle ne se souvenait pas de ce qui lui était arrivé les dernières heures, elle ne comprenait pas pourquoi elle se sentait aussi lourde, elle ne comprenait pas pourquoi An était en train de veiller dans sa chambre. Rien ne faisait de sens.

"Qu'est-ce qui s'est passé ? - demanda-t-elle, regardant An incrédule.
- Le jeu, tu te souviens pas ?"

Les yeux de la jeune femme s'écarquillèrent en se remémorant les événements qui lui étaient arrivés, tout lui était subitement revenu comme une grande claque dans le visage. Elle souleva violemment la couverture, dévoilant son corps meurtri, elle avait des cloques sur les membres, des rougeurs sur lesquelles des poches de glace étaient posées, des brûlures qui certaines avaient déjà cicatrisé et d'autres pas, ainsi que des bandages un petit peu partout.

Elle était sous le choc, heureuse de s'en être sortie, pétrifiée en se souvenant de tout ce qu'elle avait subi, frustrée par tout ce qu'elle avait pu dire, et complètement déstabilisée.

"Ça fait combien de temps que je dors ? - demanda-t-elle d'une voix hésitante en se frottant les yeux.
- Tu as dormi deux jours, le temps que ton corps encaisse."

Ren sentit un frisson remonter son dos, elle observa le visage d'An en profondeur, essayant de lire dans ses yeux si Chishiya avait ouvert la bouche sur ce qu'il avait appris ou non. Mais la jeune femme avait gardé son air usuel, toujours très sérieuse et cette fois un petit peu inquiète aussi, elle la regardait normalement. Ren en conclut qu'elle ne savait rien, et c'était un grand soulagement pour elle qui sentit sa poitrine déjà un peu moins lourde qu'avant.

"On a taché de s'occuper de tes blessures. - ajouta la femme aux cheveux courts en appliquant de la pommade froide sur les brûlures de ses jambes.
- On ?
- Chishiya et moi."

Ren sembla perplexe à la mention de son prénom, c'est seulement là qu'elle remarqua tous les bandages qui décoraient son corps, la bassine d'eau sur la table de chevet et le petit chiffon qui flottait dedans, les médicaments et les tubes de pommade, le désinfectant. Elle fut prise d'un vertige en repensant à toutes les décharges qu'elle avait enduré pour en arriver à ce point. Et même si sur le principe elle était dérangée qu'on ait dû autant s'occuper d'elle, elle était au fond reconnaissante de s'être réveillée.

"Je peux le voir ?
- Bien sûr, je vais aller lui dire que tu t'es réveillée."

An ferma le petit tube de pommade qu'elle tenait et se leva de la chaise qui bordait le lit, avant de sortir de la pièce elle lui lança un petit regard avec un visage illuminé, comme si elle venait de se rappeler de quelque chose de capital. Elle lui dit : "D'ailleurs c'est aussi lui qui t'a ramenée ici après le jeu."

Ren resta silencieuse, pendant que la jeune femme au carré ferma la porte. Elle ne sût pas vraiment quoi dire ni pour quelle raison An lui avait dit ça.

Elle ne comprenait pas vraiment la dynamique de leur alliance, travaillaient-ils ensemble ou étaient-ils opposés l'un à l'autre ? Ils s'étaient trahis tous les deux, s'étaient montrés qu'il n'y avait pas de place pour la confiance, mais avaient fini par s'entraider, forcés à compter l'un sur l'autre.

Ren ne savait plus vraiment quoi penser après tout ça.

Le blond pénétra la pièce quelques secondes après, dans un silence froid comme l'arctique. Il était venu s'asseoir au même endroit qu'An juste avant, sans percer le silence, sans regarder Ren, il se contenta simplement de rester assis là, comme un idiot. Une gêne terrible englobait la pièce et leur empêchèrent de se parler, même si elle avait envie de lui demander des milliers de choses, elle n'osait pas, et restait elle aussi muette.

Après une paire de secondes, il lui prit le bras, commençant à lentement effleurer les bandages teintés de rouge. Elle voyait mieux ses yeux ainsi, ils avaient l'air vides, comme des miroirs, impénétrables, flous. Elle tenta de le repousser mais il resserra sa main sur son bras sans la lâcher. Ce geste désagréable les obligea à se regarder dans les yeux, leurs orbes se battaient dans le silence, un combat où l'un comme pour l'autre pouvait voir beaucoup de mépris, aucun d'eux n'était content dans la situation actuelle.

"Tu fais quoi sérieux ?
- Je refais tes bandages. - avait-il dit d'un ton neutre."

Elle le laissa faire, jetant quelques coups d'œil parfois, intriguée, mais faisant mine de rien. Il se débrouillait drôlement bien, en tout cas bien mieux qu'elle. Tous ses gestes étaient lents, précis et soignés. Quand c'était lui qui le faisait ça semblait facile. C'était d'une aisance dont elle était presque envieuse. C'était comme s'il avait toujours fait ça, ça semblait tellement naturel.

"Comment tu te sens ? - l'interrogea-t-il en poursuivant les bandages, par simple politesse, et peut-être par ancienne habitude.
- Ça t'intéresse ? - rétorqua-t-elle de façon assez froide.

Il ignora sa réplique agressive et se contenta d'un petit soupir agacé, cette réaction ne l'étonnait pas d'elle, c'était Ren après tout. Il n'attendait pas particulièrement de réponse venant d'elle de toute façon, il savait qu'elle était têtue.

"J'ai mal partout, et je me sens horrible avec tous ces trucs."

Le blond releva la tête vers la jeune femme, arquant un sourcil, elle lui avait quand même répondu au final. Il ne pensait pas qu'elle le ferait, mais en voyant l'expression qu'elle arborait, elle avait l'air un peu plus ouverte à la discussion. Il lâcha un léger rire en secouant la tête, se moquant de son expression embêtée. Puis il se leva ensuite de sa chaise, alla ouvrir un tiroir de commode et sortit une plaquette de médicaments qu'il lui lança depuis l'autre bout de la pièce.

"Des antis-douleurs. - précisa-t-il en revenant s'asseoir auprès d'elle."

Elle prit de suite l'une des pilules qu'elle avala à l'aide d'une gorgée d'eau. Si la douleur qu'elle ressentait ardemment dans chacun de ses membres pouvait disparaître, elle en serait ravie. Même si elle savait que la guérison ne serait pas aussi simple.

"Alors tu vas faire quoi avec tout ça ? - demanda-t-elle franchement, regardant la petite plaquette, un regard qui semblait redevenu vide.
- De quoi tu parles ? - répondit-il comme si de rien n'était, ses commissures discrètement souriantes le trahissaient.
- Tu vas faire semblant de pas savoir, sérieusement ? - lui balança-t-elle avec un regard blasé."

Il haussa les épaules, un sourire taquin s'était désormais complètement révélé sur ses lèvres. Ren était ennuyée par son comportement qu'elle trouvait immature, mais d'un côté, elle était aussi rassurée de voir qu'il la traitait toujours comme avant. Il ne la regardait pas différemment, il ne la percevait pas comme plus faible, il aimait toujours se foutre de sa gueule, il avait toujours le même comportement agaçant.

Elle était toujours juste Ren pour lui, et pas une pauvre fille avec un passé triste et des faiblesses.

"Tu finiras par ressortir tout ça quand ça t'arrangera, je le sais.
- Tu penses ? - le questionna-t-il d'un ton ironique, faisant mine de réfléchir pour se moquer.
- Certaine. - affirma-t-elle.
- Qui sait ? - conclût-il en finissant son dernier bandage, le même sourie toujours accroché aux lèvres."

Ren fut elle aussi gagnée d'un petit sourire, face à cette très étrange situation.

"Qui sait ?"
——
Ils ont une alchimie de fou je suis amoureuse

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