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ch26

"Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?"

Personne ne pouvait répondre à cette question, personne ne savait ce qui les attendrait une fois qu'ils sortiraient de cette arène. Étrangement ils n'étaient pas sûrs d'avoir envie de savoir, parce que certains d'entre eux, n'étaient pas réellement sûrs d'avoir envie de quitter cet endroit. Il y avait une nostalgie dans l'idée que ce jeu avait été leur dernier.

"Sortons."

L'équipe qui était revenue au complet sortit de l'hôtel illuminée par les rayons du jour. Dehors rien ne semblait différent, les paysages étaient toujours désertiques, le silence régnait, les gens n'étaient pas réapparus, l'ambiance apocalyptique du Borderland était encore à son comble.

Ils se mirent à marcher vers le centre-ville de Tokyo, là où réellement pour eux, tout avait commencé. Les écrans gigantesques du centre s'étaient magiquement rallumés, ils étaient blancs mais rien n'apparaissait dessus dans un premier temps. Plusieurs personnes avaient commencé à s'agglutiner dans le centre, tous les survivants restants de ce monde. Et pour tous, c'était un mystère, personne ne savait ce qui adviendrait.

Soudainement tous les billboards affichèrent la même image: Mira. Debout, souriante, avec un air dégénéré encore plus apparent qu'avant. Peu après son apparition et l'effet de surprise général qu'elle avait commis, elle commença à s'expliquer.

"Bravo ! Vous avez pu récupérer toutes les cartes que nous vous avions laissées !"

Ren était en train de comprendre ce que cette mascarade voulait dire, et elle aurait dû se douter bien plus tôt que Mira avait un rôle à jouer dans tout ça. Elle connaissait trop de choses, elle était trop douée, avait trop de savoir pour que ce ne soit que l'expérience acquise dans les jeux. Elle se sentait bête d'avoir laissé quelque chose d'aussi évident lui passer sous le nez, d'autant qu'elle avait passé beaucoup de temps avec Mira.

"Mais j'ai une bonne nouvelle pour vous, les jeux continuent ! On va tous encore beaucoup pouvoir s'amuser ! La partie n'est pas encore finie."

L'écran s'éteignît aussi vite qu'il s'était allumé, et dans le ciel, les joueurs purent commencer à apercevoir de gros ballons desquels pendaient tous une gigantesque carte, sûrement représentatives des nouveaux jeux qui allaient prendre place. Elles étaient d'ailleurs toutes figuratives, ce qui voulait donc dire qu'ils avaient accédé au niveau suivant, et aussi que ce monde n'avait pas fini de les emmerder.

"Alors Mira était derrière tout ça ? - demanda Kuina, sans revenir de ce qu'ils venaient tous d'apprendre, un ton absent.
- Il y a... encore des jeux. - répéta Arisu d'un air complètement désespéré.
- On aurait dû s'en douter. - continua An, elle aussi visiblement troublée, mais qui gardait une certaine vigueur."

La discussion fut cependant très vite interrompue par des rafales de tirs qui leur tombèrent dessus comme des missiles. En levant la tête, ils virent que le ballon de la carte Roi de pique s'était hissée au-dessus d'eux. Ils comprirent alors aisément que les ballons représentaient l'emplacement des jeux, et que malencontreusement, ils s'étaient inconsciemment retrouvés au milieu de l'un d'eux.

Les corps se mirent à tomber comme des mouches autour d'eux, ils se hâtèrent de prendre leurs jambes à leur cou, allant s'abriter derrière des voitures pour éviter les balles. Pendant dix secondes personne ne fut capable de bouger ni même de respirer, tant le choc était violent.

Arisu releva ensuite légèrement la tête pour tenter de voir qui était l'auteur de ce massacre, mais il se fit très vite repérer et de nouvelles balles manquèrent de lui perforer le front. Il se recacha aussitôt derrière le véhicule, la respiration coupée, l'air encore plus ahuri qu'avant.

"C'est un homme. - conclut-il avec une main sur la poitrine.
- Un homme ? Tu veux dire quelqu'un de normal ? - demanda Usagi incertaine, ce à quoi Arisu hocha simplement la tête.
- Il faut qu'on se sorte ici. - affirma An d'une voix sérieuse. S'il nous a repéré, il nous chassera jusqu'à tous nous tuer. Il faut trouver une diversion."

La femme au carré ouvrît la portière de la voiture qui à sa surprise n'était pas fermée, elle grimpa discrètement sur le siège passager et tira le frein à main en arrière d'un coup sec. Puis elle ressortit à toute vitesse avant que la voiture ne se mette à rouler et tira Usagi et Arisu derrière la voiture où étaient déjà cachés Ren, Kuina et Chishiya. La voiture se mit à dévaler la pente de la route peu de temps après.

"Ça fera l'affaire un instant. Mais maintenant il faut qu'on parte très vite. - continua la jeune femme, se mettant de suite à courir vers une ruelle qui débouchait sur un autre pâté de bâtiments. Elle fut très vite suivie par les autres qui réussirent à ne pas attirer l'attention du Roi de pique."

"Vous pensez que c'est ça le jeu ? - demanda Usagi perplexe. Juste de le fuir ?
- Il faut le tuer je pense. - répondit Ren de sang froid, réfléchissant depuis tout à l'heure à ce que ce nouveau système pouvait être. Il était habillé comme un soldat à la guerre. À la guerre, on survit, ou on meurt."

Ils avaient déjà trouvé la réponse pour l'un des jeux, mais au vu de ce qu'ils venaient tout juste de vivre, ce ne serait pas chose facile d'abattre le Roi de pique. L'équipe semblait assez désarçonnée par toutes ces révélations trop soudaines, les jeux d'avant étaient déjà loin d'être faciles, alors ceux-là ne seraient sûrement pas plus simples. Ça n'allait pas être de tout repos.

"On peut pas directement aller rejouer, on vient déjà de survivre à un jeu, il nous faut du repos. - commença Kuina, l'air peu réjouie par le tournant de la journée.
- Elle a raison. - affirma An. On a tous assez de visa pour prendre une pause et évaluer tout ça, pour l'instant il faut qu'on mange et qu'on dorme.
- Je propose qu'on reste près d'une supérette pour avoir des ressources. - proposa Arisu, même s'il n'était lui-même pas très enjoué par l'idée."

Le groupe s'activa alors en direction de la supérette la plus proche, ayant trouvée l'idée d'Arisu bonne. La plupart étaient démoralisés par les mauvaises nouvelles tout juste apprises, mais Ren, elle, qui les suivait en retrait de façon déconnectée, ressentait un étrange soulagement à l'idée de se dire que ce monde resterait le sien un peu plus longtemps.

La perspective de revenir à sa vie d'avant l'effrayait peut-être encore trop.

"C'est pas du luxe mais au moins on pourra manger. - relativisa An en commençant à parcourir l'endroit étroit.
- On pourra pas dire qu'on sera pas devenus proches avec toutes ces histoires. - lança Kuina avec humour en constatant la petitesse de la supérette, se doutant déjà qu'ils allaient tous se marcher dessus dans ce petit nid."

Ren les laissa s'occuper de s'organiser entre eux pour le repas et la couche, elle pouvait dormir par terre ou sur une étagère, ça l'importait peu au final, elle était une facilitante. Elle avait l'esprit ailleurs de toute façon, et se sentait encore un peu trop perturbée pour pouvoir réfléchir de façon cohérente.

"Je vais faire un repérage. - annonça-t-elle pour faire diversion sur son écart avant de partir."

Une fois sortie de la supérette, elle fit le tour du petit bâtiment et trouva une échelle contre l'uns des murs qui permettait de monter sur le toit. Par automatisme elle monta, souhaitant s'isoler du reste du groupe. Elle s'installa au bord du petit muret qui bordait le toit, les jambes pendant dans le vide, l'air dans les cheveux, la tête emplie de mille pensées et interrogations, car elle ne savait plus ce qu'elle était supposée faire.

Elle avait ressenti cette chose étrange tout à l'heure qui la préoccupait malheureusement bien plus que les nouveaux jeux annoncés. Cette petite sensation chatouilleuse dans les doigts, engourdie, et ce sentiment qui était remonté jusqu'à son ventre. Elle était mortifiée à l'idée de ce que ça pouvait être, et elle ne savait pas non plus pourquoi elle avait rapproché ses doigts des siens à cet instant, elle n'avait pas compris elle-même, c'était sur un coup de tête, un acte complètement idiot qui pesait avidement sur sa conscience.

C'était ridicule : elle s'était complètement ridiculisée. Elle se demandait ce que lui pouvait bien penser de ça, comment s'était-il senti ? Elle avait cru apercevoir une forme d'embarras où d'intimidation, mais elle n'était pas sûre.

Elle n'était plus sûre de rien de toute façon.

——
Ça la travaille, elle sort peut-être ENFIN du déni