Lorsque j'ouvre les yeux, le réveil de ma copine affiche quatorze heures. Je me retourne dans le lit et vois Audrey qui dort encore. Je m'extirpe des draps en grimaçant, j'ai une gueule de bois d'enfer. Un mal de crâne me lance et je me dirige à tâtons vers la salle de bain à la recherche de paracétamol. Une fois le précieux médicament en main, je me traine jusqu'à la cuisine prendre un verre d'eau. Je me laisse ensuite tomber sur le canapé du salon en fermant les yeux. Punaise, ça ne m'est pas arrivé depuis longtemps. En les rouvrant difficilement, je remarque que mon portable resté hier sur la table basse s'allume régulièrement, signe que je dois avoir des messages non lus. Une boule à l'estomac se réveille lorsque je constate le nombre d'appels en absence de Fabien, y'en a au moins une dizaine, et un message vocal que je me précipite d'écouter.
— Charlotte, ça fait deux heures que j'essaie de te joindre, je voulais entendre un peu ta voix. Je m'inquiète pour toi, je voulais savoir si tu étais bien rentrée de ta soirée, mais je vois que tu n'es pas disponible. J'imagine que si à huit heures tu ne réponds pas, c'est que tu as dû bien faire la fête hier... Ravie de voir que certaines s'éclatent pendant que d'autres se tuent au boulot et n'arrive pas à dormir en s'inquiétant pour toi ! Je te rappelle demain si j'ai le temps, sinon ce sera lundi soir comme prévu ! termine-t-il le message d'un ton cassant.
Pour une fois, je ne tente même pas de le rappeler, comme je l'aurais fait en temps normal. Je ne suis pas en état de me faire engueuler et reprocher mon comportement immature et tout ça. Je balance le téléphone sur le canapé dépitée et ferme les yeux de nouveau sur une image qui me désarçonne. Les iris marron glacés de Dorian qui m'observent... N'importe quoi ! Pourtant je dois bien avouer que le guitariste m'a troublée, trop sans doute. J'ai la sensation qu'il est bien plus que ce qu'il montre. Je ne l'ai pas senti hyper heureux de rejoindre cette fille hier soir, mais c'est surement mon imagination qui me joue des tours. Une part de moi aimerait qu'il s'intéresse à moi, pour sentir que je peux plaire à quelqu'un comme lui. Je tente de chasser son image qui semble vouloir persister dans mon esprit et m'assoupie de nouveau. Je rouvre les paupières peut-être vingt minutes plus tard quand je sens un poids s'effondrer à mes côtés. Audrey.
— Putain, on s'est pris une sacrée murge hier soir, lance-t-elle en posant sa tête contre mon épaule.
— Je ne veux plus jamais voir une bouteille de vodka, plus jamais.
Elle ricane en me tapotant la cuisse.
— Avoue que ça t'as fait du bien de te lâcher un peu hier soir ? Depuis combien de temps tu n'avais pas rigolé autant.
— C'est vrai, je t'accorde ça ! Je me suis bien amusée et détendue. Mais bon, retour à la réalité maintenant, soufflai-je.
— Je vais faire du café, propose-t-elle.
J'ai tellement plus l'habitude de sortir en soirée que je ne tiens plus le choc. On est resté au Molodoï jusqu'au moins trois heures du matin avant de rentrer en Uber jusqu'à chez Audrey, vu qu'elle n'était plus en état de remonter sur sa moto. Je ressasse le message de mon fiancé. Je le trouve injuste avec moi parfois. Je sais qu'il bosse dur pour son projet professionnel, mais c'est son choix, pas le mien. Le fait qu'il ne s'amuse pas ou n'ai pas de temps de sortir un peu justifie-t-il que moi je doive rester aussi cloîtrée à la maison ? Je vis comme une vieille, si bien que mon corps est cassé après une soirée... je souffle en prenant place sur un tabouret devant le bar qui sépare la cuisine ouverte du salon en attendant le précieux nectar qu'est en train de faire couler Audrey. Vivement que tout ça s'arrête et qu'il rentre à la maison. La distance crée des tensions et je n'en peux plus.
Audrey fait glisser ma tasse fumante près de moi en s'asseyant aussi.
— Fabien a essayé de me joindre ce matin, mais comme je dormais ! entamé-je.
— Il t'a engueulé ?
— Non, mais il n'est pas très content ! j'avoue en jouant avec ma cuillère.
— Putain Charlotte... Tu ne le trompes pas, tu t'amuses un peu, tu vis ! Dis-moi où est le mal ?
— Je sais bien.
— On dirait qu'il veut t'enfermer dans une cage, même à sept mille kilomètres !
Je contemple mon café en cherchant une réponse qui ne vient pas. Parfois j'ai l'impression qu'Audrey n'a pas tort, mais en même temps, je comprends Fabien et sa frustration d'avoir dû partir sans moi, et de vivre une relation à distance. C'est moi qui ai refusé de le suivre... C'est de ma faute cette situation.
— Franchement s'il t'en veut de passer une bonne soirée, ça devient grave. Justement, il devrait être content pour toi.
— Ce n'est pas méchant, il s'inquiète, c'est tout.
— Et de quoi ? Je voudrais bien le savoir !
— Qu'il m'arrive quelque chose, ou peut-être aussi que je rencontre quelqu'un d'autre. On est loin l'un de l'autre après-tout, il doit y penser sans doute un peu.
— Mouais. Si il avait peur de ça, il t'appellerait plus souvent, il répondrait quand tu l'appelles parce que tu te sens seule... J'ai plus l'impression qu'il veut te contrôler.
Elle plonge ses lèvres sans son bol de café. Je l'observe faire sans un mot supplémentaire. Audrey déteste Fabien depuis le début donc elle n'ira jamais dans son sens, même si elle se rendait compte qu'elle faisait erreur à son sujet. Elle n'est pas vraiment objective donc à quoi bon en discuter avec elle. On finit par changer de conversation puis le reste de l'après-midi s'écoule devant des séries toutes aussi nulles les unes que les autres.
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Kiss me... Good bye
RomanceNew Romance, qui a participé au concours Fyctia : C'est un 10 mais ... ***Attention : 🔞 histoire pouvant contenir des scènes de sexe explicites - Public averti*** Quand Charlotte et Dorian se rencontrent, rien n'est aligné pour qu'ils tombent amou...