Chapitre 13 - Dorian

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Il est deux heures du matin lorsque la soirée se termine. J'aide Mika à ramasser les cadavres de bières qu'on a sifflées. Audrey se lève pour aller aux toilettes en marchant d'un pas mal assuré. Je ne sais pas combien elle en bu mais plus que moi !

— Vous ne voulez pas dormir ici les filles ? Vous avez bu de l'alcool ! Audrey, t'es pas en état de remonter sur ta bécane ce soir ! insiste Mika.

Charlotte n'a pas l'air hyper enchantée, je pense qu'elle a envie de rentrer chez elle, mais vu qu'elle est venue en moto avec Audrey, elle n'a pas vraiment le choix.

— Ouais tu as raison ! Ce ne serait pas très intelligent !

— Mais ça ne dérange pas ? demande Charlotte gênée.

— Mais non, rétorque la sœur de Mika. Tu dormiras avec Dorian, il n'aime pas être seul !

Elle me scrute avec un grand sourire avant de manquer de trébucher. Je ne sais pas si sa réplique m'énerve ou si je dois la remercier d'avoir dit à voix haute le fond de ma pensée. J'ai bien l'impression qu'elle essaie de nous caser ensemble, avec ses allusions pleine de sa délicatesse légendaire. Mais elle semble oublier quelques détails au passage...

— Ce n'est pas ce qu'il a gagné tout à l'heure ! précise Charlotte avec un petit sourire.

— Quoi ? Il a gagné quoi tout à l'heure ? questionne directement la petite dinde.

— Rien, c'était une private joke, curieuse ! je réponds.

— Mouais, ils cachent des trucs les deux-là, dit-elle à son frère suspicieuse.

— Tu dors avec moi Audrey ? lui demande Mika. Comme Dorian occupe un des lits de l'étage, on laisse l'autre à Charlotte.

— OK, ça marche.

— Putain, maintenant qu'on a plus de fric, faut que je m'achète une plus grande baraque ! marmonne Mika dans son coin.

Moi aussi, faut que je m'achète une maison, je suis toujours dans mon petit appart, le même depuis que je suis partie de chez ma génitrice. Mais pas sûr que je veuille rester vivre sur Strasbourg quand on est en repos. Je me vois plutôt acheter une maison dans le sud, pas loin de la mer. Avec l'argent qu'on a gagné grâce à notre album et les concerts, on peut se permettre ça ! Terminée les périodes à bouffer que des pâtes parce qu'on avait plus un rond et que le peu d'argent gagné passait dans les instruments de musique. J'ai l'intention de faire un cadeau aux parents de Karim d'ailleurs, il faut que j'y réfléchisse. Le nombre de fois où je me suis retrouvé à manger chez eux car j'avais plus rien dans mon frigo. Khadija, sa mère, a toujours été adorable avec moi, elle venait même m'apporter des Tupperware avec du couscous ou son fameux tajine à chaque fois qu'elle en faisait. Et quand je suis devenu végétarien, elle en cuisinait une partie dans une casserole à part sans viande, juste pour moi. Je ne sais même pas si Karim est au courant de ça ! Putain qui ferait ça pour un gosse qui n'est pas à eux... C'est les premiers que je suis venu voir en rentrant ici. Je les considère comme ma famille, bien plus que la garce qui me sert de mère sur le papier.

Je monte les escaliers en demandant à Charlotte de me suivre pour lui montrer la chambre où elle peut dormir ce soir.

— La maison est quand même grande, il a vraiment besoin de changer ?

— C'est Mika ! Et puis quand on fait la fête ici et qu'il y a du monde, c'est vrai que c'est cool quand y'a assez de place pour faire dormir tout le monde.

— Oui c'est sûr !

— Tiens, c'est là, je lui indique en montrant une porte du doigt. Tu as besoin de quelque chose ?

— Euh, non merci, ça devrait aller.

— Je peux te trouver un tee-shirt si tu veux, pour dormir. Je vais te filer un des miens.

— Ne t'embête pas !

— Si je te propose c'est que ça ne m'embête pas !

Je me dirige vers ma chambre et fouille dans mon sac de sport à la recherche d'un tee-shirt. J'en prends un long noir à l'effigie des Chicago Bulls. Elle m'attend sur le pas de sa porte avec un petit sourire.

— Merci, c'est gentil.

Je le lui tends, mais je ne le lâche pas pour autant, elle relève les yeux sur moi sans comprendre. Allez te dégonfle pas Dorian, c'est le moment idéal.

— Je peux récupérer mon gain ? je lui demande tout doucement en étirant mes lèvres.

Je la vois rougir directement. Putain et moi j'ai le cœur qui s'emballe d'un coup. C'est juste un bisou après un pari à la con. Rien de plus. J'ai même sauté des filles sans les embrasser alors pourquoi je me sens comme un puceau à son premier rencard là !

— Ok, murmure-t-elle. Un smack on avait dit, hein ! me rappelle-t-elle en posant son index sur mon torse.

— Ouais bien sûr ! je fais avec une voix plus rauque en me rapprochant d'elle.

Je la bloque contre le mur et pose mes mains dessus de chaque côté de son corps. Elle relève son visage pour me voir, j'ai facilement vingt centimètres de plus qu'elle. Mes dreads caressent ses épaules et je la vois déglutir. Je me demande si je lui fais de l'effet, si au fond d'elle, elle a envie que je l'embrasse aussi. Je prends mon temps, je n'ai pas envie que ça aille vite. Mon nez frôle le sien, puis sa joue. Je la sens frissonner est sa poitrine se soulève de plus en plus rapidement. Et quand elle plante ses yeux verts dans les miens, j'ai l'impression de me prendre une décharge électrique.

— Tu as l'intention de me torturer longtemps comme ça ? souffle-t-elle.

Je lui souris sans répondre et je m'incline pour effleurer sa bouche. Elle est droite comme un piquet debout sur la pointe des pieds, j'aimerais qu'elle passe ses bras autour de ma taille et qu'elle se détende. Je pose enfin mes lèvres sur les siennes, tout doucement. Ma langue les caresse et se glisse lentement entre elles quand elle les entrouvre. Je ferme les yeux etme laisse aller dans une danse sensuelle entre nos langues. Elle me rend mon baiser et je sens sa main s'arrimer dans mon dos. Une des miennes glisse dans ses longs cheveux soyeux. Je savoure ce moment et me presse un peu plus contre elle. C'était un jeu à la con, mais j'avais vraiment envie de l'embrasser. Mon ventre crépite, sa chaleur s'imprime sur ma peau. Sa douceur me transperce l'âme et je pourrais continuer comme ça pendant des heures. Pourtant, c'est moi qui finis par y mettre fin, j'ai peur d'aller trop loin. Je sens déjà mon érection gonfler dans mon pantalon et je ne veux pas qu'elle croit que j'ai juste envie de l'allonger sur un lit. C'est autre chose que je veux. Elle est douce, elle est attachante... J'ai envie qu'elle m'apprécie. 

Kiss me... Good byeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant