Chapitre 14 - Charlotte

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Merde, c'était quoi ça ? Je referme la porte de la chambre et m'appuie dessus en touchant mes lèvres du bout des doigts. Ça crépite dans mon ventre et des frissons parcourent encore ma peau. Je ne m'attendais clairement pas à ça. Ce baiser était... si doux, si tendre, si sensuel... Je me sens étrange tout à coup. J'ai envie qu'il recommence, mais je sais que ce n'est pas bien. Je suis fiancée et je viens d'embrasser un autre mec ! À quoi je pense bon sang ! Je ne peux pas faire ça à Fabien. Le remord ne dure cependant que quelques secondes à peine quand la sensation piquante de sa fine barbe de trois jours se rappelle à moi, l'odeur de cannelle qui se dégage de sa bouche... Et son piercing sur la langue... son putain de piercing à la langue, merde c'était trop sexy !

Je me dirige vers le lit en me tirant les cheveux d'agacement. Il faut que j'oublie ça tout de suite. Je suis fiancée, et embrasser un autre mec que le sien, c'est déjà le tromper. C'était juste un jeu de toute manière. Un jeu stupide, ça ne signifie absolument rien. D'ailleurs, lui qui saute des tas de filles tout le temps, il doit avoir l'habitude de rouler des pelles comme celle-ci ! Je suis juste une de plus sur sa longue liste.

Allongée sur le lit, je fixe le plafond et je me rends compte que je suis en train de serrer son tee-shirt à m'en blanchir les doigts. Je crois que j'avais oublié la douceur d'un baiser, la chaleur d'un homme contre soi. C'est juste ça. Je me retourne et attrape mon téléphone dans ma poche de jean. J'appelle Fabien. J'ai besoin d'entendre sa voix. Après plusieurs sonneries, je tombe sur son répondeur. Je rappelle quatre ou cinq fois, juste pour entendre son speech vocal de présentation qui me rassure. Je finis par laisser un message :

— Fabien... Tu me manques. Je t'aime et j'ai besoin d'entendre ta voix.

Bien sûr sans surprise, il ne me rappelle pas, pourtant il n'est que dix-neuf heures là-bas. Sachant qu'on s'est pris la tête tout à l'heure, il va me snober pour me le faire payer. J'attends encore presque une heure dans l'espoir qu'il finisse par changer d'avis, mais il ne prend même pas connaissance de mon message, il doit encore travailler. Je finis par m'endormir en boule sur le lit, sans même me changer finalement.

Le lendemain matin, je me réveille difficilement. Je regarde immédiatement mon téléphone, mais aucune nouvelle de Fabien. Il est dix heures et j'entends du bruit en bas alors je décide de descendre. Audrey et Mika sont en train de se chamailler sur un truc, quand à Dorian, il n'est pas là.

— Hé, salut ! Bien dormi ? demande Mika.

— Ça va ! Et vous ?

— Mika ronfle comme un pompier mais sinon, ça va ! souffle Audrey en se versant un café.

— Je ne ronfle pas je te dis ! C'est toi qui as imaginé des trucs en dormant.

Audrey lui sort sa plus belle grimace.

— On décolle dans quinze minutes si ça te va Charlotte, j'ai promis de passer à la maison de retraite ce matin apporter des éclairs à mon grand-père.

— Putain et son diabète ! gueule Mika. Ne lui donne pas de gâteaux !

— Oh ça va, c'est une fois par mois. Il faut bien qu'il profite un peu de la vie. Les infirmières sont ok.

— On peut y aller tout de suite si tu veux, je suis prête.

Ça m'arrange bien de partir avant de recroiser le regard ténébreux de Dorian. Ni Audrey, ni Mika ne semble se rendre compte de ma tentative d'évitement, donc parfait.

— Je voulais dire au revoir à Dorian, mais le temps qu'il rentre, on n'a pas le temps d'attendre, m'informe Audrey.

— Il est parti ? je demande.

— Il est parti courir, répond Mika. Il entretient son corps de rêve !

— Faut bien évacuer les litres de bière que vous vous enfilez.

— Dis celle qui boit plus que nous ! répond du tac au tac son frère en imitant sa grimace de tout à l'heure.

Lorsqu'Audrey me dépose devant chez moi, elle coupe le moteur de sa moto.

— Charlotte, ça va ?

— Ben oui, pourquoi ça n'irait pas ? je lui demande surprise en lui tendant le casque qu'elle m'a prêté.

— Il s'est passé un truc avec Dorian ? Je vous ai trouvé un peu bizarre.

— Pourquoi tu dis ça ? je réponds presque sur la défensive. Il est très sympa, on a bien discuté. Mais qu'est-ce que tu veux qu'il se passe ?

— Je ne sais pas... Il ne te plait pas ? continue-t-elle curieuse.

— Alors premièrement, il n'a pas à me plaire ou non, j'ai un mec aux dernières nouvelles et puis vu la réputation que tu m'as dépeinte de lui, même s'il me plaisait, je ne m'intéresserais pas d'être un numéro de plus sur sa très longue liste.

— Ok, ok, je n'ai rien dit.

Son sourire me fait penser qu'elle n'est pas convaincue. Même moi je ne le suis pas, je dois avouer qu'il me plait, peut-être même un peu trop. Mais je pense que c'est juste le manque qui me fait penser ça. Je suis faible. Faible au point de craquer pour le premier mec un peu gentil avec moi, juste parce que je suis en carence de câlins.

— On se voit lundi au taf ?

— Non, je suis en vacances moi ! je la nargue.

— Ah oui, c'est vrai, j'avais oublié. Pff, j'aurais dû en poser en même temps que toi, on aurait pu sortir un peu. Tu as pris combien déjà ?

— Une semaine. C'est de la récup pour les heures supp que j'avais faites et les jours que je n'ai pas pu prendre l'année dernière tu te souviens ?

— Ah oui, c'est vrai. Tu vas faire quoi du coup ?

— Je ne sais pas trop encore. En profiter pour trainer un peu. Je verrai.

— On se fait une soirée pizza mercredi soir !

— Yes !

Kiss me... Good byeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant