Chapitre 18 - Charlotte (bis)

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Je me redresse légèrement, dans l'attente de ce qu'il va me dire.

— Tu me plais Charlotte. Tu es jolie et tu as quelque chose de différent qui m'attire.

— Dorian... le coupé-je.

— Laisse-moi finir s'il te plait.

Je déglutis, mal à l'aise.

— Tu me plais, mais je n'ai pas dit autre chose. T'as un fiancé que tu aimes et moi je ne veux pas m'investir dans une relation, ça ne m'intéresse pas. La musique est ma priorité et on doit partir à Londres dans quelques mois ! Une relation, ça demande trop d'implication, et je n'ai clairement pas le temps, ni l'envie pour ça.

— Hmm, je comprends, je dis en me demandant où il veut en venir.

— Alors je te propose qu'on se fréquente, sans se prendre au sérieux, comme un jeu.

Il se penche en avant en posant ses coudes sur ses genoux, tout en continuant de me regarder.

— Comment ça ? Je ne suis pas sûre de saisir !

— On se voit, on passe du temps ensemble mais sans se prendre la tête. J'ai la musique, tu as ton mec...

— T'es un enfoiré en fait, dis-je en me décalant pour le toiser.

— Pourquoi ? C'est un bon compromis, non ?

— Comme tu l'as dit, j'ai un mec et je l'aime.

— Ouais, mais tu es humaine, et les relations longues distances, ça finit toujours par merder et tu sais pourquoi ?

— Vas-y, éclaire-moi de tes lumières, dis-je sur la défensive.

— Parce qu'on finit toujours par craquer. Soit tu vas coucher avec un autre mec et tu regretteras derrière, soit ton couple va imploser sous la tension et de la rancœur que tu vas nourrir à cause de ta solitude !

— Attend, attend ! Je t'arrête tout de suite là. Ça fait déjà un an que je vis ma relation à distance et pas une fois j'ai été attiré par un autre homme ou j'ai eu envie de voir ailleurs ! Pas une fois ! m'énervé-je.

— Je te demande pas de le tromper ni de le quitter. Tu es seule ici pendant qu'il est aux USA, et ça crève les yeux que tu manques un peu de chaleur humaine. Ne dit pas le contraire. Sérieux tu es heureuse ? Tu ne te sens pas seule ?

Je reste bouche bée. Il n'a pas tort... mais de là à accepter son plan foireux.

— Je suis célib donc libre comme l'air, alors je te propose qu'on se fréquente pour partager des moments sympa et des petits câlins.

— Dorian, tu crois sérieusement que je vais coucher avec toi ? En fait je suis sûr que tu proposes ça à toutes les filles, célibataires ou non. Comme ça, tu ne t'implique pas dans la relation et la fille en face ne peut pas t'en vouloir, tu as prévenu dès le départ que c'était qu'un jeu. Sérieux ? Je comprends bien mieux le Kiss me, Good Bye maintenant ! dis-je en me renfrognant.

Je suis déçue... Déçue de son attitude. Ce que j'avais perçu de lui me laissait croire qu'il n'était pas ce genre de mec. Je me suis trompée à ce point ?

— Y'aura pas de sexe entre nous si tu veux, ce sera la limite à pas franchir. C'est juste un deal pour se sentir moins seuls tous les deux, c'est un bon compromis. Pas d'attache, pas de jalousie et tu ne trompes pas ton mec. Et quand il revient en France, et bien on arrête tout. C'est simple et chacun retournera de son côté.

— Et tu veux me faire croire que tu ne voudras pas de sexe ? Tu vas réellement te contenter de petits câlins devant un film sur un canapé ?

— J'adore les petits câlins devant un film... s'amuse-t-il. Et pour le sexe, je trouve sans problème si besoin, ne t'en fais pas pour moi. Ce n'est pas du sexe que je propose, mais un genre d'amitié plus poussées.

Il fait mine de prendre ses propres paroles à la rigolade, mais je sens de la nervosité dans sa voix et il triture un fil de son tee-shirt avec ses doigts. Je ne comprends pas quel est son objectif.

— Alors pourquoi tu ne proposes pas ce jeu avec une groupie ou tout simplement à une femme libre ?

— Parce que... je ne veux pas qu'on tombe amoureux de moi ! souffle-t-il en détournant le regard pour la première fois. Toi tu es en couple, donc je sais que ça n'arrivera pas ! On s'entend plutôt bien et j'aime passer du temps avec toi. Et si toi aussi tu aimes passer un peu de temps avec moi, tu peux avoir l'esprit tranquille, il n'y aura pas de conséquences et rien qui gâchera ton couple. Tout ce qui se passe entre nous, restera entre nous et se terminera quand tu le voudras.

Je réfléchis à ce qu'il vient de me dire, dubitative.

— Pour moi, je vois le bénéfice, dis-je après m'être raclé la gorge. Effectivement, ça me permet de ne pas ressentir de solitude en attendant Fabien, mais toi ? Franchement, je ne vois pas bien ce que tu y gagnes. Si je ne couche pas avec toi... Ça consiste juste à passer du temps ensemble et à se faire des câlins comme des ados ?

— Y'a pas de piège Charlotte, je t'assure ! tente-t-il d'expliquer doucement. Tu me soutiens, je te soutiens, on comble notre vide affectif ensemble.

— Et si tu tombes amoureux de moi ? Ce ne sera pas mon problème, on est d'accord ? Moi je retrouve Fabien dans dix mois et je me marie, lui assuré-je.

Il esquisse un sourire moqueur en rabattant ses longues dreads en arrière.

— Je ne tombe pas amoureux Charlotte, ça n'arrivera jamais, crois-moi ! Tu n'as pas de soucis à te faire de ce côté-là ! Et si ça devait arriver, comme tu dis, ce ne sera pas ton problème !

— Tu es quand même sacrément tordu ! Qui propose ce genre de truc ?

— Tu es partante ou non ?

Sa manière de me demander ça me transperce le cœur sans comprendre pourquoi. Cette proposition sonne comme une bouteille à la mer qu'il lancerait pour qu'on vienne lui tendre la main.

— Je crois que j'ai besoin d'un verre ! Quelque chose de fort, avoué-je en me levant pour chercher une bouteille dans le placard du salon.

J'en extirpe du rhum ambré. C'est Fabien qui boit ça habituellement, je ne suis pas amatrice de ce genre d'alcool, sauf parfois dans un cocktail. Je sors deux verres à shooter et les dépose sur la table basse. Je les remplis et bois le mien cul-sec sans attendre, avant de le remplir de nouveau. Il m'observe en silence. Dans quoi je suis en train de m'embarquer... Mais je dois bien avouer que je me sens bien avec lui et que j'aime sa compagnie. Et si on ne couche pas ensemble, où est le mal finalement, je ne trompe pas Fabien.

— C'est juste une sorte d'amitié, un peu plus intime, ajoute-t-il d'une voix douce et chaude.

— Dorian...

— Y'a que de bons côtés pour toi, et il ne se passera jamais rien que tu ne souhaites pas.

— Je me demande sérieusement ce qui se passe dans ta tête... lâché-je en me prenant la tête dans les mains.

Ça tourne à mille à l'heure dans mon esprit. Pourquoi j'ai la sensation que c'est une énorme connerie ? Pourtant... Pourtant j'ai envie d'accepter si je suis honnête avec moi-même...

Kiss me... Good byeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant