Je n'aime pas savoir qu'elle a pu être déçue de moi. Je ne veux pas qu'elle ait une mauvaise opinion. J'ai besoin qu'elle m'apprécie. Ce n'est pas une chose qui me tient à cœur d'habitude, me faire apprécier. Je m'en fous la plupart du temps. Mais je me sens exister lorsqu'elle me regarde. J'ai l'impression d'être quelqu'un d'important, c'est étrange.
Je soupire et j'essaie d'en faire abstraction. Ses mains qui façonnent mes dreadlocks avec douceur me donnent des frissons dans le dos, c'est agréable. Je ferme les yeux et pendant qu'elle s'affaire toujours sur mes cheveux, je caresse sa jambe nue. Je crois que c'est la première fois que je la vois en robe, ça lui va bien. J'essaie de me détendre, mais je repense à la conversation avec Red Light Music... Je n'avais encore jamais envisagé cette configuration. Mais on ne va pas avoir le choix si on veut faire la différence. Comme l'a dit Robinson, on ne veut pas juste se contenter d'être un bon groupe, on veut être dans le top des groupes de métal. J'ai quelques connaissances auxquelles je pense qui pourrait intégrer notre groupe, mais pas sûr qu'ils soient disponibles ou intéressés.
— Ça va ? me demande-t-elle doucement.
— Hmm.
— Tu as l'air pensif, fait-elle remarquer.
— Ça doit être l'effet de tes doigts de fée, je réponds.
Je grimace en sortant un semblant de juron quand elle me tire une dread.
— Te moques pas, j'ai tes cheveux entre les mains ! Un petit coup de ciseaux là-dedans... menace-t-elle faussement.
— Toi tu cherches la bagarre ! je constate en lui pinçant le mollet.
— Aïe ! couine-t-elle.
Je lui frotte la jambe énergiquement pour lui faire passer le pincement. Je me sens bien avec elle, il y a une alchimie indéniable. Tout parait simple. Je garde ma main sur sa peau et continue de la caresser doucement cette fois. J'ai envie de remonter plus haut, sur sa cuisse, sous sa robe. Putain, pourquoi je pense à ça dans un moment aussi cool. Je commence à avoir un coup de chaud et ma queue prend du volume dans mon jean. Heureusement de là où elle est, elle ne peut pas le voir. Ses doigts continuent de me masser le cuir chevelu et de rouler mes dreads. Je me calme et je respire en fermant les yeux. Serein, c'est le mot parfait pour décrire ce que je ressens près d'elle. Un mot qui n'a jamais fait partie de mon vocabulaire avant. Je pourrais bien m'y habituer.
— On avait rendez-vous avec notre label aujourd'hui, je souffle. Et ça ce n'est pas très bien passé.
— Pourquoi ?
Je lui raconte notre entretien avec Robinson et le fait qu'il veut que nous ajoutions un nouveau guitariste.
— Et tu penses que c'est parce qu'il ne te trouve pas assez bon ? demande-t-elle doucement.
— Je ne pense pas, mais c'est frustrant de me dire que je ne peux pas assurer tout seul à la guitare. J'ai eu l'impression de me prendre une gifle.
— Je comprends, dit-elle en m'enlaçant.
Je pose ma main sur son bras qui entoure tendrement mon cou.
— Ne doute pas de toi. Votre premier album à super bien marché et vos concerts ont tous été remplis. Si vous n'aviez pas de talent, ça n'aurait pas fonctionné aussi bien.
— Oui mais on vise plus grand... Et c'est un producteur qui sait ce qu'il fait.
Le dire à haute voix me fait mal au ventre. J'ai beau me dire qu'il a raison, merde... ça va être dur d'accueillir un autre zicos au sein de notre line-up.
— Il faut accepter seulement si vous vous sentez de le faire.
— Ouais, il faut qu'on réfléchisse à tout ça.
Je soupire d'aise et dépose un bisou furtif sur son bras. Son portable se met à sonner. Je tends le bras pour l'attraper et lui donner et remarque que c'est Audrey.
— Salut ! répond-t-elle. Oui ne t'en fais pas ! Non, aucun souci, j'avais prévu autre chose ! On se voit demain, bisous.
Elle raccroche et jette le téléphone sur le canapé.
— C'était Audrey, pour me prévenir qu'elle ne vient pas ce soir.
— Elle devait venir ?
— Oui, on est mercredi. Le mercredi soir, c'est notre soirée pizza devant des films d'amour.
— Oh merde... je ricane.
Je me prends une tape sur la tête.
— Comment ça « oh merde » ? s'offusque-t-elle faussement.
— Ben les filles avec leurs films roses bonbons. T'es avec moi ce soir donc ce sera un film de cul ! Mais je suis ok pour les pizzas, je me moque.
— J'ai pas dit que tu pouvais rester d'abord ! Et c'est ma télé, donc je choisis le programme.
— Audrey sort avec la barmaid du Molodoï alors ? Si elle te pose un lapin, je demande.
— Ça m'en a tout l'air. Elle en mode « in love » au boulot, dit-elle enjoué.
— C'est cool !
— Oui, elle mérite de trouver quelqu'un de bien. Audrey est vraiment une perle.
— Fabien, c'est ton premier mec ?
— Ça se voit tant que ça ? ricane-t-elle.
— Non, c'était une question, pour savoir.
— Oui. J'ai flirté un peu avec d'autres garçons avant, mais c'est le premier avec qui je suis allée jusqu'au bout.
— Votre mariage est prévu pour quand ?
Est-ce que je suis con ? Sérieusement, je me demande pourquoi je vais sur ce terrain-là !
— L'année prochaine. Le temps qu'il rentre, qu'on reprenne un peu nos marques, qu'on termine les préparatifs et tout ça.
C'est bien d'avoir un but auquel se raccrocher et c'est sans doute ça qui la fait tenir tout ce temps, savoir qu'ils vont se marier.
— Tu as hâte j'imagine ! La grosse robe de mariée meringuée, je ricane.
— Arf, ne m'en parle pas ! Je ne suis pas sûr d'avoir envie de ressembler à Sissi dans un corset étriqué et quatre mètres de tissu qui traine derrière moi. Non j'ai une idée de la robe que j'aimerais, mais à voir si ça plaira à Fabien.
— Si ça te plait, ça lui plaira aussi !
Un petit rictus sort de ses lèvres.
— On n'a pas vraiment les mêmes goûts ! Je sais qu'il va vouloir quelque chose de classique, surtout pour sa mère.
— Ne te laisse pas influencer, on se marie qu'une fois, enfin, c'est le but ! Faut que tu aies la robe dont toi tu as envie.
— Tu t'y connais en robe de mariée ? ricane-t-elle.
— Non, mais j'imagine ! Ça va être un grand mariage ?
— Je crois qu'il a invité entre cent cinquante et deux cent personnes. Je ne les connais pas pour la plupart, je m'en fiche un peu, je crois. De mon côté, à part Audrey, il n'y aura personne de toute façon !
— Tu n'as plus de tout de famille nulle part ? je demande.
— Non, je suis toute seule, répond-t-elle d'une voix triste. C'est peut-être pour ça que je tiens tant à ce mariage, avoue-t-elle. Je veux construire ma famille.
— Je comprends.
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Kiss me... Good bye
RomanceNew Romance, qui a participé au concours Fyctia : C'est un 10 mais ... ***Attention : 🔞 histoire pouvant contenir des scènes de sexe explicites - Public averti*** Quand Charlotte et Dorian se rencontrent, rien n'est aligné pour qu'ils tombent amou...