Chapitre 22 - Charlotte

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Qu'est-ce qui m'a pris de dire ça... je pouvais m'arrêter à ma première phrase, pas besoin d'en rajouter. Il va penser que je veux recommencer. Est-ce que j'ai envie de recommencer ? Oui... j'aimerais sentir ses lèvres à nouveau sur les miennes, sa langue si sensuelle dans ma bouche... mais je chasse cette idée stupide rapidement.

— Ne compte pas là-dessus, répliqué-je immédiatement.

— Je propose, tu disposes. Moi je choisis action !

Il me scrute avec des yeux pétillants.

— Non mais là ce n'est pas du jeu ! m'esclaffé-je en déposant ma fourchette sèchement.

— Le jeu s'appelle « action ou vérité » !

— Tu as dit que le but était d'apprendre à se connaître ! Si tu choisis action, ça ne marche pas !

— Tout dépend de ce que tu me demandes de faire ! répond-il en terminant son assiette avec son sourire narquois.

— Tu... commencé-je ne le fixant de mon regard le plus noir possible.

— Hmm ?

— Tu m'énerves ! Bon eh bien, montre-moi ton endurance et fais le tour de la table basse à cloche pied dix fois !

— Tu n'es pas joueuse Cha ! dit-il de sa voix grave en se penchant au-dessus de la table avant de se lever.

Le fait qu'il utilise le diminutif de mon prénom me déclenche une vague de frissons incontrôlable.

— Tu choisiras vérité au prochain tour comme ça ! dis-je en tentant d'ignorer l'effet qu'il a sur moi.

— Tu ne me connais pas encore ! ricane-t-il en se positionnant près de la table basse

— Toi non plus, je t'assure, souris-je moqueuse.

S'il croit que je vais tomber dans son piège, il rêve ! Je le regarde faire des tours de table en me moquant sans aucune gêne. Le jeu se poursuit et ses questions deviennent de plus en plus gênantes. Je sais qu'il veut me pousser à choisir « action », mais il n'en est pas question, je compte bien résister jusqu'au bout. Quant à lui, il finit par abandonner et revenir à « vérité », après avoir eu son compte de sport pour le mois entier.

— Dis-moi une chose qu'Audrey ne sait pas sur toi ? demande-t-il lorsque mon tour arrive de nouveau.

Une boule à l'estomac se forme en moi, pour la bonne et simple raison qu'il n'y a qu'une seule chose qu'Audrey ne sait pas, sinon, elle me connait mieux que n'importe qui. Mais est-ce que j'ai envie de lui en parler à lui ?

— On arrête de jouer, il est tard ! Moi je commence à être fatiguée.

Il m'observe suspicieux. Il n'est pas dupe de ma tentative d'esquiver, en même temps, ce n'est pas très fin de ma part. Je me lève et débarrasse ce qu'il y a sur la table. Des souvenirs désagréables hantent mon esprit et même si je suis passée à autre chose, je n'oublie pas...

— Désolée, dis-je. Je ne veux pas répondre à cette question, je précise en lui tournant le dos pour mettre les assiettes dans le lave-vaisselle.

Il me rejoint pour m'aider, puis je me dirige vers la cafetière.

— Tu veux un café ? je demande en faisant tout mon possible pour ne pas le regarder.

Je sens soudain son corps se coller contre le mien et ses cheveux qui caressent mon bras.

— Je ne voulais pas te rappeler de mauvais souvenir, murmure-t-il en attrapant mon poignet tremblant avec une douceur déconcertante.

— Ce n'est pas grave ! Tu ne pouvais pas deviner.

— Tu veux me dire ce qui s'est passé ?

— Y'a des sujets plus amusant que celui-là, crois-moi...

— Notre deal stipule qu'on doit se soutenir, non ?

— Ce n'est pas obligé d'englober le passé.

— Non, mais ça peut...

Mon esprit ressemble à un feu follet et fait des bons dans mon cerveau. Je commence à avoir mal au crâne. Après tout, pourquoi ne pas lui dire, il n'y a aucune conséquence avec lui, dans quelques mois, on ne se verra plus !

— J'ai eu une période très compliqué et... j'ai tenté de... mourir.

Il ne dit rien, mais je sens sa poitrine se soulever plus rapidement contre mon dos.

— Audrey n'est pas au courant parce que je faisais semblant d'aller bien devant elle, devant n'importe qui d'ailleurs, mais je m'enfonçais petit à petit jusqu'au jour où je suis passé à l'acte.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? demande-t-il doucement.

— J'ai... je ricane nerveusement. J'étais quand même cinglée... j'ai... j'ai voulu me noyer en sautant dans le Rhin, au Jardin des Deux Rives... dis-je en baissant la tête.

Repenser à cette soirée me donne la nausée. Je ressens encore l'eau froide et sombre du fleuve m'engourdir le corps. La peur qui m'avait envahie une fois que j'avais sauté. L'impossibilité de me mouvoir, trop anesthésiée par les antidépresseurs et les somnifères dont je m'étais gavée.

— Tu voulais ? prononce-t-il doucement.

— J'ai pris un mélange de médoc et j'ai sauté. Mais Fabien avait fait une soirée avec des potes au Jardin et il longeait la rive pour récupérer sa voiture ensuite au parking. Il m'a vu au moment où j'ai sauté. Il a plongé dans l'eau et m'a remontée... Voilà comment j'ai raté mon coup ! dis-je ironique, et comment j'ai rencontré Fabien en même temps.

— Pourquoi tu as fait ça ?

— Ça c'est une deuxième question ! souris-je ne me retournant vers lui.

Je lui prends le visage en coupe. Je ne suis pas prête à expliquer pourquoi j'ai voulu partir. Même si j'ai compris que ce n'était pas de ma faute avec le temps et grâce au soutien de Fabien, une pointe de culpabilité reste bloquée dans mon cœur. Nos yeux restent accrochés un moment et je suis tentée de me mettre sur la pointe des pieds pour effleurer ses lèvres. Il a l'air triste, ce que je viens de lui dire semble l'affecter.

— C'est du passé, et je n'ai plus du tout envie de mourir ! Je suis passée à autre chose, depuis longtemps. On va dire que c'était une étape de ma vie ! je précise pour la rassurer. Parfois... on a besoin de toucher le fond pour comprendre que la vie est importante, balbutié-je.

Kiss me... Good byeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant