Chapitre 27 - Dorian

117 26 1
                                    

J'ai apprécié la matinée passé en compagnie de Charlotte dimanche. Cette fille est unique. On a beaucoup plus de point communs que je me l'étais imaginé et je pense que c'est pour cette raison que l'on se comprend si facilement. Les choses sont simples avec elle et je me sens en confiance à ses côtés. Je suis perdu dans mes pensées alors qu'on est en train de charger du matos dans le van de Karim. Il est cinq heures du matin. On a tous passé la nuit chez Mika hier soir pour être prêt à décoller tôt.

— Putain, je suis KO, moi, souffle ce dernier en s'appuyant sur le capot son téléphone à la main.

— Au fait, qu'est-ce que t'as fait ces derniers jours, on ne t'a pas beaucoup vu ! ricane Karim.

— Rien de spécial, c'est ça le pire. Je m'ennuis... Je crois que c'est ça !

— Ah toi aussi ? intervient le bassiste. Putain si c'est ça le contrecoup à chaque fin de tournée... J'ai l'impression d'être totalement déphasé.

— Pas faux...

— Y'a que Dorian qui semble bien occupé ces derniers temps, ricane Mika. Tu t'es trouvé une meuf ? T'as même pas dormi une seul fois chez moi cette semaine.

— Non, j'en ai marre aussi de rester ici ! J'ai envie de jouer.

— On va déjà se faire une semaine de fiesta les mecs ! Non-stop ! Les allemandes sont chaudes il parait, ricane Mika en mimant un geste obscène devant moi.

— Ouais entre deux pintes de bière et de la saucisse ! ajoute Karim la mine blasée.

On rigole comme des cons ! Parfois nos conversations ne volent vraiment pas haut ! Heureusement qu'on a plus de style dans les textes de nos chansons.

— Les allemandes ne seront pas pour Tristan en tout cas ! prononce la voix de Solène qui vient de contourner le van.

Je regarde Tristan en faisant les gros yeux. Il avait légèrement oublié de nous prévenir qu'on allait se coltiner sa meuf avec nous. Je ne l'apprécie pas, mais il va falloir que je fasse un effort. Il l'enlace et l'embrasse.

— Va lui lécher les amygdales ailleurs putain, crache Mika. Il est à peine cinq heures, vous me filez déjà la gerbe.

— Jaloux ! réplique Solène.

— Bon, on bouge ? je lance. Si on veut arriver dans l'aprèm.

— On devrait essayer de l'abandonner sur une aire d'autoroute, t'en penses quoi ! me chuchote Mika en parlant de Solène.

J'esquisse un sourire. Honnêtement je tenterais bien le coup. Une semaine à la supporter, ça va être l'enfer.

— Bon, vous grimpez ou quoi ? je souffle impatient.

— Détends-toi Dorian ! ricane Karim en me tapotant l'épaule.

On est enfin sur la route en direction de Berlin. J'ai pris le premier tour de conduite, comme ça après je suis tranquille. On en a en gros pour huit heures de trajet. Mika, Tristan et Solène dorment à l'arrière et Karim est sur le siège passager à côté de moi.

— Alors, comment ça se passe ton deal avec Charlotte ? demande-t-il en s'allumant une clope.

— Bien, elle est cool.

— Cool ? C'est tout ? Vous avez pieuté ensemble ?

— T'es lourd, je t'ai dit que ce n'était pas ce que je cherchais avec elle ! je m'agace en tournant mon regard quelques secondes sur lui.

— Tu sais quoi, profites-en cette semaine pour baiser tout ce que tu vois passer, comme ça, tu seras calme en rentrant !

Je relève un sourcil surpris.

— Tu trouves que j'ai l'air tendu ?

Il me scrute sans un mot en se retenant de rigoler.

— T'es sérieux là ? Je ne suis pas tendu du tout.

— Ben pourquoi tu t'énerves alors ?

— C'est toi, putain, tu me soule avec tes allusions.

— Dès qu'on parles d'elle t'es sur la défensive mec !

— File-moi une latte au lieu de raconter des conneries, je lâche en tendant la main.

— Je sais ce que je dis, marmonne-t-il en recrachant sa fumée et en me tendant la cigarette. Ça se voit à quinze kilomètres qu'elle te plait quand elle est dans les parages. Tu serais presque mignon, tu sais comme ces petits poussins tout juste sortis de l'œuf.

Il me mine un truc pas du tout mignon avec sa bouche en cul de poule, il se fout clairement de ma gueule. Je lui plaque ma paume sur le visage pour l'éloigner avant de chercher un CD à mettre dans l'autoradio tout pourri du van. Je trouve un bon vieux Sepultura que je lance à fond dans l'habitacle. Karim commence à mimer la batterie sur le tableau de bord à l'écoute du morceau Roots Bloody Roots. Je crie par-dessus les paroles de Max Cavalera en chantant comme une merde.

— Putain ! gueule Tristan à l'arrière. Vous faites chier, je dormais.

— C'était le but ! je ricane.

Mika et Solène se réveillent aussi et finalement tout le monde se met à hurler dans le van, les vitres grandes ouvertes sur l'autoroute. J'adore ces moments. Ça me rappelle l'ambiance de la tournée.

Au bout de neuf heures de trajets, à cause des arrêts, on finit par arriver à Berlin à l'adresse qu'on nous avait filée.

— Enfin, j'ai trop mal au cul ! lâche Mika en se garant devant un grand immeuble légèrement décrépi.

Je me redresse car j'étais à moitié endormi à l'arrière. On est dans un quartier pas loin d'Alexanderplatz, qui craint un peu la nuit.

— D'après l'adresse que nous a filé Otto, c'est cet immeuble là en face, confirme Karim.

— Ils se sont foutus de notre gueule non ? fait remarquer Tristan en ouvrant la portière. Ils font vraiment de la musique dans cet immeuble ? Les voisins doivent tirer à vue !

Après être descendu du van avec une parties de nos affaires, on s'engouffre dans l'immeuble en question !

— Hey ! Wer bist du ? demande une voix derrière nous.

Le mec sur qui on se retourne sort de nulle part, en caleçon, des tongs aux pieds et un pétard entre les lèvres ! La moitié de son crâne est rasé ce qui laisse apparaitre le tatouage d'un skull faisant un fuck.

— Lukas ? je demande en pensant le reconnaître. Je suis Dorian, et là c'est Karim, Tristan et Mika, du groupe Dark Side.

— Oh, ja ja, les petits français ! prononce-t-il dans notre langue avec un accent assez prononcé. Kommen, kommen !

Il nous fait signe de le suivre de la main et nous montons des escaliers. Les murs sont tagués partout et ça put.

— Putain, on se croirait dans le squat d'un mauvais film d'horreur, balance Mika.

— Ottooooo ! gueule Lukas en ouvrant une porte d'où s'échappe une fumée qui ne laisse aucun doute sur ce qu'ils fument à l'intérieur. Die Franzosen !!!


---------------------

Hey ! Wer bist du ? : Hé, vous êtes qui ? (en allemand)

Kommen, kommen ! : Venez, venez (en allemand)

Die Franzosen : Les français (en allemand)

Kiss me... Good byeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant