Chapitre 23 - Dorian

141 29 15
                                    

Putain, sa phrase me percute en plein cœur. Qu'a-t-elle vécu pour avoir envie de mourir et surtout passer à l'acte. J'ai eu envie de crever plusieurs fois moi aussi, mais je n'ai jamais eu le courage de tenter réellement. Je n'ose pas lui poser plus de questions, je sais combien ça peut être douloureux de ressasser le passé, je suis bien placé pour le savoir. J'attrape ses mains qui sont toujours délicatement posées sur mon visage et les ramène vers ma poitrine. Elle baisse son regard sur nos doigts entremêlés en soupirant doucement. Elle se laisse aller contre moi et pose son front sur mon torse. J'enroule alors mes bras autour de son corps menu et la colle contre moi. J'ai envie de la câliner.

— Cha, je souffle doucement dans ses cheveux.

— Hmm ?

— Ça dépasse les limites de t'embrasser ?

Elle ne répond pas, je sais qu'elle hésite. Ses doigts glissent le long de mon corps avant de parcourir mon dos en soulevant le bas de mon tee-shirt. Elle déclenche une vague de frisson sur mon épiderme. J'aime sentir sa peau contre le mienne.

— J'en ai envie, murmure-t-elle. Mais...

— Tout ce qui se passera entre nous restera entre nous, pour dix mois.

Je sais qu'elle sent cette tension sexuelle entre nous autant que moi. En réalité j'ai envie de bien plus que d'un simple baiser et rien qu'à l'idée de goûter une nouvelle fois à ses lèvres, je sens ma queue durcir. Je me décolle légèrement de son corps pour ne pas qu'elle le sente. Elle relève son visage vers moi et se hisse sur la pointe des pieds. C'est elle qui vient effleurer mes lèvres. Je ne me fais pas prier pour répondre et fonds sur sa bouche. Ma langue la caresse doucement avant de se frayer un chemin contre la sienne. Sa crépite dans mon ventre. Je n'ai jamais ressentis ce genre de chose avec d'autres femmes. Elle est brulante et notre baiser est de plus en plus enflammé. Je la pousse contre le plan de travail et attrape ses cheveux d'une main. Elle gémit contre moi. Ses doigts suivent un chemin le long de ma colonne vertébrale et une de ses jambes remonte sur ma cuisse. Je ferme les yeux et savoure ce moment. Avec elle, j'ai l'impression d'embrasser pour la première fois à chaque fois et j'aimerais que le moment ne s'arrête jamais.

— Putain Charlotte ! je prononce en reprenant ma respiration.

Ses mains s'agrippent à mes dreadlocks. Son souffle est court. Je sais qu'elle aimerait plus aussi !

— On devrait s'arrêter là Dorian, bredouille-t-elle.

— On devrait...

— Repousse-moi s'il te plait !

Sa voix est comme une supplication douloureuse. Elle s'agrippe à moi avec plus de force et baisse le visage. Elle n'en a pas envie, tout comme moi. Mais je prends sur moi et me détache d'elle avec difficulté. Notre deal à des limites que je lui ai promis de ne pas franchir, mais j'avoue que je n'avais pas imaginé que ce serait aussi compliqué si vite. Je souffle pour essayer de contenir la bosse qui déforme mon pantalon.

— Je vais aux toilettes, je murmure presque après m'être raclé la gorge.

Elle me fait un petit signe de la tête, gênée. Elle a conscience de ce qu'elle vient de déclencher. Je m'éclipse rapidement et m'enferme. Putain, j'ai passé l'âge de me branler dans les chiottes à cause d'une fille ! Dos au mur, je ferme les yeux et essaie de penser à des trucs glauques pour faire descendre la pression. Le portrait de ma génitrice s'imprime dans mon esprit et il ne me faut que quelques minutes pour débander directement. Au moins, elle aura le mérite de servir à quelque chose une fois dans sa vie. Mais alors que je m'apprête à ressortir, le goût des lèvres de Charlotte caressant les miennes m'envahit de nouveau. Ses doigts fins qui glissent dans mon dos. Putain... Dorian reprends-toi ! Je ne vais pas y arriver. J'ai presque envie de rire d'un coup. Les paroles de Karim me reviennent en tête : « Tu vas ronger ton frein en permanence ! ». Il ne pouvait pas avoir tort pour une fois, quel con !

Je réimprime dans mon esprit le visage de ma mère, ce qu'elle m'a fait, les paroles qu'elle a pu me balancer et ça me permet de me calmer. Je souffle un bon coup puis je sors des toilettes pour retrouver Charlotte. Elle est assise sur le canapé, avec deux tasses de café posées sur la table basse.

— Je m'excuse Dorian, lâche-t-elle d'une petite voix.

— Je t'ai déjà dit de ne pas t'excuser avec moi, pas pour ce genre de chose, je précise en prenant place à ses côtés.

— Si je dépasse moi-même les limites que j'ai voulu imposer... dit-elle la mine contrite, je comprendrai que tu veuilles mettre un terme à notre petit pacte. Tu en as le droit !

— Ces limites sont pour toi, pas pour moi ! Et tu n'as pas à te préoccuper des conséquences vis-à-vis de moi. Je t'ai proposé ce deal en sachant dans quoi je m'embarquais.

Elle baisse la tête, embarrassée.

— Je ne comprends toujours pas pourquoi tu fais ça !

— Il n'y a peut-être rien à comprendre Cha. Moi aussi je traine mes casseroles ! je souffle en ma laissant tomber contre le dossier du canapé.

— J'ai l'impression que c'est déséquilibré ! Tu fais quelque chose pour moi et moi...

— Ne te méprends pas ! Tu fais bien plus pour moi que tu l'imagines. Le deal est loin d'être à sens unique. Je te l'ai dit, ce n'est pas du sexe que je suis venu chercher.

— Alors qu'est-ce que tu es venu chercher ?

Elle me regarde de ses grands yeux verts, sérieuse et dans l'attente de confidences.

— Je n'aime pas être seul. La plupart du temps, si je termine mes soirées avec des filles que je ne connais pas, ce n'est pas parce que j'ai envie de les sauter, mais juste parce que je ne veux pas être seul ! j'avoue en posant mon bras devant mes yeux quelques secondes.

— Alors pourquoi ne pas tenter de rencontrer une personne avec qui tu pourras construire quelque chose ?

— Parce que je ne peux pas aimer Charlotte ! Je ne sais même pas ce que ce sentiment veut dire ou la sensation que l'on ressent. La seule chose qui me tient à cœur c'est la musique et rien d'autre. Je veux vivre uniquement pour ça. Le reste... n'a pas d'importance.

Kiss me... Good byeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant