Chapitre 18

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Il était plus de trois heures du matin.

Gabriel Agrest était assis sur le carrelage froid du manoir, tenant fermement Nathalie Sancœur dans ses bras, secouée de quintes de toux.

"-Nathalie, respire...

-Je... J'y arrive... P... Pas." Répondait-elle, la voix hachée, sifflante encore secouée par sa toux.

Le blond lui caressa les cheveux.

"-Chuuut... Ne t'épuise pas, s'il te plais."

Les larmes montèrent vite aux yeux des deux personnes assises à même le sol.

C'était les dernières paroles qu'ils avaient tous deux dites à Émilie Agrest avant sa mort tragique.

Nathalie fut secouée d'une énième quinte de toux. Elle toussait du sang.

"-Gabriel... J'ai... J'ai mal... Grimaçait-elle. Une larme roulait sur la joue de la jeune femme, rejoignant celles de Gabriel sur le sol du manoir.

-Je sais... Je sais..." Il était épuisé.

Nathalie s'était réveillée environ une heure après son malaise. Elle avait directement commencée à tousser, enduisant son poing de légères traces de sang mêlées de salive.

Il ne l'avait pas lâchée, cela faisait bientôt deux heures et demi qu'ils étaient assis sur le carrelage peu confortable du vaste manoir.

Les larmes n'avaient arrêtées de couler depuis.

"-Nathalie, il y a une solution, pour te guérir."

La jeune femme se redressait difficilement, aidée de Gabriel, et posa sa tête sur son épaule, fermant les yeux, épuisée. Elle voudrait dormir. Mais elle savait que c'était impossible.

Elle avait ignorée les paroles du styliste. C'était comme si elle n'avait plus rien à perdre. Pour elle, c'était le cas. Elle éprouvait le besoin féroce de se faire du mal, de faire couler son sang, de vider ses veines, de se libérer de cet enfer que l'on appelait "vie". Elle souffrait bien trop pour vouloir être sauvée. Et au point où elle en était, elle n'en avait plus rien à faire.

"-Nathalie, dis quelque chose... Il la redressa, la regardant dans les yeux de ses iris acier.

-Gabriel... Je... Ne te fatigue pas pour moi, s'il te plais... L... Laisse... Laisse moi partir..."

La voix de la brune dérailla, se transformant en sanglot douloureux.

Le styliste écarquilla les yeux, se relevant.
Il avait les yeux embués de larmes.

"-C... Comment est-ce que tu peux dire des choses pareilles... Nathalie, je... Je t'aime, et même toute une vie ne suffirait pas à te le dire. Je t'aime, Nathalie Sancœur. Je t'aime et je ne t'abandonnerai jamais, tu m'entends, jamais. Elle se leva à son tours, les joues rongés par les larmes. Il reprit : Je pourrais faire la liste de tout ce que j'aime chez toi, mais il faudrait des années pour ça. Tu est la femme la plus forte que je n'ai jamais rencontré de toute ma vie, Nathalie, et tu es la personne qui mérite le moins ton nom de famille. Je te l'ai déjà dis. Nathalie, j'ai déjà dû faire face à la mort d'Émilie. Et ça a été les deux pires années de ma vie. S'il te plais, ne me laisse pas face à ton fantôme. Je n'y survivrais pas. Je t'en supplie, laisse moi te sauver. Au moins ça... Ses yeux ruisselaient de larmes douloureuses. Il s'approcha d'elle et lui pris ses mains.

-Gabriel... Jamais je ne t'abandonnerais... Je t'aime, tu ne sais pas à quel point... Mais... Je suis trop cassée. Je suis en mille morceaux... Je suis irréparable... Tu auras beau essayer de recoller les morceaux, il en manquera toujours un. Je suis brisée. Depuis bien longtemps... Et il y a des jours, peut-être même tous, je ne peux pas m'empêcher de me dire que ce serait mieux pour tout le monde si je mourais... Je sais, c'est lâche... Mais je n'en peux plus de vivre dans un monde où la société est aussi stupide... L'humain est la pire espèce qui existe sur terre... Il est cruel, méchant, blessant, meurtrier... Je n'y arrive plus, Gabriel... J'ai... Trop mal... Et... Même... Même si je continuais de vivre... Je ne pourrais pas résister à l'envie de... De... De me faire du... Mal... Laisse moi finir, s'il te plais... Elle ferma les yeux, respirant, essayant de retenir ses larmes. Je... Le jour où Adrien m'a trouvée dans ma chambre, je... J'avais prévue de... De partir... Je ne savais pas qu'ils arriveraient à me sauver... Gabriel, je t'aime... Mais je n' ai pas envie que tu t'encombres d'un poids comme moi."

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