Un Simple Sentiment...

Chapitre 43

Gabriel tenait Nathalie dans ses bras tandis que celle-ci ne pouvait plus retenir le torrent de larmes qui l'avait frappée quelques minutes avant.

"-C... Comment ça ? Après tout ce temps ?

-J... Je... Je comprends plus... Rien... Gabriel, ça fait... Ça fait dix huit ans... Pourquoi... Pourquoi maintenant ? Je... Je peux pas...

-Je suis là, j'irais avec toi, si tu veux.

-Je... Il faut que je la prévienne... C'est la moindre des choses...

-Nathalie, tu n'es obligée à rien, d'accord ?

-C'était son mari... Elle a le droit de savoir.

-Tu n'es pas obligée de faire ça seule, Nath', OK ?"

Elle hocha la tête alors qu'elle l'enfouissait dans le creux du cou de Gabriel, essayant de faire taire ses larmes de détresse.

La dernière fois qu'elle avait eu à voir sa mère, seize ans auparavant, Nathalie en avait gardée de nombreuses cicatrices psychologiques. Et elle redoutait par dessus tout devoir à affronter sa mère une dernière fois, que cela s'agisse du regretté Valerian Sancoeur ou pas.

Gabriel caressait son dos du bout des doigts tandis qu'ils s'étaient relevés.

"-Je... S'il te plais, rentrons...

-Tu peux marcher ?"

Elle hocha la tête, son malaise étant passé.

Dès l'instant où ils eurent franchis la lourde porte d'entrée du manoir Agrest, Nathalie alla s'enfermer dans sa chambre, laissant Gabriel désemparé, tandis qu'il se dirigeait vers le vaste bureau, continuant les différents croquis qu'il avait commencé.

"-Duusu... Pourquoi... Pourquoi maintenant ?

-Dame Nathalie, je suis désolée... Mais je n'ai pas de réponse à vous donner...

-Je... J'ai peur... Duusu, j'ai tellement peur... Je sais que c'est probablement ridicule... Mais je n'ai pas envie de la revoir... Pas après tout ce qu'il s'est passé...

-Vous devez la prévenir pour votre père, dame Nathalie. Ce n'est pas facile, je le sens dans vos émotions, mais c'est une étape à passer. Et vous ne serez pas seule, il y aura Gabriel, et je serai là, moi ! Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer.

-Je n'ai pas envie de le mêler à tout ça... Il... Je ne peux pas le mêler à tout ça, Duusu... Je... Je sais qu'il faut que je le fasse seule, mais...

-Mais vous n'en avez pas le courage... Dame Nathalie, vous êtes la femme la plus courageuse que je n'ai jamais rencontré en plus de mille ans d'existence. Vous pouvez le faire, vous pouvez demander de l'aide, vous savez que Gabriel ne vous laissera pas y aller seule.

-Je sais bien... Merci, Duusu...

-Ce n'est rien, Dame Nathalie."

Elle sourit au kwami qui s'était posée sur son genoux lorsqu'elle s'était assise sur son lit, en tailleur.

Elle laissa sa tête se reposer contre le mur derrière elle, tandis qu'elle fermait les yeux, essayant de chasser les dernières larmes qui coulaient encore de ses yeux.

Elle avait l'impression que les barbelés qui lui serraient la gorge habituellement s'étaient épaissis, laissant à peine la place à quelques phrases. Sa cage thoracique était comme compressée, comme si une enclume l'empêchait de respirer, de vivre sans avoir mal. Le trou béant qu'était son cœur s'était élargit, la replongeant dans la pire période de sa vie, laissant des flash des pires moments se succéder devant ses yeux clos, mettant comme des coups de poignards dans l'estomac de la jeune femme.