Chapitre 1 - Abby

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Je suis en retard, constaté-je après avoir fait 20 minutes de transport. L'insonorisation dans l'hôtel dans lequel je séjourne est si mauvaise que j'entendais tout que ça soit dans l'établissement que son extérieur. Je ne suis pas encore habituée au bruit sonore constant de cette ville que je n'ai réussi à dormir que sur le matin. De ce fait, je ne me suis pas réveillée quand mon réveil à sonné. C'est pourquoi je me dépêche en sortant du métro dans le 10e arrondissement de Paris. Mon téléphone vibre dans ma main, je lève les yeux au ciel, je n'ai réellement pas le temps pour ça. Cependant, je décroche quand même.

— Allo ?

— Abbigaëlle ? questionne une voix féminine que je reconnais comme la journaliste qui doit m'interviewer dans très peu de moments.

— Oui ? Je suis désolée, je suis en chemin. J'arrive tout de suite ! m'excusé-je d'emblée, pensant que c'est pour cette raison qu'elle m'appelle.

En même temps, je suis en train de foutre en l'air tout le programme de leur journée. Je ne suis sans doute pas la seule à être interviewée aujourd'hui. Si j'arrive plus tard, tout le restant se décale. J'ai horreur d'être en retard, c'est un manque de respect selon moi.

— Super, mais on a un contre temps.

Ah.

Décidément, entre les perturbations dans le métro et ça, je me demande si c'était une bonne idée cette interview. Curieuse, je regarde la date sur mon téléphone. Hé merde. C'est le premier jour de la rétrograde de Mercure*. Je comprends maintenant. Sacré concept quand même que ça soit la planète reliée à la communication et tout ce que cette dernière englobe qui ralentie plusieurs fois par an.

— Ah bon ? fais-je ironiquement tout en ralentissant le pas.

Parce que bon, foutu pour foutu, si eux ont un contre temps, je peux bien arriver en retard.

— La nounou de mon fils est malade et je n'ai personne pour la remplacer. Mais ne t'inquiète pas, un de mes collègues prend la relève. Il t'attendra à l'entrée !

Je me retiens de souffler à l'idée que je vais devoir me dépêcher à nouveau. L'angoisse commence à monter. Je devrais y être habituée. Je suis Youtubeuse depuis un an à temps plein, j'ai déjà fait des dizaines d'interviews, mais celle-ci, je ne sais pas. Je ne la sens pas, mais je m'arme d'un grand sourire avant de lui répondre, parce qu'apparemment ça s'entend à travers le combiné.

— Super, j'ai hâte !

Ou pas...

— Il a ton âge en plus, vous devriez vous entendre...

— Maman !! la coupe une voix d'enfant et j'écarquille les yeux en grimaçant.

Très peu pour moi les gosses.

— Je vais devoir y aller, Abbigaëlle. À bientôt !

— À bientôt, ai-je à peine le temps de dire qu'elle raccroche.

Bon, je ne sais pas comment se nomme ce journaliste. J'espère qu'il m'attend réellement à l'entrée et qu'il va me reconnaître, parce que dans le cas contraire, je ne saurais le demander. Tout ce que j'ai pour information, c'est que c'est un homme et qu'on a le même âge. Je ne sais pas si ça fait une grande différence, en fait. Je hausse des épaules puis me remets en route.

Cinq minutes plus tard, je passe les portes du studio en lâchant un long soupir. Sur mon téléphone, je remarque que je n'ai que cinq minutes de retard. Ça va. Je reprends quelques instants mon souffle, la main sur le cœur. Je déteste me dépêcher, je suis une provinciale, moi ! Et pourtant, je vais vivre à Paris à partir de demain. On va dire que c'est mon baptême.

En coloc avec mon EXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant