Chapitre 11 - Gabin

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La soirée se termine et ce n'est pas pour me déplaire. Alors que je discute un peu plus loin de l'entrée avec Sophie près de sa voiture, je jette des coups d'œil à Abby qui converse avec l'influenceuse qui l'a accosté quand on est arrivé. Je tends l'oreille, malgré moi :

— T'es sûre que tu ne veux pas que je te ramène ? lui demande-t-elle et Abby secoue la tête en rigolant un peu trop fort, me faisant comprendre qu'elle n'est pas toute sobre.

— Non, ne t'inquiète pas. Je vais commander un Uber, je dois juste parler de quelque chose avec quelqu'un.

Ce quelqu'un c'est moi. On repart ensemble, mais on attend que tous les influenceurs déguerpissent pour se retrouver.

— Hé ! s'exclame Sophie en claquant des doigts devant mon visage. Arrête de la mater comme ça, la couverture va exploser.

Je lève les yeux au ciel.

— Je ne la mate pas.

— À d'autres. T'es incapable de détacher tes yeux d'elle. Va la rejoindre, c'est bon. Tout le monde est parti. À lundi, beau gosse.

— C'est ça, maugréé-je. À lundi.

Je rejoins Abby qui m'attend appuyée contre le mur. Dès que je suis à sa hauteur, elle s'accroche à mon bras en laissant échapper un soupir de soulagement. Enfin c'est relatif, je la dépasse toujours de je ne sais combien de têtes, même si elle porte des talons.

— J'ai la tête qui tourne et ces talons me font la misère.

Sans que je ne réalise ce qu'elle fait, elle s'accroupit et défait la lanière de ces sandales.

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Même marcher jusqu'à ta voiture sera un enfer. Il faut que je les enlève.

D'une main autour de son biceps fin, je la relève. Elle tangue et se rattrape à mon autre bras.

— Tu ne vas pas marcher pieds nus dans la rue. On est à Paris! Dois-je te rappeler le nombre de gens qui pissent par terre ?

— C'est bon, ce n'est pas comme si ta voiture était dans un autre arrondissement. Elle est à dix mètres. Je ferai attention !

Par pitié, tuez-moi d'avoir été élevé en gentleman. Mais trop tard, je retire déjà mes baskets. Elle écarquille ses yeux en me voyant faire.

— T'es pas sérieux ?

— Au moins, moi j'ai des chaussettes. Allez dépêche toi, on va se faire remarquer sinon.

Pour une fois, elle n'insiste pas et m'écoute. Ce qui m'étonne, elle devrait boire plus souvent, tient.

En fait, peut-être pas, avec l'alcool dans le sang, sa pudeur s'est envolée. Elle oublie qu'elle porte une robe courte et elle se penche comme si elle était en pantalon pour retirer ses chaussures afin d'enfiler les miennes, manquant de montrer son cul à n'importe qui.

— Putain Abby, grondé-je en me plantant derrière elle pour la cacher avec mon corps. Heureusement que nous sommes seuls dans cette rue.

— Quoi ? Pourquoi ? fait-elle innocemment en se relevant maintenant chaussée de mes chaussures et tenant ses sandales à la main.

Elle a retrouvé sa taille initiale et je souris pour moi-même. Y a pas à dire, même si elle minuscule comparée à moi, je la préfère sans talons. Ça me rappelle nos années fac. Jamais je ne l'ai vu porter autre chose que ses Converse. C'est comme ça que j'ai eu le coup de foudre pour elle.

Convaincu que ça sera une bataille pour rien de lui expliquer la situation, j'abandonne en soupirant et saisis son bras pour l'emmener à ma voiture. Elle éclate de rire alors qu'on ne fait même pas deux pas.

En coloc avec mon EXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant