— Non plus sérieusement, je savais que ça n'allait plus jamais être pareil. J'essaye du mieux que je peux de protéger ma vie privée, même si c'est très compliqué.
Si un jour on m'avait dit « tiens Gabin, tu retournes à la fac ? » j'aurais rigolé. Cependant, me voilà assis au fond d'un amphi à observer Abby donner une conférence.
Le naturel revient toujours au galop comme on dit.
Je ne peux m'empêcher de la bouffer du regard. Je l'ai déstabilisée quand je suis entré, mais elle s'est vite reprise. J'adore sa capacité à s'adapter à tout et n'importe quoi, peu importe les circonstances. Elle est forte et elle semble être la seule à ne pas s'en rendre compte. Je suis arrivé à la fin de la conférence, c'était le but. Je ne voulais pas lui voler son moment. Elle termine donc très rapidement. Pendant qu'elle remercie les étudiants, les salue et rejoins sa manager qui se tient sur le côté de l'amphi, je sors discrètement. J'entre dans une salle de classe vide. J'ai bien pris soin en préalable de m'assurer qu'elle restera inoccupée pendant la prochaine heure, en regardant l'emploi du temps qui est accroché juste à côté de la porte. Je ne suis pas là pour rien, j'ai un truc en tête, et ce depuis des années. Je compte bien le réaliser. Je m'assois sur une table près de l'entrée pour attendre sagement, les mains frétillantes en imaginant la suite.
Je ne la vois pas sortir de l'amphi voisin, mais la voix de sa manager se fait clairement entendre. Elle parle fort !
Je me fais toujours tout petit. Tout du moins, du mieux que je peux avec ma taille. Abby m'a raconté les soupçons d'Océane envers moi, mon métier ainsi que notre relation. Je n'ai pas envie qu'elle fasse une syncope en nous voyant tous les deux en public.
— T'es sûre que tu ne veux pas que je te ramène ? questionne justement sa manager.
— Non, ne t'inquiète pas. Ça fait longtemps que je ne me suis pas retrouvée dans une fac, j'ai envie de prendre mon temps.
Prendre son temps avec moi, oui. Je trépigne d'impatience. Elle m'a terriblement manqué ce matin. J'aime aussi entendre le sourire qu'elle doit arborer dans sa voix. Elle est contente que je sois là. Ça me fait me sentir comme un roi qu'elle soit heureuse d'être en ma présence.
— Sérieusement ? s'indigne Océane. T'es bizarre toi, mais d'accord. On se retrouve vendredi à 8h à la gare de Lyon, n'oublie pas !
À la gare ? Pour quoi faire ? Je n'ai pas l'impression qu'Abby m'en a parlé. Bon, je verrai bien plus tard, ce n'est ni l'endroit ni le moment ! Océane passe devant la porte sans me remarquer. J'entends Abby soupirer de soulagement, puis mon téléphone vibrer dans la poche arrière de mon jean.
Ma Abs minimoys : t'es où ?
Elle s'apprête à passer à son tour, mais dès que son bras est à ma portée, je tire dessus l'entraînant dans la salle. Elle pousse un cri avant de me frapper l'épaule.
— Je t'ai déjà dit d'arrêter de me faire peur comme ça !
— Désolé, c'est trop tentant.
Elle observe autour d'elle, puis la table sur laquelle je suis assis avant de replonger ses yeux dans les miens. Dans cette position on fait pratiquement la même taille et elle n'a pas besoin de lever la tête pour me regarder grâce à ses talons si tentateurs.
Quand je les ai vus ce matin, j'ai imaginé tout un tas de scénarios mettant en scène ma Abby, nue, portant seulement ces souliers. Sa tenue complète, n'en parlons même pas. J'ai cru m'évanouir dès que j'ai réalisé qu'elle allait s'exprimer devant une centaine de mecs en rut. J'étais comme eux à l'époque.
— Qu'est-ce que tu fais là ? Et pourquoi tu es dans une salle de TD vide ? On n'a pas le droit d'être ici !
Je souris malicieusement, puis sans lui répondre je me lève pour fermer la porte. Je la rejoins à nouveau, pose mes mains sur ses hanches et la fais reculer jusqu'à ce qu'elle soit acculée contre la table. Elle observe chacun de mes mouvements avec des yeux écarquillés.
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En coloc avec mon EX
RomanceParis n'est-elle pas censée être la capitale de l'amour ? Pourtant, se retrouver en coloc avec son ex, on s'en passerait ! Gabin partage son appartement en plein Paris avec son meilleur ami Quentin, jusqu'au jour où ils ont besoin d'un troisième c...