Quentin me lance un grand sourire de la cuisine quand j'entre dans le salon. Je sais pourquoi, mais sous les ordres d'Abby, je fais semblant de ne pas comprendre.
— Quoi ? questionné-je en le rejoignant afin de me servir enfin mon café.
— Tu vas vraiment faire style de rien ? Tu sais de quoi je parle !
Heureusement que je suis dos à lui. Je suis incapable de me retenir de rire. Je mords mes lèvres puis quand mon café est prêt, je me retourne avec de nouveau un masque sérieux sur le visage. Je fronce même des sourcils, espérant que ça ne paraît pas forcé.
— Bah non, si tu veux bien arrêter de parler par message codé.
Ça me demande tous les efforts du monde pour ne pas exploser de rire devant son visage confus.
— Hier soir ! s'exclame-t-il en soupirant comme si j'étais le plus gros des débiles. Toi et Abby...
— Quoi donc ? fait la concernée en entrant naturellement dans la pièce. Qu'est-ce que j'ai fait ?
Elle est magnifique ! Elle s'est recoiffée, tout comme elle a réajusté sa chemise dans son pantalon. Elle tape la bise à notre coloc et vient même m'en faire une à moi sous le regard perdu de Quentin.
— Bien travaillé, les garçons ?
C'est un enfer de ne pas la toucher quand son corps est trop près du mien. Elle se sert un café à son tour nous ignorant, même moi je commence à me poser des questions.
Je me retiens de rire quand Quentin l'observe comme si une deuxième tête lui avait poussé.
— Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi ! s'exclame-t-il, perdant patience. On vous a entendu cette nuit.
Pendant qu'il continue à fixer Abby, essayant sans doute de lui faire cracher le morceau par télépathie, je regarde Abs pur m'assurer du prochain mouv. Elle l'observe avec un faux air hésitant sur le visage.
Oh putain ! J'ai compris son plan. Elle veut lui faire croire que j'ai baisé avec une autre nana et non pas elle. Oh la vicieuse ! Je ne la connaissais pas comme ça et j'avoue que cette version d'elle me plaît beaucoup.
— Je ne comprends pas, fait-elle innocemment.
Quentin lève les yeux ciel, croise les bras contre son torse et nous fusille du regard.
— Vous vous foutez de moi, c'est ça ?
Abs ferait bonne actrice si elle le voulait, parce qu'elle ne flanche pas et continue à porter ce masque de poker face. Elle va même jusqu'à me scruter en fronçant des sourcils. Notre coloc m'observe à son tour. Comprenant que c'est à moi de jouer, j'entre dans un rôle aussi. Je fais semblant de baisser les yeux sur ma tasse honteusement.
— Oh, merde, s'exclame Quentin et je l'imagine sans mal se passer une main sur le visage.
— Quoi ? le questionne Abby inquiète.
Toujours dans son rôle, elle me fixe et si je ne savais pas qu'elle faisait semblant, je me sentirais mal. En vrai, j'ai envie de m'excuser quand je vois son faux regard attristé. Même quand je sais que c'est pour de faux, je ne supporte pas de la voir triste. J'ai l'impression qu'on m'arrache le cœur à moi aussi.
— Tu as ramené une fille hier soir ? résonne sa voix peinée me faisant sentir coupable alors que je n'ai rien fait !
C'est dingue l'effet qu'elle a sur moi. Quentin me lance un regard désolé derrière elle en passant une main dans ses cheveux, pendant qu'Abby se rapproche de moi pour pointer son doigt dans mon torse, avant de montrer notre ami de ce dernier.
— En plus de lui qui baise comme dans un porno, tu t'es dit que tu allais ramener une fille ici et la baiser sous mon nez ? Après avoir failli me prendre moi contre le frigo quelques heures plus tôt ?
Je remarque sans grand mal les larmes qui s'agglutinent dans ses yeux. Ce ne sont pas des vraies, ce sont des larmes de crocodile, mais elle parvient tout de même à me donner envie de la supplier de me pardonner.
— Abby, tente Quentin d'un ton calme. Je crois qu'il y a un malentendu.
— Non. Allez vous faire foutre tous les deux, claque-t-elle la voix remplie de sanglots.
Elle mime de se retourner pour repartir d'où elle vient, mais je pense qu'on a assez joué vu l'air coupable de Quentin.
Je la retiens de mes doigts autour de son poignet et la ramène contre moi. Je tire un peu trop fort, j'avoue j'ai flippé, elle bute contre mon torse en explosant de rire. Elle essuie ses fausses larmes et je l'aide en replaçant ses cheveux derrière ses oreilles en secouant légèrement la tête.
— T'es une peste, minimoys !
— Que.. Qu'est-ce que ? balbutie Quentin faisant pouffer encore plus Abby.
Je passe un bras autour de son cou. D'une main contre ce dernier, elle se colle contre mon torse tout en lançant un regard désolé à notre coloc.
— C'était une blague, lui avoue-t-elle. Oui, c'était bien nous hier soir. Mais tu n'en sauras rien. Tu ne le mérites pas avec ton coup monté. Lucie m'a tout raconté.
— Vous ? commence notre ami avant de tirer sur ses cheveux en lâchant un long soupir. Putain, mais j'ai flippé ! Et tu disais rien en plus, m'accable-t-il en me lançant un torchon qui traînait sur le plan de travail. Vous êtes des salopards. Vous vous êtes bien trouvé, ça, c'est certain !
Pour être honnête, je m'en veux un peu. Pour ma défense, je ne savais pas ce qu'avait prévu Abby. Mon pote s'enferme dans sa chambre, je le rejoins. Il a fermé la porte à clé, ce con.
— Allez, Quentin, rie j'en toquant contre le bâtant. C'était une petite blague !
— Va retrouver ta sorcière, peste-t-il de l'autre côté.
Bon... il semblerait qu'il l'ait pris plus à cœur que prévu. Mais, je le connais. Dans une heure, il nous aura pardonné.
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En coloc avec mon EX
RomanceParis n'est-elle pas censée être la capitale de l'amour ? Pourtant, se retrouver en coloc avec son ex, on s'en passerait ! Gabin partage son appartement en plein Paris avec son meilleur ami Quentin, jusqu'au jour où ils ont besoin d'un troisième c...