Chapitre 22 - Abby

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Le lendemain matin, la déception m'envahit alors que je n'ai même pas encore ouvert les yeux. Je somnole toujours, pourtant je sais d'ores et déjà que je suis seule dans mon lit. Juste pour m'en assurer, je tâtonne derrière à l'aide de mon pied. Je découvre bel et bien une place vide et fraîche.

Est-ce que j'ai imaginé ce qu'il s'est passé avec Gabin ? Si j'ai réellement rêvé de tout ça, c'était long. Même trop beau pour être vrai. On part plus sur un rêve lucide, là ! Je soupire en frottant mon visage de mes mains, puis je me tourne sur le dos. J'ouvre enfin les yeux, me faisant agresser par le soleil déjà haut dans le ciel. Il est quelle heure, bordel ?

Mes yeux enfin habitués à la lumière, mon cerveau bien réveillé, je constate que je suis nue sous les draps. Cependant, ça ne prouve rien, il m'arrive de me déshabiller moi-même en pleine nuit quand j'ai trop chaud. Si ce n'était vraiment qu'un rêve ? Ça ne m'étonnerait pas que je me sois dénudée. C'était chaud comme rêve !

Les ébats de Quentin et Cynthia m'ont certainement monté à la tête. En même temps, on aurait dit qu'on était sur le tournage d'un porno.

Franchement pas d'humeur à me lever, je regarde autour de moi. Mes draps blancs sont dans un bordel monstre. J'ai dû reproduire les mouvements de mon rêve, ce n'est pas possible autrement. En tournant la tête sur ma gauche, je sursaute presque en découvrant le jeu de société à terre, les cartes éparpillées. Super, je vais devoir tout ranger. Mais attends ! Le jeu de cartes ! Oh, mon Dieu, c'était réel !

Je saisis l'oreiller sur lequel il s'est endormi dans mon rêve, l'apporte à mon visage, son odeur s'enroule comme un étau autour de moi. J'en suis certaine, ce n'était pas un songe. Mais alors, il a fui ? Je me laisse retomber en arrière, l'oreiller sur la figure en lâchant un long gémissement.

— Argh, tu m'énerves Gabin ! hurlé-je dans mon coussin.

Il vient tirer son coup et il se barre !

D'accord, ce n'était pas prévu que ça se termine comme ça, même si ça nous pendait au nez. Cependant, je pensais qu'on avait dépassé ce fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis. J'étais sûre qu'il aurait eu la décence de rester dans mon lit et non pas qu'il s'enfuirait comme un voleur. Qu'est-ce que cela veut dire ? Qu'il regrette ? Que je suis juste assez pour tirer son coup, mais rien de plus ? Que finalement son intérêt pour moi a disparu ? Ou alors, il m'a tout simplement rendu la pareille ! Il s'est enfui comme moi je me suis envolée à l'époque. Je croyais qu'on avait réellement dépassé tout ça. Apparemment, ce n'est pas le cas. La déception m'envahit dans un premier temps, puis c'est la colère qui prend le relais. Comment peut-il me faire ça après tout ce que l'on s'est dit hier soir ? Je ne peux pas y croire ! S'il s'attend à rentrer comme une fleur ce soir, il n'est pas au bout de ses peines. Je ne vais pas le louper.

Avec un goût amer dans la bouche, je me redresse. Je grimace quand je bouge, me rendent compte au combien je sens lui. J'ai l'impression que son odeur est accrochée à mon corps. Comment c'est possible ? Assise au bord du lit, je m'entoure du drap pour aller jusqu'à la salle de bain. Il est bien trop grand pour moi, il traîne donc au sol à chaque pas que je fais. Je m'en fiche, de toute façon, je ferai une machine tout de suite après.

Je sors de la douche encore plus en rogne. Je me suis frottais plus que nécessaire, j'ai utilisé deux fois du savon, je me suis lavé les cheveux tout autant et pourtant j'ai toujours l'impression de sentir son odeur sur moi. Tout comme si je laisse mon imagination divaguer, j'ai à nouveau la sensation de la pression de son corps sur le mien, de ses mains, de ses doigts, de son...

STOP, Abby !

Cet enfoiré a déserté comme un petit voleur, ne pense plus à lui.

Quand je sors de la salle de bain, je vois mon téléphone s'illuminer sur ma table de chevet, je passe au-dessus des cartes en les fusillant du regard. C'est clair que je ne suis pas près de faire la promo de ce jeu sur mes réseaux sociaux, peu importe combien on me paye pour le faire. Qu'il aille en enfer, il est maudit ! Je déverrouille mon téléphone et je suis surprise de découvrir des messages de Gabin, deux plus précisément. Je remonte au premier. Mon corps se détend instantanément, me montrant à quel point j'étais tendue. Je m'assois tellement je suis soulagée. L'adrénaline passée, j'ai l'impression de ne plus tenir sur mes jambes. Quelle idée de se faire des films sans connaître tous les détails, aussi. Un rire hébété m'échappe face à mon comportement et pendant que je me m'admoneste, j'ouvre le message en secouant de la tête :

En coloc avec mon EXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant