25 - Captif

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- Lâche-moi ! - Hurlé-je.

Son regard vide et animal planté dans le mien, il refuse de lâcher le col de mon tee-shirt. Il serre de plus en plus fort. Mes pieds ne touchent plus le sol, l'arrière de mon crâne heurte le mur derrière moi. La douleur est vive, violente. Je sens la paume de sa main contre ma gorge, et ses doigts puissants appuyés contre ma trachée. Mes larmes n'y font rien. Au final, la douleur devient une amie. Elle finit par être moins puissante, on finit presque par l'apprécier. Des points noirs ponctuent ma vision, alors que son visage s'efface peu à peu. Mes poumons ne se gonflent plus. Mes yeux deviennent livides, vitreux. Mes lèvres cessent de s'ouvrir. Mon visage ne grimace plus. Il n'y a que le calme.

J'ouvre rapidement les yeux, secouée par ce qui semble être un cauchemar. Mais ce n'est pas simplement un cauchemar. Je revis inlassablement les moments les plus traumatisants, comme si la cassette tournait en boucle. J'essuie la sueur qui perle sur mon front et regarde autour de moi. Je reconnais rapidement les lieux, mais l'odeur est ce qui me met la puce à l'oreille. La chambre de Nyx. Les nombreuses nuits que j'ai passées à ses côtés ont été les plus reposantes depuis des années, il n'y avait ni cauchemars, ni sueurs, ni tremblements, ni crises. Pourtant, depuis quelques jours, j'erre comme une âme en peine.

Je pose mes doigts sur ma gorge, sentant encore sa main la compresser. Je déglutis difficilement, et attrape mon téléphone. 00h50. Je souffle d'exaspération, et me dirige jusqu'à la salle de bain pour me passer un coup d'eau sur le visage. Alvaro m'a supplié de rester chez lui pour ma protection, mais à l'instant où il a baissé sa garde, je me suis enfuie pour me retrouver ici. S'il s'en rend compte, je vais passer un mauvais quart d'heure. Mais j'ai besoin de me rassurer, j'ai besoin de garder un semblant de contrôle sur ma vie. Être ici me donne l'impression de ne pas être seule, comme si la fumée de sa cigarette chatouillait encore mes narines, comme si ses iris bleu saphir sondaient toujours mon âme.

Mon téléphone vibre et je l'attrape avec une certaine méfiance. Lorsque j'ouvre le message, il n'y a qu'une pièce-jointe reçue d'un numéro inconnu. Après quelques secondes d'hésitation, je l'ouvre. Mon sang se glace, et mes mains sont prises de violents tremblements. J'entends au loin la porte claquée, et des pas se diriger vers moi alors que mes yeux se recouvrent d'un épais nuage. J'étouffe. Littéralement. L'air ne parvient plus à s'infiltrer dans mes poumons, la pièce tourne tout autour de moi. Mes pieds ne semblent plus être vissés au sol, mon cerveau implose. Je m'effondre sur le sol, mais une personne me retient.

- Eh Raph, c'est Lex ça va aller - Murmure-t-il.

Rassurée qu'il ne s'agisse que de lui, je me concentre sur ma respiration chaotique. Il caresse lentement mes cheveux, et je niche mon visage dans son cou. Bien que nous nous connaissions depuis peu, il sait comment gérer mes crises. Il gère tout depuis que Nyx a disparu des radars, et s'occupe de moi comme le ferait un grand frère. Je me sens honteuse, ridicule. Mais lui, il ne m'a jamais jugé. Il m'a rassuré, réconforté, il a attendu patiemment que mes crises passent dans le silence. J'essuie mon nez, à présent un peu plus calme. Il me demande ce qui m'a mise dans cet état, et je lui montre la photo.

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