- Raph, tu veux manger quelque chose ? – Demande Grace, à l'autre bout de la pièce. Et toi Trix ?
Je secoue négativement la tête, alors que Trix accourt vers elle pour l'aider à préparer le repas. J'ai fait rencontrer ces deux-là il y a quelques jours et, depuis, elles sont inséparables. Elles m'ont accompagné durant mes crises, ont pris soin de moi, m'ont aidé à trouver un travail. Mon écart chez Alvaro m'a coûté ma place au sein du cercle, et ainsi le seul revenu que je percevais. Heureusement, Grace connaît un garçon qui travaille dans une boîte de nuit, et de fil en aiguille, elle a réussi à me faire embaucher. J'y vais tous les soirs, que ce soit pour des soirées privées ou pour des soirées ouvertes. J'avale discrètement un anxiolytique, et me dirige vers la salle de bain pour me préparer.
Je détache mes cheveux, et remarque qu'ils sont terriblement ternes et secs. Mon visage est creusé, mes cernes marqués. Je les brosse et applique de l'anti cerne sous mes yeux vides. J'applique une touche de mascara et colore mes lèvres en violet. J'enfile une robe, une paire de basket et me dirige vers ma chambre qui donne sur un petit balcon. Après avoir glissé une cigarette entre mes lèvres, je fume tout en observant les étoiles. Nyx... Mes mots ont dépassé mes pensées, et je le regrette. Je ne suis pas méchante, ni rancunière. Pourtant, je ressens tellement de haine qu'elle en vient à me consumer. Je ne sais plus qui je suis, ni qui j'ai envie de devenir. Plus rien n'est clair. La seule chose qui est sûre, c'est que je ne reverrais jamais Jane, ni mes soi-disant parents. Je n'aurais certainement pas mon année, mes notes sont bien trop catastrophiques pour cela. Malgré tout, je vois les hommes d'Alvaro un peu partout. Ils sont devant chez Grace, à mon travail, partout.
Malgré leurs discrétions, je sais qu'ils épient le moindre de mes faits et gestes. Je ne sais pas si je me sens en sécurité, ou si je me sens encore plus en danger. Pourtant, le père de Nyx ne donne plus aucun signe de vie. Je repense soudainement à Nyx qui m'avoue avoir tué un de ses hommes de sang-froid, et mon ventre se tord. J'ai envie de vomir. Qu'est-ce qui a bien pu se passer pour que j'en arrive là...
- Raph, tu vas être en retard ! – S'écrie Trix.
Je reviens doucement à moi, et écrase ma cigarette. En me rendant dans la cuisine, je remarque qu'elles ont déjà terminé.
- Vous avez eu le temps de manger ? – Demandé-je, étonnée.
- Raphou, ça fait plus d'une heure que tu es sur le balcon – Réponds Trix, en faisant une grimace.
Les yeux écarquillés, je regarde l'heure sur mon téléphone. 21h30. Il ne manquait plus que ça, je perds la notion du temps. J'enfile un manteau, et descends, accompagnés de mes deux amies.
**
- Raph, trois vodkas pour la table de jeunes là-bas – S'exclame mon collègue, en me tendant le plateau.
Je hoche la tête et l'attrape, en prenant soin de ne rien échapper. Malgré tout, les comprimés commencent à faire effet et je me sens vaseuse. Mes jambes et mes pieds me font un mal de chien, des cloques commencent à se former sur mes talons à cause des chaussures hautes qu'ils nous obligent à porter. Cette technique de torture devrait être abolie. Essoufflée, j'arrive devant la table et dépose le plateau en feintant un demi-sourire. La boîte dispose de trois étages, le premier est pour les gens lambda. Plus l'étage est haut, plus ceux qui le fréquente sont importants. Je repars en direction du bar, et attrape un verre d'eau pour m'hydrater avant de tomber dans les pommes. Mon collègue me tend un nouveau plateau, et m'indique qu'il faut le monter au troisième. Il m'indique de sourire et de me cambrer pour avoir un pourboire et comme réponse, je lui tends mon majeur. Je n'ai pas l'intention de jouer de mes charmes ni de mon corps pour obtenir ne serait-ce qu'un euro. Arrivée au bout des escaliers, je manque de lâcher mon plateau. Ce regard, je le reconnaîtrai parmi des milliers. Nyx. Il est attablé avec des hommes dont je ne reconnais pas le visage. Une femme s'approche d'eux, et s'installe sur ses genoux. Il passe les bras autour d'elle, en déposant un baiser sur ses lèvres.
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THE PRETTY LIES
Teen FictionDepuis cette nuit-là, les cauchemars rythment ma vie. Ils me ramènent à la disparition de Jane, ma grande sœur. Lorsque je l'ai suivi ce soir-là, je ne m'attendais pas à ce qu'il allait se produire. C'était une soirée banale, avec des gens qui sembl...